Nature Rédemptrice
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Nature Rédemptrice

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 Journal de Grif

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Grif
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MessageSujet: Re: Journal de Grif   Journal de Grif - Page 2 Icon_minitimeDim 20 Nov - 19:48

Jour 25


Pas de repos cette nuit. Fermer les yeux c’est ne pas voir sa machine s’écraser.
On a volé toute la nuit. Le paysage défilait à grande vitesse en-dessous de nous, cependant nous étions trop haut pour distinguer autre chose que la géographie du terrain.
Il faisait un froid glacial. Plus on gagne en altitude, plus il fait froid. C’est assez paradoxal quand on sait que l’air chaud monte ! On reste cependant à une altitude fixe. Si on monte plus haut, le kérosène risque de geler dans le réservoir. Et là…

Il n’y a eu aucun incident pendant une bonne partie du trajet.
A un moment, alors que j’étais perdu dans mes pensées, j’entendis un vrombissement faible. Intrigué, je vérifiai mes instruments mais tout semblait ok. Puis le bourdonnement s’amplifia. Je contactai alors inquiet mes compagnons afin de savoir s’ils entendaient quelque chose ou s’ils savaient ce que c’était. Je n’aurai pas aimé que ma machine me lâche à cette hauteur !
Soudain je vis quelque chose me dépasser à toute vitesse. Une créature noire dotée d’ailes battant rapidement, d’un corps maigre et grossier, et d’une tête de chauve-souris aux yeux rouges lumineux. Une gargouille ! J’ignorais que ces choses pouvaient monter si haut !
Et il n’y en avait pas qu’une, elles étaient au moins une dizaine à nous poursuivre.

Sans se poser de question, Meverak et Goozie prirent position. Ils nous ordonnèrent de continuer pendant qu’ils se chargeaient d’elles. Nous ne nous fîmes pas prier.
Cependant, les gargouilles, même si elles avaient à faire avec les deux pilotes, semblaient intéressées par Landburg et moi. Ce qui fait que nous avons pu assister à toute la bataille.

Pour commencer, les pilotes décrochèrent afin de passer derrière les gargouilles. Une fois en position, ils ouvrirent le feu et leurs mitrailleuses crachèrent une pluie de balles sur les démons volants. Deux furent fauchés. On les vit tomber en tournoyant comme des feuilles mortes.
Alertées, les autres gargouilles se retournèrent et foncèrent sur les machines volantes.
Goozie partit en piqué tandis que Meverak slalomait entre elles. Goozie fut poursuivi par deux créatures.
Meverak effectua un looping et vint se positionner derrière ses poursuivantes. Il en abattit une puis dù partir en tonneau afin d’éviter les deux autres qui tentaient de s’accrocher à lui.
Goozie remontait à grande vitesse, distançant peu à peu les gargouilles à ses trousses.
Les deux pilotes se croisèrent à tout vitesse, chacun canardant les gargouilles de l’autre. Deux de moins.
Enervées, les gargouilles changèrent de stratégie. Elles se scindèrent en deux groupes. L’un se mit en tête d’harceler Meverak tandis que l’autre faisait tout pour empêcher Goozie d’aider son coéquipier.
Meverak se retrouva ainsi avec trois gargouilles au derrière tandis que Goozie enchaînait acrobatie sur acrobatie afin d’éviter ses deux ennemis.
Grâce à nos bigobox intégrées, je pouvais les entendre communiquer entre eux. On aurait dit qu’ils s’amusaient, deux vrais gosses.
A un moment, Meverak était talonné de très près par une gargouille. La sale bête tentait d’attrapper ses évacuateurs de potentiel avec son long bras effilé. Meverak lui joua alors un bon tour : il actionna ses aéro-freins et fut déporté en hauteur. La gargouille le dépassa et se retrouva devant lui sans s’en rendre compte. Meverak redescendit et aligna la gargouille. Un « Woohoo ! » retentit dans mon casque.
« Bien joué ! » lui répondit Goozie.
Ce dernier semblait en difficulté. Les gargouilles semblaient le forcer à effectuer des manœuvres dangereuses dans l’espoir qu’il se plante. Mais le brave pilote tenait bon.
Meverak était poursuivi par deux ennemis et faisait tout pour inverser la situation. Tonneaux, piqués, vrilles… Il parvint difficilement à blesser l’une des gargouilles, qui s’éloigna du champ de bataille.
Il n’en restait plus que 3. Largement de quoi faire pour deux pilotes vétérans comme eux.
Mais après une double-vrille, les moteurs de Goozie se coupèrent. Sa machine volante partit dans tous les sens, c’était le décrochage.
« Redresse Goozie ! Bon sang redresse ! » Meverak était paniqué. On entendait hurler Goozie dans le bigobox tendit que sa machine tournoyait dans tous les sens en se dirigeant vers le sol. Elle finit par s’écraser en mer. Meverak poussa un hurlement douloureux.
« Saloperies ! Vous allez le payer !! »
Il se mit en vrille et effectua un virage à 180° très serré. Les gargouilles ne parvinrent pas à suivre le mouvement mais la troisième, celle qui poursuivait Goozie, parvint à se placer dans la trajectoire de l’appareil.
La collision résulta en une explosion assourdissante. La gargouille s’était sacrifiée pour tuer notre dernier pilote… Quelle merde !
Et voilà que les deux dernières gargouilles se mettaient à notre poursuite !
Chacune collait l’un de nous. Landburg et moi ne sommes pas des as du pilotage, à part foncer et faire quelques manœuvres basiques nous ne pouvions pas faire autre chose pour les éviter.
Nous poussâmes les gaz à fond, au risque de casser le moteur. Le départageur de potentiel tremblait dangereusement, la carlingue semblait prête à se rompre, l’air froid faisait apparaître des cristaux de glace sur mes moustaches. Mais les saletés ne perdaient pas de terrain. Pire même, elles se rapprochaient !
« Grif ! Il faut se séparer ! Fonce vers Valgarde, je les occupe ! »
« C’est hors de question ! Je ne vais pas te laisser mourir ! »
« Il faut absolument que nous trouvions des renforts pour l’expédition ! Fonce ! »
« Non ! On va foncer dans des directions opposées. Advienne ensuite que pourra ! »
« Très bien ! Je vais tenter de m’éloigner de Northrend. Si j’arrive à atteindre Lordaeron je pourrais trouver de l’aide au pic Aerie ! »
« D’accord, je mets le cap sur Valgarde. »
Ce fut notre dernière discussion. Landburg se déporta sur le côté et prit la direction de l’océan. Ses réserves (comme les miennes) étaient suffisantes pour effectuer un tel voyage, mais il lui faudrait ménager sa machine pour cela. N’empêche, s’il y parvenait, Landburg deviendrait le premier nain à effectuer la traversée de l’océan en avion !
Bonne chance Landburg.

Pour ma part, je maintins le cap. Les deux gargouilles s’étaient séparées. L’une d’elles me poursuivait. Après de longues minutes de vol, j’étais toujours pourchassé, alors je perdis de l’altitude. J’espèrais ainsi avoir la bête à l’usure. Mais elle semblait infatiguable. Je me souvins alors que les gargouilles étaient non pas des démons mais des morts-vivants. Ce qui veut dire que jamais elle ne serait fatiguée…
Une vague de désespoir m’envahi. J’étais moi-même fatigué et je me sentais oppressé. Que faire quand vous avez la mort aux trousses ?
En tâtonnant sous mon siège à la recherche de quoi que ce soit qui puisse m’être utile, je mis la main sur une petite boîte grise. En l’ouvrant je vis à l’intérieur trois petites fusées rouges comme celles qu’on lance lors des fêtes.
Un plan se dessina dans ma tête.

Ralentissant mon allure, je fis en sorte que la gargouille arrive à ma portée. La sale bête ne se fit pas prier et commença à agripper mon aile gauche. Ses griffes crochues lacéraient la toile des ailes et bloquait la palette directionnelle, ce qui me fit dangereusement pencher sur le côté tout en continuant de perdre de l’altitude.
La gargouille s’accrochait, mais elle avançait vers moi.
« Viens ! » lui hurlais-je. « Viens ! Approche ! »
Je pointai le lance-fusée sur elle, mais ça ne l’intimidait pas. Alors qu’elle se trouvait à un mètre de moi, elle hurla. Par réflexe je tira ma fusée qui vint se planter profondèment dans la gorge de la créature. Elle me regarda avec des yeux interrogateurs puis sa tête explosa. Je fus aspergé de sang, j’en avais partout dans le cockpit et sur moi, dans ma barbe, sur mes lunettes et mon nez.
Complètement dégouté, je m’essuyai à toute vitesse. Mais j’avais oublié que mon avion était toujours en descente.
Je vis avec horreur le sol se rapprocher à très grande vitesse. Je pouvais voir les immenses étendues de neige en dessous de moi, parsemées ça et là de quelques bouquets d’arbres chétifs.
Je tirai de toutes mes forces sur le levier de direction, afin de redresser. Mais c’était dur, j’avais énormèment de mal. La machine continuait à tomber sans redresser, en poussant un son aigu digne d’une banshee.
Lorsque je compris que le crash était inévitable, j’actionna la commande d’éjection. Je fus projeté en l’air, manquant d’être assomé par la vitesse, tandis que la machine continuait sa descente sans moi.
Il me fallut quelques secondes pour remettre de l’ordre dans mes pensées et actionner mon parachute. Je n’étais pas très haut ce qui fait que je pus parfaitement entendre l’explosion de ma machine s’écrasant contre des rochers plus bas. Je touchai le sol quelques minutes après.

Une fois à terre, je me débarassa de mon parachute et tenta de me repérer. J’ignorais totalement où je me trouvais. Je ne savais pas non plus dans quelle direction aller. Me fiant au soleil, je commençai à marcher vers l’ouest.
J’ai marché pendant des heures comme ça. Puis le blizzard s’est levé.

Au moment où je vous écris, la neige me recouvre presque entièrement. Mes doigts sont engourdis et je ne sens plus mes pieds. J’ai un mal fou à tenir ma plume. Je ne sais même pas si je vais parvenir à envoyer la lettre…

J’ai bien peur qu’il s’agisse de la dernière lettre… Lutter contre toutes les forces maléfiques du monde et finir par succomber d’hypothermie… Je ne veux pas mourir comme ça !

(L’écriture devient très difficilement lisible à partir d’ici. En plus le papier est trempé.)

Voilà que j’ai des visions… Je vois une lueur bleue devant moi. C’est Mornaglar. Il est habillé avec une veste marron qui le recouvre entièrement... Il m’appelle…
« Grif… Grif… »
« Morn ?…» je murmure, complètement faible.
« Tu dois te rendre dans l’ancienne cité de Takh’oba. »
« Morn ! Moooorn !! »
Il a disparu... C’est l’hallucination la plus étrange que j’ai eu de toute ma vie…

Mes dernières forces me quittent… Je (Le texte est illisible.)
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MessageSujet: Re: Journal de Grif   Journal de Grif - Page 2 Icon_minitimeLun 21 Nov - 21:02

Jour 26


En ouvrant les yeux ce matin, je crus que j’étais tombé dans le mauvais paradis. Les dieux étaient grands, très poilus, avaient des petits yeux noirs, des moustaches fines et d’immenses crocs orientés vers le bas. Ils sentaient le poisson et parlaient bizarrement.
Lorsque je me levai sur mon séant, je vis que ce n’étaient pas des dieux mais des indigènes de Northrend. On aurait dit des morses humanoidess.
On a souvent vu des espèces animales gagner la bipédie et une forme d’intelligence très évoluée (grâce au Mana ?). Les sangliers (Razormanes), les loups (Gnolls), les rats (Kobolds), les taureaux (Taurens), les oiseaux (Harpies), les poissons (Murlocs)… Mais c’est la première fois que je voyais ces créatures.
Je connais les morses d’après des gravures effectuées par les explorateurs à Northrend, bien bien avant que le Fléau ne s’y installe (bien avant même que la Horde débarque, pour tout dire). Il s’agit de créature très grosses, dépourvues de pattes mais de nageoires (une pour chaque bras et une en guise de jambes), stockant énormèment de graisse et possèdant des défenses impressionnantes, recourbées vers le bas et servant pour les joutes amoureuses (les femelles en ont de toutes petites en comparaison aux mâles). Ce sont des animaux qui vivent sur terre comme dans l’eau (ils y sont plus à l’aise que sur terre, où la reptation est obligatoire).
Bref, il faut donc imaginer ces animaux avec des bras, des mains, des jambes et des pieds, ainsi que d’épais manteaux de fourrure.
Mais loin d’être des animaux, ce sont des êtres doux et pacifiques, très ingénieux et possèdant tous les atouts pour survivre dans le froid perpétuel de Northrend.
Je reviens à mon récit.

