Une double vengeance

Voren se releva péniblement. Le sang affluant dans sa bouche et la chaleur poussiéreuse du cratère de Kazzak troublaient ses sens.

Six fois le commandant de la garde funeste l'avait terrassé et laissé son corps sans vie. Six fois sa pierre d'âme l'avait sauvé, pour aussitôt le rendre à sa détresse.

Les images et les souvenirs se bousculaient dans son esprit encore meurtri. Un combat interminable contre une armée de démons dans la prison d'Immol'Thar. L'invocation du destrier de l'effroi de Xoroth, qu'il n'était parvenu à dompter qu'au prix de la mort de ses compagnons d'aventure. La victoire sur le seigneur Garr dans l'enfer du Cœur du Magma. L'enseignement de Maître Morzul Doombringer et la découverte du laboratoire secret de Ras à Scholomance. Les mystères de Silithus et les neiges de Winterspring. La forteresse de Feathermoon et la plaine de Desolace. Les chimères de Stonetalon et les vallons d'Ashenvale.

Ashenvale... Une onde de choc secoua Voren à cette seule pensée. Il revit les siens massacrés par la fureur aveugle et incompréhensible des Furbolgs. Son corps d'enfant, emporté inerte au sanctuaire de Scarfeu par les sbires du sinistre Ilkud Magthrull. La mort horrible qui lui semblait promise au terme d'un quelconque rituel démoniaque. Son salut, dû à la découverte fortuite de ses dispositions pour l'art magique de son ravisseur. Puis son adolescence en esclavage. Les brimades et la faim. L'apprentissage de la patience et de la ruse. Sa fuite en pleine nuit, avec pour seul trésor l'orbe maléfique dérobé à Ilkud. Sa condamnation à mort par les serviteurs de la Légion ardente. Les tentatives d'assassinat répétées auxquelles il lui fallut échapper. Sa haine froide et raisonnée envers les fanatiques de tous bords qui minent Azeroth...

Voren balaya la poussière de sa robe et se dirigea lentement vers le pic qui surplombait la vallée. Le vent suffoquant qui fouettait le sommet acheva de lui rendre sa lucidité.

Son existence avait été une lutte sans merci. Le pouvoir et la connaissance ses seuls alliés. L'échec une chose impensable. Il se devait d'asservir le terrifiant démon. Et pour cela, il lui fallait trouver le moyen de canaliser son sortilège avant de finir broyé sous ses coups.

Pour la septième fois, Voren contempla le Garde funeste qui arpentait le terrain en contrebas. Même dans le lointain, le démon irradiait de puissance. Il était superbe et terrifiant à la fois.

Voren prit une profonde inspiration et se jura une nouvelle fois de faire du monstre l'instrument de ses desseins. Ensuite il retournerait en Ashenvale. Il irait régler des comptes restés bien trop longtemps en suspens avec Ilkud et les serviteurs de la Légion ardente.

Un sourire fendit brièvement le visage de Voren. Bientôt, il tiendrait sa revanche.

Et celle-ci accomplie, il pourrait enfin s'occuper des Furbolgs...

Je me présente a toi Voren , je suis Arbor Druide de L'Ombre , je suis un serviteur de la Nature et je viens moi même d'etre Adopté par un ancien esprit, mais je ne comprend pas pourquoi tu veux tuer les Furbolgs et de cette facon les anciens esprits.

Certes , les furbolgs ont tués les tiens , mais ce n'était pas de leur plein gré , ils ont été corrompus , peut être par la légion ardente , et si tel est le cas , tu ne peux point les tués car tu tuerais des être de la Nature innocents, mes amis et moi même faisons le maximum pour rendre leur liberté aux furbolgs , ou bien les empecher de nuire.....


C'est pour cela que j'aimerais que tu ne fasses rien du moment que l'on a pas tout essayé , certes ta famille est morte , mais il en est de même pour la mienne , malgré qu'elle n'a pas été tuée par le même mal , je te comprend et demande , soit de nous aider a rendre liberté aux furbolgs , soit de ne pas te meler de cette affaire et de nous laisser nous en occuper.

Et sache que si jamais tu fais une chose contre l'un des anciens esprits , il faudras en répondre face a moi et donc a la Nature.

J'espère avoir été assez clair....

Il fit un geste en direction du jeune druide, comme pour essayer de le calmer

Puisse la Nature l'éclairer sur ses véritables intentions ...
... et qu'Elle lui rappelle ce qu'Elle a enfanté en son coeur.

Un profond sentiment de soulagement envahit Voren au moment même où le cristal de canalisation toucha le sol. Le commandant de la garde funeste s'était évaporé, son essence de vie emprisonnée à l'intérieur de l'artefact.

Voren sourit intérieurement. C'était tout simple, pour peu toutefois qu'on eût pris la peine d'y réfléchir à tête reposée. La seule façon de maintenir un tel monstre immobile suffisamment longtemps était de recourir au piège de givre que les chasseurs utilisent pour dompter leurs familiers.

Pourquoi n'y avait-il pas pensé plus tôt ? Sans doute parce qu'en son for intérieur, Voren n'avait pu se résoudre à l'idée que le fier officier de la Légion ardente puisse se faire piéger par un gadget destiné à attraper de vulgaires ours et autres gorilles abrutis. Grandeur, décadence et ironie des choses...

Voren eut une pensée vaguement émue pour son compagnon d'aventure malencontreusement décédé au terme de l'opération. Accroc mineur à un plan par ailleurs magistralement conçu, le démon s'était libéré du piège de glace un court instant avant la fin de la canalisation. Juste à temps pour asséner deux coups meurtriers au chasseur, dont le cadavre baignait maintenant dans une mare de sang.

"Tu as admirablement assumé ton rôle, mon cher ami. N'aie aucun regret. En m'aidant à asservir ce démon, tu as atteint ton zénith. Succomber ici t'aura permis d'échapper au déclin qui, dès cet instant, t'était irrévocablement promis..."

Voren ramassa le cristal et descendit le pic d'un pas léger. Il se retourna pour jeter un dernier regard sur la scène. Le sang du chasseur séchait déjà sous le vent brûlant, donnant en cette fin de journée un reflet étrange au versant de la falaise où le drame venait de se dénouer.

Le vieux démoniste marqua un temps d'arrêt et secoua la tête, comme pour se raviser. "Réflexion faite, c'est toi, chasseur, qui devrais me remercier. Toi qui as consacré la majeure partie de ta triste existence à feindre la mort en te vautrant dans la boue et la poussière... En t'associant à cette expédition, je t'ai permis de porter ton art pathétique à un sommet inégalé. Je te tire mon chapeau, c'était... criant de vérité !"

Voren souffla quelques mots en démoniaque. Le destrier de l'effroi de Xoroth apparut aussitôt. Un coup sec sur le flanc de la sinistre créature lança celle-ci au grand galop en direction de Menethil.

Le rire strident de Voren résonna un long moment encore dans la vallée stérile. L'heure des retrouvailles avec Ilkud et les Furbolgs approchait...