Ca tient pas à grand chose, la vie.
Un souffle. Un battement de coeur.
Un souvenir, une odeur, un baiser.
Un ptit quelquechose auquel se raccrocher.
Un grand bonheur, quelques rires, une bonne bière ?
Des semaines que j'avais embarqué ce sur maudit rafiot : j'avais signé un contrat, les gobelins aiment bien ça. Ils les rangent précautioneusement dans leur chemise, afiichant un air satisfait et suffisant.
J'aurais du me mefier du sourire de celui là.
J'aurais du prendre le temps de lire ce contrat. J'aurais mis de longue minutes a lire trois mots, j'aurais pensé qu'il avait été dommage de manquer trop l'ecole du village du Westfall où je suis née.
J'aurais du me mefier...
Mais voila, j'avais toujours rêver d'embarquer à bord d'un de ces trois mats que je voyais partir et arriver sans cesse de BootyBay.
C'était un boulot en or : escorter de la marchandise jusque l'autre continent. Facile ! On passerait plus de temps en mer que dans les Barrens, une aubaine...
J'aurais du me mefier...
J'aurais lu toutes les marchandises.
Et cet aller retour s'etait transformé en tour du monde.
Pas que ça me gêne.
Le boulot etait tout aussi facile.
Mais Mahel me manquait.
Mes trois mots sur les lettres étaient bien insuffisants pour decrire ce que je ressentais vraiment... Mais au moins là encore, il avait de mes nouvelles...
Et puis il a fallu que ça arrive.
Les pirates ne remontaient pas au nord.
Mais on était pas resté au nord, et dans les belles eaux claires du sud, nous nous sommes fait aborder.
Ce boulot n'était plus si facile...
De toutes façons la bataille fut rapide et par un heureux hasard, je me retrouvais dans les dernieres survivants.
Le capitaine pirate n'était pas cruel, il nous laissa le choix de sauter ou de rester sur sa galère.
Bah, j'aimais bien nager mais meme un banc et une grosse rame me semblait préférable.
J'ai regretté ce choix quelques fois, quand j'etais si fatiguée que je revais que je revais que je ramais, a moins que je n'ai toujours été eveillée ?
Il y eut bien quelques bagarres, mais nous etions bien traités et puis c'etait trop bete de mourrir comme ça, pour rien, loin de tous.
Alors j'attendais. Il y allait avoir un moment, quelquechose, n'importe quoi, mais je n'allais pas rester assise sur ce banc de galère. Non pas que je meritais mieux... J'avais d'autres projets et puis toujours me hantait ce manque. Ses yeux verts et ses sourires aimants...
Mon voisin de rame me regardait bizarement quand je souriais comme ça...
J'en etais presque rendue a prier cette Lumiere quand ce fut autre chose qui repondit à mes attentes...
La tempête était terrible : je songeais à Zach qui aurait vomit ses tripes et gueulé apres tous les dieux...
C'etait folie, mais j'esperais... On entendait les matelots craindre les cotes saillantes, et peu m'importait de savoir lesquelles.
Et le crac dans la coque fut comme une delivrance.
Mon voisin, accroché a la rame, me regarda une derniere fois sourire.
Il y eut l'eau et le sel, les roulements de tonerre et mes bras cherchant frénétiquement de quoi me raccrocher.
Survivre...
Le bois sous mes doigts etait détrempé mais je m'y accrochais de tout ce qui me restait de force.
J'ai eu un peu envie de pleurer je crois et je n'étais meme pas sauvée...
Bien arrimée à mon "canot" de sauvetage, j'ai du finir par m'endormir car c'est du sable dans la bouche et du soleil dans les yeux que je me reveillais bien plus tard...