Je me suis donc levé, étonné d’être toujours vivant. Mes mains et mes pieds souffraient de gelures mais j’ai remarqué que quelqu’un les avaient enduits de graisse mélangée à quelque chose que je n’ai pas pu identifier. En tout cas, ce baume m’avait permis de conserver mes membres. J’étais dans une hutte spacieuse, faite avec des murs en bois et en peaux. Un petit feu brûlait au centre, d’où il émanait une agréable chaleur. Probablement un habitat nomade.
Les Tuskarrs (c’est leur nom) m’observaient avec intérêt. Je leur lança un « merci », mais ils ne semblèrent pas comprendre.
L’un d’eux, un Tuskarr à la fourrure grise et aux défenses richement sculptées (je vous ai joins un petit croquis que j’ai pris de lui), s’avança vers moi. Il me désigna de sa grosse patte velue et prononça des mots que je ne compris pas.
Lorsqu’il vit que je ne comprenais pas, il me parla à nouveau avec un autre axiome. Et là je saisis des mots ! Le vieux Tuskarr parlait un Titan ancien très approximatif.
Fouillant dans ma mémoire à la recherche de souvenirs sur cette langue, je parvins à établir un début de dialogue avec lui.
Il me fit comprendre qu’ils m’avaient trouvé inanimé dans la neige, alors qu’ils étaient en train de migrer. De ce que j’ai compris, ils ont été chassés de leurs terres par d’horribles monstres se repaissant de sang. Peut-être le Fléau.
Ils m’ont alors trouvé, ramassé et soigné.
Le vieux Tuskarr, qui répondait au nom de Yaktuk, parla ensuite à une femme et elle m’apporta à manger. Ce n’étais pas mauvais, mais ne pas savoir ce que c’était m’inquiéta un peu. Lorsque le vieux chef le vit, il rigola (c’est très surprenant quand on ne s’y attend pas, j’ai cru qu’un char à vapeur venait d’exploser l’un de ses évacuateurs de potentiel) et me fit signe de le suivre dehors.
J’enfilais mes vêtements (qui étaient secs, merci au Tuskarr qui s’en était occupé) et sorti.
Le temps était frais mais pas glacial comme d’habitude. Les nuages parsemaient agréablement un ciel bleu légèrement rosé par le soleil.
J’eu alors ma première vision du campement Tuskarr. Il s’agissait bel et bien d’un camp nomade de très grande taille, le cuir et le bois étaient les ressources de construction principales. Un feu brûlait à l’intérieur de chaque tente, qui possèdait une ouverture conique en son sommet pour laisser passer la fumée. Je vis également d’étranges construction en neige. Ce sont des dômes construit avec des blocs de glace. On y accède par un tunnel qui passe par en-dessous. A l’intérieur, il y a une température agréable et je pense que la disposition du bâtiment permet à ce que sa dynamique thermique soit telle qu’on puisse y faire un feu sans que la neige fonde. Vraiment très astucieux !
Je suivis le chef à travers le campement. Les Tuskarrs étaient nombreux, probablement 250 ou 300. Je vous laisse donc imaginer la taille du campement.
On arriva devant un coral abritant d’étranges oiseaux. Ils étaients noirs sur le dos et blancs sur le ventre. Leur tête possèdait un long bec noir cerné de rouge, et derrière chaque œil se trouvait une crête latérale de plumes jaunes. Les animaux faisaient un bruit très étrange, comme une vieille roue métallique qui glisse sur un rail lustré.
Le plus étonnant était leurs ailes. Elles étaient minuscules ! De tous petits bras qui ne devaient certainement pas leur servir pour voler. Les oiseaux se tenaient debout, ce qui me permettait d’admirer leur plumage très épais (comme une fourrure). A mon avis, ce sont des oiseaux qui comme les morses sont plus à l’aise dans l’eau que sur terre.
En tout cas, Yaktuk me fit comprendre que de ces animaux, qu’ils appellent « pingouins », ils tirent viande, œufs, lait et cuir. Avec leurs os ils fabriquent également des colifichets qu’ils suspendent à l’entrée des tentes, afin de reconnaître leur propriétaire (chaque Tuskarr a son propre symbole d’os apparemment).
Les Tuskarrs me regardaient avec insistance, et bientôt nous fûmes suivis par une centaine d’entre eux. Certains approchaient leurs mains de moi pour me toucher. De toute évidence ils voyaient un Nain pour la première fois.

Le fait que je sache parler le Titan étonnait Yaktuk. Il pensait que son peuple était le seul à avoir gardé le souvenir de leurs créateurs.
Je parvins à lui expliquer, non sans mal, que ma race aussi était une création des Titans, ce qui expliquait notre langue commune. Cette découverte excita les Tuskarrs, qui me considérèrent alors comme un invité de marque.

Le reste de la journée passa à apprendre un peu mieux leur langue qui en fait dérive pas mal du Titan quand on y regarde bien. Etant donné que le Nain découle lui-aussi du Titan, c’est très intéressant de voir comment une même langue (le Titan donc) a pu donner naissance à deux dialectes très différents. Je suis sûr que nos linguistes vont se régaler lorsque je leur parlerai de tout ça à mon retour.
J’appris également leurs techniques de pêche et de chasse. Par exemple, ils sondent la glace avec une sorte de harpon et à l’endroit où elle est la couche de glace est la plus mince ils découpent un trou. Ensuite ils plongent leurs lignes et attrappent le poisson qui vit sous la glace.
Je découvris également que les Tuskarrs avaient une affinité avec les ours polaires. Certains leur servent de monture, d’autres de mules. J’ai vu aussi des Tuskarrs qui patrouillaient avec des ours polaires. Très certainement des bestiaires comme moi. Et enfin, les oursons ont l’air d’être des animaux de compagnie très appréciés, surtout par les jeunes Tuskarrs.

A ma demande, Yaktuk et un groupe de ses meilleurs guerriers m’accompagna à l’épave de ma machine volante. J’espérais trouver la bigobox et avertir quelqu’un de ma position. Mais hélas, la machine volante avait explosé au sol, il ne restait plus rien. Les Tuskarrs récupérèrent la ferraille pour leurs armes et nous partîmes.
J’étais dépité. Je me trouvais quelque part au milieu de Northrend sans aucun moyen d’avertir l’expédition ou de trouver des renforts. Pourvu que Landburg s’en soit sorti…

A la nuit tombée (et elle tombe vite et tôt ici), le chef Yaktuk m’invita dans sa tente pour partager son repas. Nous avons plus discuté que mangé. Je lui appris sommairement l’histoire de ma race et ce que nous étions venus faire ici. Je tentai également de lui expliquer ce qu’étaient le Fléau, les Nérubiens, l’Alliance et la Horde.
Yaktuk m’apprit que son peuple avait beaucoup souffert du Fléau. Il représentait une source de viande très prisée par les goules. Apparemment, le Fléau n’avait pas réussi à créer des morts-vivants à partir des corps des Tuskarrs, alors ils ont décidé de les éliminer lorsque l’occasion se présentait.
Afin d’assurer la survie des siens, Yaktuk avait conduit son peuple sur de longues distances afin d’échapper à la Mort. Ils étaient tombés sur les Nérubiens, qu’ils pensaient alors n’être qu’une histoire à faire peur aux enfants. De ce que j’ai compris, il y eut plusieurs combats violents mais à chaque fois les Tuskarrs s’en étaient sortis sans trop de pertes. Ces gars-là sont plus coriaces qu’ils en ont l’air ! Il faudra que je pense demain à leur demander leurs stratégies contre les Nérubiens, ça pourrait servir.

Yaktuk m’expliqua que pour être intégré au clan, je devrais passer une initiation le lendemain. Cette nouvelle me dérangea, je ne voulais pas perdre trop de temps ici. Si ça se trouve il est déjà trop tard et tous mes camarades sont morts.
Je fis part des mes inquiétudes au chef. Il me promit que si je réussissais l’initiation, il conduirait tout son peuple vers mon expédition afin de nous aider à vaincre les Nérubiens.
Quelle grande nouvelle ! On dirait que j’ai fini par trouver des renforts. J’espère juste que les Tuskarrs sont aussi bons combattants qu’ils le prétendent. Les gens ont trop souvent tendance à minimiser leurs échecs et à grossir leurs exploits lorsqu’ils racontent leurs aventures.

Demain des épreuves m’attendent. Je ne sais absolument pas ce que je vais devoir faire. J’espère que je réussirais. Je ne tiens pas à ce que mes amis meurent parce que j’ai été incapable de manger du poisson cru ou je ne sais quoi !

On verra…



Yaktuk.
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MessageSujet: Re: Journal de Grif   Journal de Grif - Page 2 Icon_minitimeVen 25 Nov - 18:22

