Journal de kalaween

résumé des zépisodes précédents: Yirmia et Kalaween sont deux jeunes elfes élevés par Arkheïm le Sage, un druide tauren, à la foire de sombrelune. Celui-ci leur enseigne le druidisme ce pour quoi il est tué par une guilde secrète de réprouvés.



Journal de Kalaween

Je m'éveillai, comme d'un cauchemar, au fond d'une grotte malodorante. Le sol était jonché de quelques ossements de petits animaux. Tandis que je me redressais péniblement, la mémoire revint en moi comme un diable jaillissant d'une boîte. La fuite, les mort-vivants, le combat... Et puis le meurtre, Maître Arkheïm titubant quelques longues secondes avant de tomber, à nouveau la fuite... Tout devenait flou à partie du moment où je m'étais eloignée de la grotte enfermant mon frère et devant laquelle le corps d'Arkheïm gisait sans vie. Mon souvenir le plus ancien était sans doute la soif me tenaillant et le goût infâme de l'eau verdâtre de Gangrebois. A juger de mon état et de l'endroit ou je me trouvais, cela remontait à plusieurs semaines... Voire même davantage, si c'était bien moi qui était à l'origine des restes éparpillés sur le sol. Je m'étais visiblement nourrie de petits animaux que j'avais chassés dans la forêt et mangés crus... cette pensée me fit frissoner, et, prise de nausée, je me dirigeai vers l'entrée de la grotte. répugnant à me transformer à nouveau, je dus ramper pour en sortir. La lumière du dehors m'éblouit, malgré le feuillage protecteur des arbres et les lourds nuages gris sous le ciel. Je reconnus aussitôt le bois de sombrivage dans lequel nous étions passés avec la foire avant de rejoindre ashenvale.
Je marchai d'un pas titubant vers un arbre séculaire, et m'assis douloureusement en y appuyant mon dos. Puis, pour la première fois depuis le drame, je me mis à pleurer.

Puis, séchant mes larmes, je me mis à marcher d'un pas maladroit dans la forêt, espérant trouver une route ou un village. Mais, alors que je me réhabituais à ma forme humanoïde, une sensations étrange m'envahit, comme si je n'avais jamais eu cette forme exacte. Je m'efforçais d'ignorer ce sentiment, de ne penser à rien. Je ne tardai pas à trouver une route, que je suivis jusqu'à entendre le léger brouhaha qui règne dans les villages.

En arrivant à Auberdine, je sentis le regard des gens peser sur moi. Certains (le plus souvent les elfes) me regardaient dicrètement du coin de l'oeil, d'autres me dévisageaient presque ostensiblement. Tous chuchotaient sur mon passage. J'avais une certaine difficulté à faire semblant de rien, mais je marchai les yeux baissés jusqu'au pont qui enjambait la rivière, pour regarder mon reflet dans l'eau.

Les cheveux en broussaille, leur couleur bleu ciel dissimulée par la crasse, les vêtements sales et déchirés, j'étais méconnaissable. Mon regard n'était aucunement le même que celui de la petite fille qui accueillait les visiteurs de la foire et leur proposait ses petits lapins blancs. J'y vis ce mélange de tristesse et de méfiance que j'avais autrefois remarqué chez certains adultes en me demandant ce qu'ils avaient bien pu vivre auparavant. Mais rien de tout cela ne me frappa.
Ce qui me frappa, c'était ce que je m'étais efforcée d'ignorer en marchant dans la forêt un peu plus tôt: j'étais presque adulte.

Combien de temps avais-je bien pu passer dans la forêt?