Jour 27


Le réveil fut un peu brutal. Yaktuk m’arracha de mon lit alors que le soleil ne s’était pas encore montré. Il me fit sortir de la hutte et m’amena en dehors du camp, avec trois de ses hommes. D’après ce qu’il me dit, je devais accomplir la première épreuve avant le lever du soleil. Ce qui me laissait une heure toute au plus.
« Quelle est-elle ? »
« Une course. »
On atteignit un défilé très étroit entièrement plongé dans le noir de la nuit. Il était très difficile de dicerner quoi que ce soit. Les lunes étaient cachées par les hautes falaises bordant le précipice. Au loin, à l’autre bout du défilé, je pouvais néanmoins apercevoir une lueur.
« Tu dois atteindre cette balise avant que les premiers rayons du soleil n’éclaire le défilé du Jugement. »
« Pourquoi un tel nom ? »
« Parce qu’il jugera si tu es capable de faire la suite. »
Hum. Je ne perdis pas de temps et me lançai immédiatement dans le défilé. Je ne voyais absolument rien, j’avais peur de buter sur un rocher ou de me prendre un arbre dans la figure à tout moment. Le sol était lisse mais possèdait pas mal de petites aspérités granuleuses qui m’écorchaient les pieds.
Soudain je sentis un choc à la hauteur de mon genou droit et je m’étalai de tout mon long en avant. La douleur était effroyable, je crus un instant que je venais de me casser la jambe.
En me relevant péniblement, je tâtonnai afin de trouver l’obstacle. Du bout des doigts je devinai qu’il s’agissait d’un squelette de très grande taille. Un dragon ? Pas impossible.
Je me remis péniblement à courir.
Pendant que je poursuivais ma course à l’aveuglette je pris conscience du lieu où je me trouvais. Il devait s’agir du défilé où Aegwynn la Gardienne avait triomphé de Sargeras et de son armée démoniaque venue chasser le Dragon il y a plus de 800 ans. Une autre collision avec un squelette me conforta dans cette idée. A moins qu’il ne s’agisse d’un cimetière de dragons. Ou bien des restes du repas d’une créature beaucoup plus grande…
Allons, les Tuskarrs n’étaient pas du genre à envoyer les leurs à la mort. Surtout pour une première épreuve !
Je me dis alors que la seule difficulté était de ne pas s’assomer afin de sortir du défilé avant le lever du jour. Tu parles d’une épreuve à la noix !
La troisième chute fut la goutte qui fit déborder le vase. J’en avais marre ! Comment suis-je censé courir dans le noir complet en évitant des obstacles invisibles ?!
Je fus à deux doigts de continuer le chemin à pied, en tâtonnant, et d’oublier cette histoire de lever de soleil.
Mais je ne suis pas du genre à renoncer facilement.
Je fis halte et me concentra. Lorsque la vue est inutilisable, que reste-t’il ? L’ouie, l’odorat, le toucher, le gout.
Le gout ne m’était d’aucune utilité ici. A moins de vouloir connaître le goût du sol à chaque fois que j’avais l’occasion de l’embrasser en chutant.
L’odorat ne m’aida pas. Tout au plus je pouvais sentir des odeurs de métal, comme celles dans les mines en pleine activité.
L’ouie… Je tentai de faire le vide dans ma tête. Mes oreilles s’ouvrirent toutes grandes. J’essayais de trouver un son et de m’y fixer, mais les battements de mon cœur assourdissaient tout. Le sifflement du vent me permettait juste de savoir que j’allais dans la bonne direction, chose que je savais déjà grâce au feu qui brûlait à la sortie du défilé. La flamme ne semblait pas rétrécir d’ailleurs.
Je soupirai. Je ne parvenais même pas à voir les étoiles au-dessus de moi. Un tel endroit n’est pas pour ceux qui ont peur des ténèbres.
Je me mis à marcher, en essayant de trouver un moyen de m’orienter facilement. Je pouvais trouver un bout de bois ou d’os et le tenir devant moi pour prévenir les obstacles. Mais hélas cette méthode ne me protégeait pas des petites saillies rocheuses dévoreuses de genoux et des arches cogneuses de têtes.
Alors que je faisais le vide total dans mes pensées afin de permettre à mon cerveau de se concentrer sur sa tâche, je crus voir un mouvement.
Inquiet, je regardai autour de moi. Je ne voyais rien d’autre que le noir, même mes mains étaient invisibles. J’avais du halluciner.
Je fermai à nouveau les yeux et me concentrai.
Un nouveau mouvement ! Et le pire, c’est qu’il s’était produit alors que j’avais les yeux fermés…
Je fermai vite les yeux à nouveau et me concentrai sur le mouvement. Je vis alors plusieurs choses. Des formes floues, des lignes mouvantes, des angles mobiles… Je mis plusieurs minutes à décoder ce que je voyais. C’était le défilé !
J’ouvris les yeux et tout s’estompa. Je les fermai, me concentrai et tout revenait.
Prudemment, j’avancai alors vers l’arbre (ou ce que je pensais être un arbre) les mains en avant. Lorsque la forme emplit mon champ de vision, je parvins à toucher l’objet. Je poussai un cri de surprise. Incroyable !
Tentant le tout pour le tout, je me mis à courir, zigzagant entre les obstacles.
Au bout de 20 minutes j’étais sorti du défilé sans m’être blessé à nouveau.

Yaktuk m’attendait souriant devant le feu. Chez lui le sourire se manifeste par un fort plissement des yeux et le rabattage en arrière de ses fines moustaches.
« Bien joué petit être. » me dit-il. « Je vois que tu as su t’ouvrir à la vision intérieure. C’est un grand pas en avant que tu viens de faire. Tu es prêt pour la suite. »
Une Tuskarr passa un beaume sur mes blessures et je me sentis revigoré.
Le vieux chef m’amena devant une caverne de taille moyenne, dissimulée par des arbres chétifs et rabougris. Le soleil était maintenant haut dans le ciel.
« Entre ici. Et observe. »
J’entrai alors dans la caverne. Il y faisait bon, ce qui est paradoxal vu le froid extérieur. Des champignons phosphorescents éclairaient faiblement les parois. Le tunnel s’enfonçait en ligne droite, légèrement en pente.
Arrivé au fond, je me trouvais dans une salle un peu plus grande que le tunnel, avec de l’eau en son centre. Je regardai autour de moi mais il n’y avait rien. Qu’étais-je censé observer ?
Au bout d’un moment, je décidai de faire demi-tour. C’est à ce moment que l’eau frémit. Je m’approchai avec prudence et je la vis bouillir. Une gerbe d’eau surgit soudain du centre de la flaque (qui doit être plus profonde que je ne le pense). Elle prit la forme d’un humanoide sans traits, telle une silhouette éthérée. Son long bras bleuté désigna une alcôve (qui n’était pas là auparavant, j’en suis sûr et certain). A l’intérieur se trouvait un Tuskarr. Il était à terre et il semblait souffrir.
Une voix, celle de la créature d’eau, emplit la caverne.
« Ce mortel est mourant. Il existe un remède à son mal. Cependant il doit être appliqué dans les bonnes proportions. 4 doses suffiront. Plus ou moins et il mourra. »
La créature s’évanouit. Je me dirigeai alors vers le Tuskarr. Il semblait vraiment mal en point. Je lui parla dans sa langue mais il ne répondit pas.
Il y avait deux jarres étaient de taille différente à côté de lui. L’une pouvait contenir 3 doses et l’autre 5 doses, si j’en croyais les inscriptions dessus. Une petite casacade mauve coulait depuis le sommet de l’alcôve et disparaissait par un trou plus bas.
Allons bon, 4 doses ? Et comment je fais avec ces jarres ? C’est malin tiens !
Et ce pauvre Tuskarr qui se mettait à gémir atrocement. Etait-il vraiment malade ? Yaktuk avait-il empoisonné l’un des siens pour me mettre à l’épreuve ? C’est insensé.
Bon bon, réfléchissons… Je remplis la jarre de 5 doses. Puis je transvasai son contenu vers la jarre de 3 doses. Il m’en restait donc 2 dans la jarre de 5… Je vidai la jarre de 3 et recommença. Voilà, 2 doses dans la jare de 3 et aucune dans la 5.
Et maintenant ? Je lui donne deux fois deux doses ? Non, la créature a dit qu’il fallait que le compte soit bon.
Je cherchai des yeux un autre récipient où transvaser mes 2 doses. Mais il n’y avait absolument rien qui puisse m’aider.
Réfléchis Grif, refléchis…
J’ai deux doses… Je peux en avoir cinq…Je remplis la jarre de 5. Ensuite… Je remplis la jarre de 3 à ras bord. Bon ça me fait 3 doses dans la jarre de 3. Et dans la jarre de 5 j’ai… 5 doses moins celle que je venais de transvaser… ça fait 4 doses !!
Poussant un cri de joie je portai la jarre de 5 aux lèvres du Tuskarr et lui fit boire le beuvrage guérisseur. Une fois le liquide ingéré, il me sourit et se volatilisa.
Une illusion. Je savais que Yaktuk n’était pas ce genre de chef ! Ouf.
L’eau frémit à nouveau et la créature d’eau réapparut.
« Les choses ne sont pas ce qu’elles semblent être. Lorsque tout semble chaotique, il faut savoir qu’un ordre se cache derrière et que de l’impossible peut surgir la solution. »
Ouais ouais, je note…
La créature disparut. J’attendis un moment, mais comme rien ne venait je sortis de la caverne.
Yaktuk me demanda comment ça s’était passé. Comme preuve de mon succès, je lui ressorti la phrase de la créature. Il sourit à nouveau.
« La dernière épreuve t’attend. »

On m’offra à manger et je ne refusai pas. Puis j’eu droit à deux heures de repos.
Après quoi on me conduisit à une sorte d’enclave creusée dans la neige. Des gradins sommaires en neige ceinturaient le tout. Une arène. Vu sa taille et son apparence, elle avait du être construite le matin même.
Yaktuk me fit signe de descendre, ce que je fis. Une fois à l’intérieur, j’étais entouré de murs de neige. Il avait assez de place pour qu’un char à vapeur puisse manœuvrer librement, mais j’avais l’impression d’être dans une fosse mortuaire qui allait se refermer sur moi d’un moment à l’autre.
« Grif ! Tu as réussi l’épreuve de Vision et l’épreuve de Lucidité. Il te reste désormais l’épreuve de Force ! Triomphe et tu seras un Initié respecté par tout le peuple Tuskarr ! »
« Je ferais de mon mieux noble chef. » dis-je en m’inclinant.
Une lourde épée en métal tomba à mes pieds. En la saisissant je pus constater que le métal ayant servi à la forger provenait de l’épave de ma machine volante. Comme je le savais ? Tout simplement parce que l’acier utilisé pour nos machines fait l’objet d’un traitement anti-corrosion, anti-rouille et anti-givre qui lui donne une apparence de métal galvanisé (sans en être). Et lorsqu’on rajoute du charbon à ce métal, en le faisant chauffer, il devient noir comme le jais.
J’avais donc une immense épée noire en ma possession. Nul doute qu’elle ait été fabriquée pour servir à un Tuskarr. Elle était plus grande que moi et il me fallait la tenir à deux mains. La soulever n’étais pas non plus une partie de plaisir !
Alors que je la soupesais afin de déterminer son poids, je vis un mur de neige s’effondrer devant moi. Je me mis en garde et observai le trou nouvellement créé.
Apparemment il s’agissait d’une cage qui avait été enfouie ici en attente d’être ouverte. La créature qu’elle contenait déboula dans l’arène en poussant un hurlement tonitruant.
Je n’avais jamais vu une telle créature. Elle avait 4 pattes, 2 bras, une fourrure épaisse, d’immenses défenses pointées en avant, et un visage simiesque. Son regard rougeoyant laissait clairement transparaître sa furie. On aurait dit une espèce de centaure, mais croisé avec autre chose que le cheval. Ses sabots martelaient le sol, signe de colère évident.
Puis sans prévenir elle chargea. Je parvins de justesse à esquiver la charge, en m’envoyant rouler sur le côté. Le monstre planta ses crocs dans le mur derrière moi et les retira sans souffrir. Il se tourna vers moi et chargea à nouveau. Je roulais à nouveau sur le côté mais cette fois la créature avait prévu le coup et avait fait demi-tour aussitôt après être passée à ma hauteur.
Je la vis foncer vers moi, ses quatre sabots soulevant des torrents de neige dans leur course effrénée pour me tuer. Par réflexe je soulevai mon épée et la portai à l’encontre du monstre. Il l’esquiva mais trop tard, très certainement surpris par mon geste. Je parvins à lui briser un croc et lui entailler tout le flanc. Le sang coulait abondamment, la bête était folle furieuse de douleur et de haine. Malgré sa blessure elle chargea à nouveau. Mais cette fois j’étais préparé. Alors qu’elle venait à ma rencontre, je sautai et abattis ma lame sur son crâne. J’atterris sur son dos et rebondit dans la neige, l’épée toujours fichée dans son crâne.
Lorsque je me relevai, je vis que la créature était morte. L’arène était rouge de sang et la neige commençait à devenir boueuse.
Yaktuk se mit à siffler et ainsi firent les dizaines d’autres Tuskarrs qui avaient assisté au combat. C’est leur façon d’applaudir, mais je dois avouer que leur sifflement est très désagréable à entendre, c’est un son perçant qui vrille le tympan.
« Félicitations ! Tu es venu à bout de ton ennemi avec fougue et talent. Tu es un guerrier digne des Tuskarrs ! »
Yaktuk désigna le monstre mort.
« Ce Magnataur n’était qu’un jeune. Les adultes sont plus dangereux. En ces contrées sauvages, tu seras amené à défendre les tiens contre des menaces encore plus redoutables. Pour cela, tu auras besoin de courage. Mange le cœur de ton ennemi ! »
« Hein ?! »
Yaktuk avait l’air sérieux. Les Tuskarrs m’observaient attentivement, attendant que j’arrache le cœur de la créature.
Je jetai un œil sur le Magnataur. J’ignorais où était le cœur. Prenant mon courage à deux mains, j’arrachai l’épée du crâne et l’enfonçai dans ce qui me semblait être la cage thoracique. Je parvins à ouvrir le torse du monstre et je trouvai le cœur. Il palpitait toujours !
« Ne t’en fais pas, Initié Grif, il est bien mort. Mais le cœur d’un Magnataur bat pour l’éternité. C’est cette force que tu dois faire tienne. »
Rempli de dégoût, retenant une nausée, j’arrachai le cœur à deux mains et le portai vivement à ma bouche. La première bouchée fit éclater les valves du cœur, ce qui me couvrit de sang des pieds à la tête. La deuxième bouchée fit s’éteindre le cœur. La troisième bouchée fit disparaître le cœur dans mon ventre (qui fit tout pour le recracher).
Ce truc a un goût vraiment déplaisant. Vous avez déjà senti les entrailles d’un animal mort ? Et bien c’est pire.

On me fit ensuite remonter et des Tuskarrs s’occupèrent de ma toilette et des soins.
Puis Yaktuk vint me féliciter à nouveau. Il me donna un bracelet en os.
« Ceci permettra à tous les Tuskarrs de toutes les tribus de voir que tu es un des nôtres. Où que tu ailles en ces terres enneigées, tu seras chez toi. »
Je m’inclinai profondèment.

Je sens que je vais pas tarder à m’effondrer sur ma couche. Bonne nuit.
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MessageSujet: Re: Journal de Grif   Journal de Grif - Page 2 Icon_minitimeVen 25 Nov - 19:06

Jour 28


Je me suis réveillé frais et dispo. En fait, je crois que je n’ai jamais été aussi bien. C’est comme si les épreuves de la veille avaient libéré quelque chose en moi.
Je me suis levé et restauré, puis je suis allé voir Yaktuk dans sa hutte. Il était en grande conversation avec d’autres Tuskarrs. Lorsqu’il me vit, il s’interrompit et me fit signe de venir.
« Entre cher Grif. Nous étions justement en train de parler de toi. »
Les autres Tuskarrs me saluèrent et je m’avançai.
« Comme promis, nous allons t’aider à libérer ton peuple. Voici mes champions, ils dirigeront tous les Tuskarrs que nous pourrons rassembler. »
« Je vous remercie infiniment. Le temps nous est compté, il s’est déjà écoulé trois jours depuis que j’ai quitté les miens. Je redoute le pire. »
Yaktuk hocha la tête.
« Je comprends ton angoisse. Mais n’aie crainte, si tout ton peuple est comme toi alors nous n’arriverons pas trop tard. »
Il parla ensuite très vite à ses champions. Ils saluèrent et sortirent. Je n’avais pas tout saisi mais il me semblait que Yaktuk leur avait ordonné de se préparer pour le combat.
« Nous nous mettrons en route dès que le soleil sera à son zénith. Tout d’abord nous irons dans les villages voisins afin de grossir nos rangs. Puis lorsque nous serons suffisamment nombreux nous marcherons sur ton campement. »
« Ta tribu n’est pas assez nombreuse ? »
« Tu les as vu. Il y a pour moitié des enfants et des vieillards. Non pas qu’ils ne savent pas se battre ou qu’ils en aient peur, mais tu comprendras que pour la lutte que tu désires mener il nous faut des Tuskarrs fort et alertes. »
« En effet. Je te remercie encore une fois pour ton aide précieuse, chef Yaktuk. »
« Tu me remercieras lorsque la bataille sera finie. Rien n’est gagné encore. »

Comme prévu, nous partîmes au zénith. Nous étions 50, Yaktuk ayant laissé la moitié de ses hommes à son camp afin de protéger la bonne centaine non-combattants. Ce qui est déjà peu de défenses pour une telle population. J’espère que les Tuskarrs ne subiront pas d’attaques durant notre absence.
Nous avons marché à travers les plaines glacées situées à l’est du camp. Le voyage dura deux heures au terme desquelles nous rencontrâmes une tribu Tuskarr. Ils étaient en tout point semblables à ceux qui m’avaient recueillis, si ce n’est les motifs qu’ils arboraient sur leurs épais manteaux de fourrure.
Le chef ne fut pas difficile à convaincre. Yaktuk possède un pouvoir de persuasion très grand. Et il a l’air d’être considéré par les autres tribus comme un grand sage.
50 Tuskarrs supplémentaires s’ajoutèrent à notre groupe.
Notre périple nous conduisit ensuite dans un cirque montagneux où avaient trouvé refuge une petite tribu Tuskarr.
Yaktuk ne parvint pas à les convaincre cette fois. Les Tuskarrs étaient affaiblis et trop peu nombeux pour nous prêter main forte. Yaktuk leur donna une partie de nos provisions et nous partâmes.

Nous arrivâmes dans une forêt malingre. Il y avait de la fumée qui sortait du couvert des arbres. Yaktuk nous fit presser le pas, craignant que la tribu qui se trouvait là n’ait des soucis.
Lorsque nous arrivâmes, nous vîmes des dizaines de Tuskarrs se battre contre des scorpions blancs, que Yaktuk me désigna comme étant des Arachnathides, une sous-espèce des Silithides.
Sans hésiter, nous nous lançâmes dans la bataille. Les Arachnathides n’étaient pas de redoutables ennemis mais leur grand nombre était leur point fort.
Comme nous venions de la direction opposée à celle des autres Tuskarrs, les Arachnathides étaient pris entre deux feux. Ne sachant plus à leur tour où donner de la tête, ils paniquèrent et furent massacrés très facilement. Un combat rondement mené comme je les aime !
Le chef de la tribu remercia Yaktuk. Lorsqu’il nous demanda la raison de notre présence, nous lui expliquâmes la situation. Le chef réfléchit un instant et opina de la tête.
« Je pense qu’il faut en effet mettre un terme définitif à cette menace. Les Arachnathides que vous nous avez aidé à battre étaient les derniers du coin. Mais ils possèdent des nids partout. Aucune tribu ne sera tranquille tant qu’ils continueront à se développer sous nos pieds. Mes Tuskarrs sont les vôtres, Yaktuk. »
Nos rangs grossirent encore.

Le reste de la journée passa à voyager et rallier des tribus à notre cause. A ma cause.
C’est au final une armé de 650 Tuskarrs qui avait été levée grâce à Yaktuk.
Toutes les tribus n’avaient pas voulu se joindre à nous, pour une raison ou une autre. Mais les Tuskarrs qui constituaient notre armée étaient déterminés et prêt à se battre jusqu’au bout pour éliminer les Nérubiens. Beaucoup d’entre eux avaient souffert des Magnataures, du Fléau ou des Nérubiens, et aucun d’eux ne voulait que leurs souffrances soient prolongées.
Frapper un grand coup était la meilleure façon de se faire respecter.
Les Tuskarrs eurent d’ailleurs à maintes reprises l’occasion de montrer qui est le chef durant notre voyage. Nous sommes tombés à plusieurs reprises sur des camps Magnataurs. Tous ont été rasés. Aucune perte chez nous, aucun survivant chez eux. Les Tuskarrs sont bel et bien des combattants redoutables. La dernière fois que j’avais vu tant de hardeur et de bravoure au combat, c’était lors de la bataille du mont Hyjal. Les Orcs, lorsque leur base fut prise d’assaut par Archimonde, s’étaient battus vaillamment, donnant tout ce qu’ils avaient. Je me souviens encore de cet Orc qui continuait à fracasser des crânes alors que ses intestins pendaient derrière lui. Si le Fléau a vaincu la base Orc ce jour là c’est uniquement parce que les Orcs s’étaient battus à 1 contre 10. Avant de céder, ils avaient néamoins fait gagner suffisamment de temps pour que Malfurion ait le temps de finir ses préparatifs.
Quel dommage que l’Alliance et la Horde se tournent à nouveau le dos ! Nous aurions fait une alliance imbattable. Mais tant que les Humains continueront à se regarder le nombril, nous n’arriverons jamais à quelque chose de tel.
Mais je disgresse.

Aujourd’hui nous avons du éliminer trois fois notre nombre en Magnataur. Yaktuk est content, ainsi affaiblis les Magnataurs ne devraient plus poser de problèmes avant quelques générations.
Nous sommes également tombés sur quelques poches du Fléau. Le combat fut âpre et nous perdîmes quelques Tuskarrs. Mais une fois de plus nous étions victorieux.
Je jubilais intérieurement. Avec une telle force de frappe, les Nérubiens qui assiègeaient notre camp de base ne feraient pas long feu ! Et peut-être même que nous pourrions étendre notre contre-attaque à leurs autres nids… Mais nous n’en sommes pas encore là.

Nous avons fait halte pour la nuit. D’après Yaktuk et si mes indications sont bonnes, nous ne devrions plus être qu’à une dizaine de kilomètres du camp de l’expédition. Nous allons passer la nuit à l’abri des rochers et demain nous irons régler leur compte aux envahisseurs.

Priez pour nous !
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MessageSujet: Re: Journal de Grif   Journal de Grif - Page 2 Icon_minitimeVen 25 Nov - 22:27

Jour 29


Nous nous sommes remis en route aux premières aurores. Imaginez 650 Tuskarrs marchant à travers bois. Ca fait un sacré boucan ! Mais nous n’avons pas attiré l’attention des ennemis vers lesquels nous marchions.
Plus nous nous approchions, plus l’air s’alourdissait. Il y avait une épaisse fumée noire (qui avait l’air récente car elle commençait à remonter), une lourde odeur de brûlé (du genre gros incendie) et de mort. Les Tuskarrs ne montraient aucun signe d’inquiétude. J’irais même jusqu’à dire que sentir la bataille approcher les rendait plus confiants et plus déterminés.
Moi j’étais mort d’inquiétude. Tout ça n’augurait vraiment rien de bon. Je craignais à tout moment de déboucher de la forêt et de ne voir plus qu’un tas de décombres en lieu et place du campement de l’expédition.

Yaktuk nous fit signe de stopper et l’armée s’arrêta sur place. Je m’approchai de lui et regardai dans sa direction. De là où nous étions, un peu en hauteur, nous avions une bonne vue sur le camp de l’expédition. Il était envahi de Nérubiens. Il y en avait partout, des milliers, ils ne bougeaient pas mais étaient vivants. Les murailles n’existaient plus et je n’arrivais pas à trouver les bâtiments. Mes pires craintes s’étaient réalisées ! Tout le monde était mort, j’avais trop tardé. Je me laissai choir à genoux et sanglotai. Yaktuk posa une main réconfortante sur mon épaule.
L’un des Tuskarrs me demanda ce que c’était au loin. Je me relevai lentement et regarda dans sa direction. Un coup de manche sur mes yeux m’aida à avoir la vue plus claire.
C’était un char à vapeur. On le voyait très mal d’ici mais j’étais sûr de ce que je voyais. Il avait l’air en très mauvais état, de la fumée verte s’échappait de ses conduits, ce qui signifiait qu’il était inutilisable. En me concentrant plus attentivement, j’en vis un deuxième juste à côté. Ils étaient si proches qu’ils semblaient constituer une barrière. J’ouvris des yeux grands comme des assiettes.
« Il y a des survivants ! Ils se sont isolés en mettant les chars en cercle !! Nous devons y aller ! »
Yaktuk hocha la tête et lança un cri de ralliement.
Ce furent alors 649 Tuskarrs et 1 Nain qui dévalèrent en hurlant la pente menant.
Les Nérubiens nous entendirent et se mirent à courir dans notre direction à leur tour.

Le choc fut violent. Nous nous rentrâmes dans le lard à pleine vitesse avec une violence inouïe. Les Tuskarrs possèdaient une allonge supèrieure à celle des Nérubiens ce qui fit que la première ligne se retrouva empalée sur nos piques. Le reste fut une immense mêlée.
Je n’avais pas de fusil avec moi, ni mes haches perdues durant mon crash, mais j’avais toujours mon immense épée noire. Je la maniai très facilement, touchant des ennemis à droite et à gauche avec mes moulinets, frappant aussi bien avec le tranchant qu’avec l’estoc. Je fendais des carapaces et des pattes sans discontinuer. Les Tuskarrs faisaient de même.
Comme nous avions l’avantage de la surprise, les premières minutes étaient à notre avantage.
Mais lorsque les Nérubiens se réorganisèrent, leur nombre plus important nous donna du mal.
Autour de moi ce n’étaient qu’hurlements et fracas. Des Tuskarrs empalaient des Nérubiens, des Nérubiens découpaient des Tuskarrs… Cette dernière tendance commençait à se généraliser. Plus je regardais autour de moi, plus je voyais des Tuskarrs mourir. Le sang se répandait sur le sol comme la marée qui monte. Comme si ce n’était pas assez, les Nérubiens semblaient s’intéresser tout à coup au barrage de chars à vapeur. D’ici peu nous serions tous morts.

Non ! Ca ne pouvait pas finir ainsi ! Il y avait encore des Nains survivants coincés ! Et les Tuskarrs, ils donnaient leur vie pour des étrangers ! Nous ne pouvons pas perdre !
Je reçu un coup à l’épaule qui me projeta loin en arrière. C’en était trop ! Je me relevai.
Non ! NOOOAAAAAAAAAAAAAAAAGH !! Je poussais un hurlement comme jamais je n’en avais poussé. Bondissant sur mes pieds, je fonçai dans le tas, déchiquetant des carapaces, coupant des abdomens, le tout en hurlant comme un dément, mon épée s’agitant en tout sens autour de moi, telle une aura tranchante.
Tout me semblait différent. Je voyais les choses de façon très nette, comme si toute ma vie un filtre avait été placé devant mes yeux. D’ailleurs, je dus enlever mon cache-œil car il empêchait mon œil invalide de voir… Je percevais chaque mouvement, chaque situation, je pouvais anticiper tous les déplacements, les Nérubiens semblaient se mouvoir au ralenti.
Chaque coup que je portais, chaque coup que je recevais me rendait encore plus furieux. Je ne sentais même plus la douleur. Une intense chaleur m’irradiait, c’est comme si toutes les cellules de mon corps explosaient. Je fauchais les Nérubiens comme on moissonne du blé. Mon épée tournoyait, tranchant en deux les ennemis, faisant gicler vicères et sang blanc. Je continuais de hurler en massacrant tout autour de moi. Mon épée avait faim et j’avais plein de nourriture pour elle.
Après le combat, les Tuskarrs m’ont raconté que mon visage était déformé par un horrible rictus et que mes yeux avaient pris une teinte blanche inquiétante. Je leur avais même fait peur.

Ma folie furieuse est ce qu’on peut appeler l’état Berserker que les plus grands guerriers connaissent. Mais certainement pas au point que j’avais atteint. Seuls les Trolls sont capables d’entrer dans un état berserker proche du mien. Je crois que je suis le seul Nain à pouvoir entrer en mode berserk. Quoique, si on en croit ces vieilles légendes au sujet de guerriers implacables appelés Einherjars… Mais revenons au récit.

Devant mon regain de combat, les Nérubiens furent déstabilisés. Il y eut un moment où ils ne tentaient même plus de parer ou d’equiver mes coups, tant leur puissance les stupéfiait. Les Tuskarrs en profitèrent pour se rebiffer et reprendre le dessus sur les ennemis. Lorsque je vis que mes compagnons d’armes reprenaient activement le combat, je poussai un cri infernal. Un cri venant du fond de mon être comme si dix mille ans de silence venaient éclater tel un raz de marée sur une falaise. C’était un cri caverneux, profond, fort, qui me fit vibrer de la tête au pied. Il eut pour effet de paralyser quelques secondes les Nérubiens et de communiquer un peu de ma force aux Tuskarrs. Nous étions devenus invincibles.
Mon épée volait d’ennemis en ennemis. Les Nérubiens étaient tranchés en deux (voire plus) comme du beurre est coupé par un couteau à beurre. Ils n’avaient aucune chance face à moi et mon épée ! HAHAHA !!

Le nombre de Nérubien diminua de façon significative. Très vite nous fûmes plus nombreux, bien que nous ayons subit des pertes importantes. Les Nérubiens étaient acculés au fond de la passe où nous avions notre campement. Ceux qui tentaient de renverser les chars étaient venus prêter main forte à leurs alliés. Mais rien n’y faisait, ils étaient tous condamnés.
Lorsque le dernier Nérubien glissa de ma lame je poussai un rire tonitruant, vite suivi par les sifflements des Tuskarrs. Nous étions victorieux !
Le sol était jonché de cadavres à perte de vue. Des milliers de Nérubiens, une grosse centaine de Tuskarrs. Mais aucun Nain. Les corps avaient du être dévorés…
Ce qui me ramena aux chars. Ils n’étaient pas disposés en cercle comme je le pensais. En réalité ils étaient positionnés de façon à boucher l’entrée de la galerie. Ce qui voulait dire que dans la galerie se trouvaient tous les survivants, bien à l’abri. Du moins je l’espèrais.
Yaktuk avait survécu mais il avait été sérieusement blessé à un bras. J’étais soulagé de le voir en vie. J’avais vu tant de Tuskarrs se faire éventrer que j’étais persuadé qu’il était mort.
Je lui expliquai que les miens étaient dans la galerie et que nous devions déplacer les chars. Il donna quelques ordres et des Tuskarrs vinrent me prêter main forte.
Il s’avéra qu’il était impossible de les déplacer. Apparemment les Nains les avaient remplis de pierres lourdes afin de les rendre plus difficiles à bouger. Ce qui explique pourquoi les Nérubiens n’étaient pas parvenus à forcer l’entrée.
Nous passâmes des cordes autour des chars et nous tirâmes tous dessus. Au prix de longs efforts, nous réussîmes à les déplacer suffisamment pour ménager un accès à la galerie.
Mais ce n’était pas terminé ! Un char bloquait l’intérieur de la galerie. Il n’y avait aucun espace, les Nains avaient du travailler dur pour le bloquer si profondèment et si hermétiquement. Hélas il était impossible de passer des cordes cette fois.
Après réflexion, Yaktuk me donna l’idée de passer à l’intérieur du char. Unissant nos forces nous parvînmes à briser le pare-brise renforcé. Par chance l’intérieur était vide. En rampant, je réussis à me ménager un chemin jusqu’à la trappe de sortie, placée à l’arrière du char.
Mais la trappe était scellée, c’était prévisible. Je me mis à tambouriner contre la trappe, tapant de toutes mes forces. Je finis par donner d’énormes coups de pieds dedans, en appuyant mes épaules contre la carlingue. La trappe commençait à se déformer. Elle était prévue pour résister aux chocs extérieurs mais pas aux intérieurs. A force de coups, je parvins à la faire sauter. Tout content, je me mis à ramper vers la sortie… Pour me retrouver nez à nez avec 6 gueules de fusil. J’entendis quelqu’un hurler.
« Ne tirez pas ! Ne tirez pas ! »
Les fusils se baissèrent et je vis des Nains au bout de la crosse. Ils me regardaient stupéfaits, les yeux comme des saucoupes.
Je sortis du char et je vis les survivants. Ils étaient moins nombreux que je le pensais, tout au plus une vingtaine. Ils avaient l’air fatigués. Ils étaient sales et sentaient mauvais. Leurs mines étaient ternes, ils n’avaient pas du dormir depuis des jours.
Je voyais des blessés ou des morts au sol, allongés dans la galerie. Il n’y avait que quelques caisses, probablement des vivres.
Les Nains posèrent leurs armes.
« Grif ? Grif c’est toi ?! »
« Maybelle ! »
La jeune naine courrut vers moi me sauta au coup. Elle pleurait de joie. J’étais heureux de la revoir. Le nombre de fois où je l’ai cru morte…
« Je te croyais mort… »
« Comment es-tu arrivé ici ? » me demanda un Nain au visage familier.
« Stowir ! Toi aussi tu t’en es tiré ! »
Je leur racontai tout ce que j’avais vécu depuis mon décollage plusieurs jours auparavant.
Puis je les invitai à sortir. Nous passâmes tous par le char et on se retrouva dehors.
Les Tuskarrs étaient excités. Ils venaient de battre une armée complète de Nérubiens et ils rencontraient d’autres Nains.
Les deux peuples se saluèrent. Ils se congratulaient, s’enlaçaient, on aurait dit de vieux frères se retrouvant après de longues années de séparation. Ce qui n’est pas faux dans un sens puisque nous sommes tous des fils de Titans.

Les Tuskarrs rassemblèrent les corps des Nérubiens en un grand bûcher. Nous prîmes place non loin pour nous réchauffer et les survivants me firent le récit de leurs trois derniers jours.
Après mon départ, les Nérubiens avaient cessé leurs attaques. Comme si c’étaient nos avions qui les avaient intéressés. Les Nains avaient eu assez de temps pour préparer de nouveaux pièges et renforcer les murailles. Le lendemain, les Nérubiens avaient attaqué en masse. Certains pensent que c’était une coalition de plusieurs nids. L’affrontement avait été sanglant, le pire depuis le début du siège. Les ennemis avaient réussi à faire tomber les murailles et s’étaient engouffrés dans le campement. Les Nains tombaient comme des mouches, les Nérubiens avaient des milliers des leurs à venger et ils s’en donnaient à cœur joie.
Les bâtiments avaient été rasés en quelques minutes. J’appris à ma plus grande tristesse que Dorn était tombé en défendant le dépôt des chars. L’infirmerie avait été dévastée et il n’y avait aucun survivant…
Brena Strongfist avait alors ordonné à ce que tout le monde se replie vers la galerie. Pour permettre aux Nains d’avoir le temps de se mettre à l’abri, elle avait envoyé des équipes placer des explosifs dans les cuves de pétrole. Les missions avaient été un succès. Mais les équipes avaient été tuées après avoir accompli leurs objectifs.
L’explosion avait soulevé la terre tout autour du campement, tuant des milliers de Nérubiens. Le temps gagné avait été suffisant pour mettre à l’abri tout le monde.
Cependant, les Nérubiens étaient revenus plus tôt que prévu. Brena Strongfist avait alors dirigé une escouade chargée de maintenir les Nérubiens à l’écart pendant qu’on positionnait les derniers chars.
Leur lutte avait été dure. A même pas 1 contre 20. Mais ils avaient lutté avec l’énergie du désespoir, n’abandonnant jamais, conscients que la survie du groupe reposait sur eux seuls. Au final, Brena et son équipe étaient mortes, emportant avec elles pas moins d’une centaine d’ennemis. Leur sacrifice aura été utile, les Nains survivants avaient pu se cacher dans la galerie et la sceller. Brena sera élevée au rang d’Héroine d’Ironforge lorsque nous rentrerons.
Les survivants étaient restés cachés une journée entière, à surveiller que les Nérubiens ne trouvent pas un moyen de les atteindre. Ils commençaient à perdre espoir d’être un jour secourus. La suite vous la connaissez.

Les Tuskarrs déballèrent des provisions et les survivants eurent droit à un vrai repas. Après quoi ils s’endormirent tous dans les huttes qui avaient été montées.
Yaktuk vint s’entretenir avec moi. Les pertes étaient lourdes mais nous avions vaincu. Les Tuskarrs étaient fiers de leur victoire et étaient prêt pour la conquête des nids. Yaktuk ne me cacha pas que m’avoir à leurs côtés leur serait d’une grande aide. Ils avaient été très impressionnés par l’état berserk et mon épée. Je l’ai baptisée la Wyrmslayer. Ce sera désormais mon meilleur compagnon.
En parlant de compagnon, Hrowaka a disparu. Personne ne sait si elle a été tuée ou si elle a réussit à s’enfuir. Je prie pour qu’elle aille bien.

Ce fut la journée la plus éprouvante de toute ma vie. Le berserk m’a épuisé. Je ne tiens même plus debout. J’ai du également apprendre la mort de nombre de mes compagnons. Brena, Dorn, Ben, Rawie, Gina… Copperflint avait été gravement blessé, il était actuellement dans le coma. Les Tuskarrs s’occupent de lui, j’ai toute confiance en leur médecine. Curieusement, ce poltron de Copperflint avait fait preuve d’un immense courage. Il s’était battu aux côtés de Brena puis avait été forcé à rejoindre la galerie par cette dernière. C’est en retournant à l’abri qu’il s’était pris un aiguillon dans le derrière.
Tous les chefs et responsables avaient trouvé la mort. Si on suit la hiérarchie je suis le plus gradé parmi les Nains restants.
Demain sera une lourde journée. Il nous faudra nous organiser et décider que faire.
Je vous avoue qu’aller à la chasse à la Reine des nids ne m’enthousiasme guère. Je crois que j’ai vu assez de Nérubiens pour le restant de ma vie ainsi que mes 10 prochaines réincarnations.

Mes paupières sont lourdes. Je préfère envoyer ce message avant de m’écrouler dessus.
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MessageSujet: Re: Journal de Grif   Journal de Grif - Page 2 Icon_minitimeSam 26 Nov - 22:00

Jour 30


Les Tuskarrs ont été sympas, ils nous ont laissé dormir assez tard.
Lorsque nous nous sommes réveillés, nous allions tous déjà mieux que la veille. Les Tuskarrs avaient commencé à réorganiser le campement et récupérer ce qui pouvait l’être. Ce sont vraiment les meilleurs alliés que nous pouvons avoir.
Lorsque tout le monde fut debout et prêt, nous nous concentrâmes sur la reconstruction du camp. Tout avait été dévasté, il a fallu couper du bois et tailler de la pierre. Les Tuskarrs ignoraient tout du travail de la pierre mais au contact de nos mineurs ils apprirent très vite et effectuèrent un travail de qualité pour des néophytes.
Les chars à vapeur étaient tous inutilisables. Les Nérubiens s’étaient bien acharnés dessus.
De toutes façon, les cuves à pétrole avaient toutes explosé avec leur contenu, nous n’aurions eu aucun carburant pour les alimenter.
L’infirmerie était rasée, on n’avait même pas pu retrouver les tentes et le matériel. Nous n’avions donc aucun médicament et rien qui puisse nous aider en cas de blessure. Heureusement, les Tuskarrs nous montrèrent comment tirer des calmants, des anti-douleurs, des anti-inflammatoires et d’autres remèdes à partir des plantes de la région. Le plus dur est de trouver les plantes, la préparation en elle-même est très simple.
Pour continuer dans les bonnes nouvelles, nous n’avions plus de munitions, de poudre et de vivres. Nos dernière provisions avaient servi la veille pour sustanter tout le monde.
En résumé, nous n’avions plus que nos yeux pour pleurer.

Les Tuskarrs, aidés par des Nains volontaires, érigèrent un semblant de fortifications autour du camp. Ce n’était rien de formidable mais ça nous permettrait de tenir un peu en cas d’invasion et de délimiter notre territoire.
Yaktuk était confiant, selon lui les Nérubiens n’attaqueraient plus. Etant donné le nombre inimaginable de créatures qui avaient été vaincues, il semblait assez clair que nous avions éliminé les ¾ des Nérubiens de la région (et peut-être même de Northrend qui sait ? Mais je n’y mettrais pas ma barbe à couper).
Les Tuskarrs étaient déjà prêts. Ils voulaient partir éliminer les Reines et les Nérubiens restants avant qu’ils n’aient le temps de regagner des forces. Je fis comprendre à Yaktuk que les miens n’étaient pas encore rétablis. Physiquement ils avaient retrouvé la forme, mais ils étaient toujours mentalement épuisés. Yaktuk se montra compréhensif.
« Nous vous aiderons à achever vos défenses puis nous partirons. Si certains d’entre vous souhaitent se joindre à nous ils sont les bienvenus. Quoi que vous fassiez, nous nous reverrons, mon ami. Nous pourrons alors fêter tous ensemble notre victoire définitive sur les Nérubiens. »
« Sachez grand chef que votre aide nous a été très précieuse. Sans vous nous serions assurèment tous morts et les Nérubiens continueraient à représenter une menace. Je ne suis pas abilité à parler au nom de tout mon peuple mais sachez que les Nains de Northrend seront éternellement vos obligés. »
Les fortifications furent finies en milieu d’après-midi. Les Tuskarrs nous laissèrent des provisions et des réserves pour plusieurs jours, afin de tenir en attendant leur retour. Puis ils se mirent en branle vers la forêt, non sans avoir auparavant fait longuement leurs adieux. Aucun Nain ne les suivit. Nous préfèrions tous rester entre nous.

On procéda ensuite à un recensement. Nous étions en tout 18. Il restait un seul fusillier (Stowir), une infirmière, trois gardes, cinq mineurs, sept archéologues et moi, le seul pilote.
Stowir et les gardes sont des soldats de base, ils ont le rang le plus bas, alors que je suis Sergent. Ce qui fait que même si on n’appartient pas au même corps d’armée, je suis leur supérieur hiérarchique. Les mineurs et les archéologues ne virent pas d’inconvénients à ce que je prenne le commandement (si on peut parler de commandement lorsqu’on est si peu). Ils élirent de leur côté un responsable pour leur corps et nous commençâmes notre première réunion depuis la fin des combats.

Il était évident que vu notre nombre il était impossible de continuer l’expédition. D’autant plus que d’après notre visite à Ulduar il ne restait plus grand chose à en tirer. A la limite la fresque… Il ne nous restait donc comme seule possibilité de rentrer à Valgarde puis d’attendre un transport pour Khaz Modan.
Le seul problème est que Valgarde est très loin et qu’à pied nous n’avons aucune chance d’y arriver. J’ai essayé dans la matinée de bricoler un char en prenant des pièces sur d’autres, mais il manque des élèments essentiels. C’est dommage car nous aurions pu fabriquer une cariolle et j’aurai amené tout le monde à Valgarde.
Nous étions donc coincés. Les Tuskarrs ne seraient de retour que dans quelques jours. Peut-être qu’ils voudront bien nous ramener à la civilisation.
Il fut donc décidé d’attendre en serrant les dents, puis la réunion fut levée.

Copperflint me montra le parchemin que j’avais récupéré dans les débris il y a une semaine. Que ça paraît loin ! J’ai l’impression que ça fait un siècle.
Avant l’attaque, les archéologues étaient parvenus à le restaurer. Mais ils n’avaient pas eu le temps de l’analyser. Copperflint me le donna et je l’étudiai. Je vous joins un petit croquis que j’ai fait du parchemin.
On voit distinctement trois planètes. Sont-ce des mondes visités par les Titans ? Je pense bien que oui. L’un d’eux est-il le nôtre ? N’ayant jamais vu notre monde depuis l’éther spatial, je ne saurai le dire. Et les deux autres ? Quelle découverte si ce sont des images de la planète mère des Titans ! D’après une légende, leur monde natal aurait été détruit par Sargeras le Traître. Ce fut son premier forfait à l’encontre d’un monde d’ailleurs.
Je ne suis pas expert en astronomie, personne ici ne l’est d’ailleurs. Si vous pouviez montrer cette copie à quelqu’un de qualifié à Ironforge, vous rendriez un grand service à la science, merci !

J’allai ensuite à travers le campement afin de discuter avec les mineurs. Si nous devions rester ici plusieurs jours, l’idéal serait d’aménager la galerie. On serait protégés du froid et des intempéries. Et puis nous serions presque invisibles depuis l’extérieur, ce qui pourrait nous aider à éviter les combats.
J’étais en pleine discussion avec les mineurs lorsque j’entendis un bruit au loin. Une espèce de vrombissement continu. Je levai la tête au ciel. Le vrombissement se rapprochait. Les mineurs se demandaient ce que j’avais puis ils entendirent à leur tour.
« Tous aux abris ! »
Nous nous mîmes à courir vers la galerie afin de nous cacher. Le vrombissement devenait de plus en plus fort. Soudain, je vis la source de ce bruit appraître au-dessus des arbres.
Des machines volantes ! Des dizaines ! Une escadrille complète volant en formation.
Je sortis de la galerie en courant et je me mis à leur faire de grands signes en leur criant d’approcher.
Les pilotes avaient du me voir car ils se rapprochèrent. Ils étaient au-dessus du campement, provoquant un boucan de tous les diables et soulevant la fine couche de neige qui s’était déposée dans la matinée.
L’une des machines se posa et ses hélices s’arrêtèrent au bout de quelques minutes.
Un Nain en sortit et s’approcha de moi. Pendant ce temps les autres machines volantes se posaient à leur tour, tandis qu’une poignée restait en l’air, probablement pour surveiller.
Le Nain était vêtu de la traditionnelle combinaison de pilotage. Il avait l’air costaud. Sur sa veste je pouvais voir le symbole de l’aéroportée d’Ironforge, souligné de deux bandes. C’était donc le chef d’escadrille.
« Vous êtes l’expédition d’Ulduar ? » me demanda-t’il.
« Ce qu’il en reste oui. » je lui répondis.
« La cavalerie est là, vous pouvez souffler » annonça-t’il tout sourire.
« Chouette. Vous avez apporté les côtes de sanglier farci ? »
Le Nain regarda autour de lui. Mes compagnons sortaient de la galerie, stupéfaits par le spectacle qui s’offrait à eux.
« C’est… tout ? Vous n’êtes que ça ? » s’enquit le Chef, sincèrement surpris.
J’acquiécai.
« Qui est le responsable ? Ragor Stormgut est ici ? »
« Il est mort. Je suis le plus gradé ici. »
« Très bien. Nous prenons la relève. Le gros des troupes nous rejoindra d’ici quelques jours. »
Il fit signe à ses hommes qui se mirent à décharger du matériel.
« Racontez moi tout. » me dit le chef en m’amenant vers une tente.
Je lui racontai alors tout ce qu’on avait traversé. Ca a duré deux heures. A la fin, le capitaine Highsky (c’est son nom) avait l’air sombre. Il avait saisi la gravité de la situation.
« Vous avez tous fait preuve d’un immense courage ici. Cependant, j’ai peur que pour vous ce ne soit que le début. »
« Je vous demande pardon ? »
« L’un des vôtres est arrivé à Ironforge il y a quelques jours. Lindburg ou Landberg quelque chose comme ça… »
« Landburg ! Il a réussi ! » m’écriai-je.
« Oui. Il nous a averti de ce qui se passait. Le Roi Magni en personne a écouté son rapport. Avec ses conseillers de guerre, notre Roi a décidé de lancer une attaque de grande envergure sur Northrend afin de débarasser le continent de toute menace. »
« Et l’Alliance ? »
« Comme vous pouvez vous en douter, l’Alliance a refusé de participer. Cependant notre Roi est parvenu à obtenir quelques renforts. Je suppose qu’il s’agit de volontaires… De ce que j’ai vu il y a des Hauts-Elfes Mages, des Prêtres et des Paladins de Northshire. »
« Et quel est le plan ? »
« Nous devions vous venir en aide puis nous baser sur votre expérience pour trouver et éliminer les ennemis. » répondit le capitaine.
« Pour les Nérubiens, il n’y a plus de soucis à se faire. Les Tuskarrs s’en occupent. »

Nous continuâmes à discuter ainsi le reste de la journée. Au final, il fut décidé d’attendre sur place le reste des renforts puis de diriger une expédition plus à l’intérieur des terres. L’idée de départ est de pacifier une très large zone autour de Valgarde. Ensuite nous bâtirons des forteresses en périphérie de la zone pacifiée et quelques-unes à l’intérieur.
Cette zone nous permettra d’avoir un appui solide pour mener une croisade sur le reste du continent.
Pour finir, nous assiègerons Icecrown, où est supposé se trouver la source du Fléau et ce qui le dirige. On ignore ce qu’il est advenu du Roi Arthas mais les rumeurs qui courent à son sujet sont toutes plus inquiétantes les unes que les autres.
Pour être sincère, je pense que le Roi Magni a perdu la tête. Probablement à cause de ce qui est arrivé à sa fille, Moira, chez les DarkIrons. Comment peut-il penser que nous pourrons débarasser Northrend de toute menace ? C’est très présomptueux de sa part !
Mais ça reste entre nous, hein ?

Les gars de l’escadrille ont déballé leurs affaires. Alors que le matin même je faisais l’inventaire de ce que nous n’avions pas, je me retrouve maintenant avec plus de matériel et de vivres que nous n’en avons besoin. C’est dingue.
Les autres Nains ont du mal à se rendre compte de ce qui leur arrive. La veille ils se croyaient morts et aujourd’hui ils sont perdus au milieu de dizaines de Nains surentraînés qui s’activent en tout sens.
Certains pilotes ont amené des pièces de char et du pétrole. Nous allons peut-être pouvoir réparer un ou deux chars et les mettre en service.

Mais avant ça… Au dodo !


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Reproduction du parchemin retrouvé à Ulduar.
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MessageSujet: Re: Journal de Grif   Journal de Grif - Page 2 Icon_minitimeDim 27 Nov - 13:13

Jour 31


Cela fait un mois que je vous ai quittés. J’ai l’impression que ça fait une année entière. Il s’est passé tellement de choses depuis… J’ai vu tant d’horreurs, vécu tant de batailles… J’ai l’impression d’avoir pris 20 ans de plus. Je n’ai même pas eu le temps de faire le deuil de mes compagnons tombés au combat. J’espère que j’aurai un peu de temps pour moi dans les jours à venir. Je suis fatigué. Khaz Modan me manque cruellement. Et toujours aucun signe de Hrowaka.

Les hommes commencent à se tourner les pouces. Seuls les mineurs et les archéologues semblent occupés. Les premiers en construisant des abris dans la galerie, les seconds en tentant de récupérer des reliques et de restaurer ce qui peut l’être.
Le Capitaine Highsky vint me trouver, alors que je m’étais allongé sur une saillie rocheuse pour remettre de l’ordre dans mes pensés.
« Bonjour Grif. J’espère que je ne vous dérange pas. »
« Allez-y capitaine. »
« J’ai ordonné à ce que des patrouilles soient effectuées autour du camp afin de s’assurer de notre sécurité. Etant donné vos états de service et le fait que vous n’avez rien à faire actuellement, j’aimerai que vous y preniez part. »
« C’est un ordre ? »
« Pas vraiment, mais vous comprendrez que vous avoir sur le terrain nous aiderait. »
Je me levai et il m’emmena à une patrouille composée de neuf Nains, qui attendait au pied des fortifications.
« N’allez pas trop loin, mais fouillez bien quand même. » nous demanda Highsky. Sur quoi nous partîmes.

Nous marchâmes à travers bois sur une courte distance, puis nous tentâmes de décrire un cercle autour du campement (en évitant la montagne bien entendu). Il n’y avait pas grand chose à contrôler, la moitié du terrain avait été ravagée par les tirs d’artillerie de nos chars. On tombait de temps à autres sur le cadavre d’un Nérubien oublié là.
Au bout de deux heures de patrouille, nous nous lassâmes. On fit une pause à l’orée d’un petit bois. Les gars déballèrent des provisions et les firent passer.
On mangea un bout, tout en discutant. Les Nains étaient curieux à mon sujet. Quelqu’un leur avait raconté la bataille décisive contre les Nérubiens et ils avaient du mal à le croire. Je ne m’attardai pas trop dessus. Certes ça avait été une victoire, mais elle avait laissé un gout amer, de part son arrivée trop tardive et les pertes Tuskarrs.
Les gars étaient déçus mais je voyais qu’ils manifestaient une sorte d’admiration respectueuse pour moi.
On allait déguster une bonne bière (la première pour moi depuis… trop longtemps !) lorsqu’on entendit quelque chose se déplacer dans le bois derrière nous.
Les Nains pointèrent leurs armes et je dégainai mon épée. J’ai laissé tomber les armes à feu pour le moment. Je ne saurai pas l’expliquer, mais c’est jouissif de tenir une lame et d’abattre les ennemis avec. Sentir la lame vibrer sous l’impact et s’enfoncer dans les chairs… Bref.
Et puis avec une épée, je laisse une chance à mon ennemi, tandis qu’un fusil est moins honorable. J’ai changé… Vivement un bon mois de repos, j’en ai bien besoin.

Nous étions donc prêts au combat. Le bruit de branches brisées se rapprochait. Et finalement un Nérubien surgit. Il était gros, bleu métallisé et possédait un abdomen gonflé. Un modèle de fouisseur plus grand que la normale. Les Nains ouvrirent immédiatement le feu. La bête hurla lorsqu’elle se prit une rafale de balle qui déchiquetèrent sa carapace dans des gerbes orangées.
Les Nains rechargèrent et tirèrent une deuxième salve qui acheva le monstre avant qu’il ne puisse s’approcher. Je rengainai mon épée.
« Probablement un éclaireur… On devrait fouiller le coin. »
J’opinai et nous nous mîmes en route dans la direction d’où venait le Nérubien.
On patrouilla un bon moment, mais nous ne trouvâmes rien. On finit par tomber sur un trou fraîchement creusé. C’était probablement de là que venait le fouisseur. Mais pourquoi était-il sorti de son trou ? D’habitude ce genre de bête reste dans ses galeries. De plus il était seul.
L’un des Nains alla jeter un œil dans le trou. Il disparu dix minutes pendant lesquelles nous angoissions pour lui. Puis il ressortit tranquillement.
« Que dalle là-dedans. Vu la gueule des galeries, cette saloperie a du creuser seule. M’est avis qu’elle fuyait quelqu’un ou quelque chose vu sa hâte. »
« Ok, on fait sauter ça quand même. »
On balança une dynamite et le trou ne fut plus que de l’histoire ancienne.

Le reste de la patrouille se déroula sans problème. Les Nérubiens avaient disparu. Enfin non, on les avait tués. Mais leur activité était proche du néant désormais. Ce qui est à la fois un bon et un mauvais signe. Un bon signe car nous avons une accalmie bien mérité. Et un mauvais signe car on ignore ce que les survivants préparent.
Nous n’avons pas croisé de Tuskarrs. Je pense qu’à l’heure qu’il est ils doivent être au fond d’un nid en train de mettre le feu à une couveuse. Peut-être que le fouisseur que nous avions abattu avait réchappé à un de leurs raids.
Nous sommes rentrés à la base et avons fait notre rapport à Highsky. Il semblait satisfait. Au moins le reste de l’armée arrivera dans de bonnes conditions.

J’ai bricolé un char. J’ai choisi celui qui avait le chassis le mieux en forme puis j’ai remplacé les pièces les plus abîmés par celles apportées par l’équipe aéroportée. Au bout de plusieurs essais je parvins à le faire démarrer. Je fis un petit tour du camp sous les acclamations des Nains puis je le rangeai dans le garage. Je changeais quelques pièces mineures, afin d’avoir un char en le meilleur état possible.
Puis je suis passé à un deuxième. Mais j’eus plus de mal cette fois. En remplaçant le moteur, je faillis me faire écraser la jambe. Sans l’avertissement d’un pilote ingénieur, je serais probablement handicapé maintenant. Et le deuxième incident arriva lorsque je mis le char en marche. Quelque chose se passa mal (j’ignore quoi) et il prit feu avec moi à l’intérieur. Je parvins à sortir à temps mais le char brûla complètement. Quand aux autres chassis, ils étaient trop déformés pour être utilisables.
Au final, nous n’avions qu’un seul char opérationnel. En attendant ceux envoyés en renfort bien sûr. J’espère qu’ils ne manqueront pas trop à Ironforge.

Je suis allé me reposer dans la tente des archéologues. J’ai discuté avec Maybelle de choses et d’autres. Des choses générales, sur les Titans, et des choses plus personnelles.
Lorsque je sortis de la tente, Stowir vint à ma rencontre. Il demanda à me parler en privé loin des oreilles indiscrètes. Le meilleur endroit pour ça était l’intérieur du char que j’avais retapé. Nous nous y enfermâmes.
« Qu’y a t’il Stowir ? Pourquoi tant de secrets ? »
« Il y a quelque chose que je dois te dire Grif. »
« Quoi donc ? »
« Je n’ai jamais osé t’en parler avant. Tu comprends, j’hésitais, je n’étais pas sûr de moi… »
« Euh, viens en au fait s’il te plaît » lui dis-je pas rassuré.
« Il vaut mieux que je te le montre. » Il se mit à déboutonner sa veste.
« Une minute ! Je crois que tu te trompes ! »
Stowir me regarda intrigué puis il éclata de rire qui se répercuta longuement contre les parois du cockpit. Il finit d’ouvrir sa veste et sorti sa chaîne. Il me la tendit. Au bout pendait… le cristal que j’avais trouvé dans le socle à Ulduar !
Inquiet, je fouillais ma propre veste et extirpai ma gemme.
« Il y en a deux ? » demandai-je surpris.
« Oui et non. La gemme que j’ai en ma possession provient d’Uldaman. Je l’ai trouvée lors de la première expédition, j’en faisais parti. Je n’en ai jamais parlé à personne. Mais je pense que c’est le moment. »
Je tendis la main vers la gemme d’Uldaman. A un centimètre, je sentis une chaleur irradier de la pierre et réchauffer agréablement ma paume. Je regardai Stowir. Il hocha la tête. Alors je saisis la gemme… et rien ne se passa. Je n’étais pas électrocuté comme ceux qui avaient tenté de prendre la mienne.
Stowir fit alors de même avec ma gemme. J’ignore réellement comment cela était possible. Je croyais que les gemmes étaient liées à leur porteur. Peut-être que tous les porteurs sont liés entre eux ? Stowir reprit la parole.
« Les évènements récents ont montré que la gemme serait plus en sécurité avec toi qu’avec moi. De plus tu as déjà été choisi comme porteur. Prends-la. »
« Elle est à toi, je ne peux pas faire ça. »
« Allons, fais moi plaisir, prends-la et garde-la. Je sais ce que je fais. »
J’hésitai deux secondes puis je pris la gemme et l’ajouta à mon collier. Les deux gemmes semblaient se magnétiser, en tout cas lorsqu’on les approchait elle s’attiraient et se collaient. Il n’était cependant pas difficile de les séparer.
J’en profitai pour observer plus attentivement les gemmes. Elles n’étaient pas tout à fait irrégulières. En fait, elles avaient la forme d’un prisme à cinq faces. On dirait que si on associe cinq gemmes ensemble, on peut obtenir une seule grosse gemme.
En regardant plus attentivement, je vis que des marques minuscules ornaient les faces du prisme. En cherchant longuement je parvins à trouver la même marque sur la deuxième gemme. Je les emboîtai alors en fonction des marques et elles semblèrent fusionner. Je parvins à les détacher, mais en les remettant ensemble elles formaient à nouveau une entité unique, sans marque de séparation comme lorsqu’on les assemble autrement.
Très intéressant. Cela veut dire qu’il faudrait trouver trois autres gemmes. Mais où ? Et pourquoi faire ?
Des idées me traversent l’esprit mais je préfère ne pas me prononcer pour le moment. J’aurai bientôt l’occasion de vérifier mes théories de toutes façons. Enfin, en espérant rentrer tôt à Ironforge.

Stowir et moi nous sommes sortis du char puis nous avons regagné nos tentes.
Le soleil s’est couché depuis un moment. La journée n’aura pas été aussi pénible que les précèdentes. Un peu de repos ne fait vraiment pas de mal.
En parlant de repos, je vais en reprendre un peu… A demain.
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MessageSujet: Re: Journal de Grif   Journal de Grif - Page 2 Icon_minitimeLun 28 Nov - 21:41

Jour 32


Rien de bien trépidant aujourd’hui. Hélas pour vous, tant mieux pour moi !
Nous n’avions pas grand chose à faire aujourd’hui en fait. En réalité, le Capitaine Highsky hésitait entre fortifier d’avantage notre camp de base et en faire un vrai campement ou bien rester comme ça et attendre l’arrivée du gros des troupes. De plu nul ne savait combien de temps nous allions rester là à attendre.
Après le repas, le Capitaine grimpa dans sa machine volante et ainsi firent 5 de ses hommes dans leurs propres machines. Il nous demanda de garder le camp tandis qu’ils allaient en reconnaissance, et de l’aménager en prévision de l’arrivée de l’armée.
Il décolla d’un coup, maniant sa machine volante à la perfection. Il s’éleva presque perpendiculairement au sol et parti en trombe vers l’ouest. Ses hommes le suivirent non sans peine. Jamais je n’ai vu d’aussi bon pilote que ce Capitaine HighSky.
D’après ses hommes, ce serait un ancien chef de l’Escadrille Royale d’Ironforge qui aurait monté sa propre bande de mercenaires il y a quelques décennies, après avoir quitté l’Alliance. Ils possèderaient une base de bonne taille dans un endroit tenu secret. Lorsque la guerre contre le Fléau s’est déclaré il y a quelques années, il a mené seul de grands raids aériens sur les positions ennemies. Lui et ses hommes ont souvent fait fléchir le cours de la guerre en notre faveur.
Actuellement, il est employé par l’Alliance pour nous aider à Northrend. Avec un homme comme lui, nous sommes sûrs d’avoir le dessus en cas d’affrontement. Je suis content qu’il soit là. Sa vieille machine volante est également un atout majeur. Il l’a fabriquée lui-même et elle possède des gagdets surprenants. Certains disent qu’elle serait capable d’aller sous l’eau ! Je demande à voir.

Nous avons donc réaménagé un peu le campement, rajoutant des tentes, préparant des abris pour les chars et les catapultes. On consolida un peu les murailles et on apporta quelques finitions aux abris de la galerie.
Comme il n’y avait rien d’autre à faire, je suis allé me promener dans la forêt, afin de trouver des indices sur ce qui avait pu advenir de Hrowaka. Maybelle est déprimée, elle se sent coupable parce qu’elle avait Hrowaka avec elle lorsque cette dernière à disparu. J’ai essayé de lui faire comprendre que ce n’était pas sa faute, mais vous connaissez les femmes, elles sont têtues !
Hélas je n’ai rien trouvé. De toutes façons, depuis sa disparition il s’est écoulé pas mal de temps, ce qui fait que les traces et les indices ont eut vite fait de disparaître. Et les combats n’ont pas aidé. J’ai vainement appelé à plusieurs endroits surélevés, mais je n’ai eu aucun écho. J’espère qu’elle va bien. Je sais qu’elle sait se débrouiller, mais je ne peux pas m’empêcher d’imaginer le pire.

Lorsque je suis rentré à la base, Highsky et ses hommes étaient de retour. Apparemment il n’y avait aucun signe du reste de l’armée, ce qui est TRES inquiétant.
Highsky a alors décidé de lever le camp et de rejoindre Valgarde. Si l’armée n’était pas là, c’était à son avis soit parce qu’elle était toujours en mer, soit parce qu’elle ne pouvait pas quitter le port de Valgarde. Dans tous les cas, il lui paraissait juste d’aller dans un lieu civilisé.
De toutes façons, nous aurions été obligés d’y retourner à un moment ou un autre. Ironforge avait prévu de partir de notre campement pour pacifier la zone, mais finalement c’est peut-être mieux de choisir Valgarde pour ça. J’espère que la décision de Highsky n’est pas prise à la légère et que notre « retraite » ne sera pas punie par les hautes instances militaires de notre capitale.

Nous avons mis beaucoup de temps pour tout remballer. Nous avons du démonter les tentes, remettre le matériel dans les caisses, emballer soigneusement nos trouvailles, pomper le pétrole et le mettre dans les jerricanes (et il y en a énormèment !), et enfin accrocher le tout à d’immenses filets que les machines volantes soulèvent. On a également passé de solides cordages autour du char à vapeur restant et deux machines volantes l’ont soulevé.
Les 18 survivants et moi-même avons pris place dans une cabine métallique hélitroyée par deux machines volantes. J’ignorais que ces machines étaient capables de porter des charges aussi lourdes. On m’a confié qu’une seule machine volante suffisait pour porter le char ou la cabine mais qu’on en utilisait deux pour plus de stabilité.

La cabine est spacieuse. On tient facilement tous dedans. Il s’agit d’un prototype de transport aérien. Les ingénieurs travaillent actuellement sur une machine volante de très grande taille capable de transporter des garnisons, voire même plusieurs bombes (les machines volantes actuelles sont limitées à 4). Dans la cabine il y a 4 rangées de 6 fauteuils, ce qui laisse de la place pour 24 personnes assises plus une dizaine debout. En repoussant les sièges, on peut stocker plusieurs tonnes métriques de matériel. C’est une invention très utile, mais qui doit vraiment être améliorée. C’est qu’on est ballotés dans tous les sens là-dedans ! Si les ingénieurs comptent développer ça, ils devraient fixer la cabine directement sous la carlingue de la machine volante plutôt qu’au bout d’un système de treuils. Quitte à ce que le pilote ait des difficultés pour entrer et sortir du cockpit.
Enfin, je ne suis pas ingénieur, même si je suis assez calé en mécanique. Laissons tout ça aux têtes pensantes (du moment qu’elles ne sont pas gnomes).

De ma place j’avais une belle vue sur l’extérieur. Le paysage était vraiment joli à voir sous la lumière rose du soleil. De là-haut, contemplant cet en-dessous, j’avais du mal à imaginer que ce froid presque perpétuel abritait les pires abominations de la planète. Etait-ce vraiment ici que nombre des miens avaient été tués ? Ai-je traversé cette forêt lorsque j’étais avec les Tuskarrs ? Au fait, je les avais complètement oubliés !! J’espère qu’ils ne m’en voudront pas d’avoir levé le camp. Je pense qu’ils comprendront que nous sommes partis, mais l’absence de traces au sol va les inquiéter. Lorsque tout ceci sera terminé, je promets de revenir chez les Tuskarrs. Ne serait-ce que pour les remercier une énième fois et leur montrer qu’ils n’ont pas eu à faire avec un ingrat. Un ingrat, pas un nain gras hein ! Je vois d’ici les moqueurs. De toutes façons je ne suis pas gras, donc ça tombe bien. C’est que du muscle, oui madame !

Les machines volantes avancent vite. Pas de signe d’activité ennemie, que ce soit au sol ou en l’air. Cependant, nous allons devoir passer la nuit à l’intérieur de la cabine. Je ne sais pas comment nous allons dormir dans ces conditions. Au moins sur les bateaux nous étions moins secoués et plus à l’aise.

Paradoxalement, je suis triste de partir. Ca faisait quoi ? Deux semaines ? Oui au moins. Deux semaines donc que j’avais passées là-bas. J’y ai vécu des choses dingues. De la découverte d’une relique Titan à une lutte massive où j’ai découvert mon pouvoir berserk, en passant par la perte de ma Hrowaka [Une tâche humide souille le papier à cet endroit] et lorsque May… Hum non ça c’est personnel.

Bon et bien bonne nuit. Désolé pour l’écriture tremblante, mais je n’ai d’autre support que mes genoux pour le moment.
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MessageSujet: Re: Journal de Grif   Journal de Grif - Page 2 Icon_minitimeVen 9 Déc - 21:45

Jour 33


Après avoir voyagé toute la nuit nous sommes finalement arrivés sans encombre à Valgarde en début d’après-midi.
Comme ça fait bizarre de revoir cette ville ! Elle n’a pas changé d’un pouce depuis que je l’ai quittée. Ce qui est normal vu que ça fait seulement quelques jours. Mais pour moi ça fait des mois. Toujours aussi lugubre, décrépie et peu accueillante. Un peu comme ma vieille tante Betty (paix à son âme).
Les machines volantes se sont posées sur la place du port. Notre cabine a été délicatement posée, puis les câbles ont été relâchés et sont tombés avec grand bruit sur le toit de la cabine. Ensuite les machines qui transportaient la cabine se sont posées juste à côté.
Les pilotes ont retiré les barres de sécurité et nous avons pu sortir. Ca fait du bien de marcher ! Nous nous sommes étirés puis nous avons rejoint Highsky. Il s’adressa à mon équipe et moi.
« Profitez-en pour prendre un peu de repos. Des lits confortables et des repas chauds vous attendent à l’auberge, vous les avez bien mérités après tout ça. »
« Combien de temps allons-nous rester dans cette ville ? » demanda quelqu’un.
« Je ne pourrais vous le dire que dans quelques heures. Je vais partir en reconnaissance au-dessus de l’océan afin de repèrer la flotte. Nous saurons ainsi dans combien de temps elle appareillera. »
Il nous fit un signe puis grimpa lestement dans sa machine volante. Il n’avait même pas fait de pause depuis la veille. C’est le genre de mec a toujours repousser ses limites on dirait.

Nous avons suivi ses conseils et nous sommes allés à l’auberge. Le repas était succulent. Enfin, je ne sais pas si je l’aurai apprécié à Ironforge, mais c’était mon premier vrai repas depuis bien longtemps. C’était donc le meilleur repas du monde.
La bière aussi était agréable. Très rafraîchissante. J’ai oublié de demander sa provenance, mais de bouche d’expert je dirais que c’était de l’hydromel Haut-Elfe.
Après quoi nous sommes montés dans nos chambres. J’ai enfin pu me laver. Il était temps, j’étais à deux doigts de me couper la barbe afin de me débarasser des poux. Louée soit Valgarde, je n’aurai finalement pas eu à venir à de telles extrêmités. Beaucoup d’explorateurs ont eu moins de chance. Ils devaient cacher leur visage derrière un masque pendant des mois après leur retour, le temps que la barbe repousse. Un enfer.
Je me suis ensuite laissé tomber sur le lit comme un sac de patates. Il était mou et confortable, je m’enlisai tout doucement dans l’épais matelas de plumes. La température de la pièce était relativement élevée. Je finis par m’assoupir en moins de temps qu’il ne le faut pour le dire.

Je fus réveillé plusieurs heures après, à en juger par la position du soleil dans le ciel et les teintes de ce dernier. Les machines volantes étaient de retour. Je m’habillai et descendis l’escalier menant au rez de chaussée de l’auberge. Quelques Nains étaient déjà là, en train de prendre une collation. Je leur fis un signe de la main et sortis.
Highsky était bel et bien revenu, ainsi que son groupe au complet. De loin il n’avait pas l’air inquiet, j’en jugeais donc que tout allait bien. Lorsqu’il me vit arriver, il s’approcha de moi.
« Ah Grif, j’allais justement vous chercher. Nous avons localisé la flotte, elle se situe à deux jours de navigation d’ici. Elle a été retardée à Kul Tiras par une attaque des Nagas sur la ville portuaire. D’après ce qu’on m’a raconté, la ville en a beaucoup souffert. Mais à priori les Nagas ont été vaincus. »
« Voilà de bonnes nouvelles. »
« Et j’ai aussi un message du Commandement Militaire d’Ironforge pour vous et les vôtres. Vous êtes rappelés à la maison. »
Je ne pus retenir une expression de surprise.
« Oui, la fin du cauchemar est proche » me dit-il avec un grand sourire. Puis il se rassombrit. « Cependant, si certains d’entre vous acceptaient de rejoindre l’Armée, ils sont les bienvenus. Ironforge a quelque peu changé ses plans et j’ai peur que nous ne courrions tous à la catastrophe avec nos effectifs. »
« C’est à dire ? »
« Magni a vu trop grand. Son plan pour conquérir Northrend est parfait pour une armée levée par l’Alliance. Mais l’armée d’Ironforge seule ne suffira pas. Nous avons déjà subis de trop nombreuses pertes et certaines troupes de surveillance de nos frontières ont été affectées ici. Si nous échouons et qu’Ironforge est attaquée, ça en sera fini des Nains Bronzebeard. »
Je hochai lentement la tête.
« J’en parlerai à mes équipiers. Cependant je ne vous garantis rien. Ils ont beaucoup souffert et la plupart d’entre eux ne sont pas des guerriers. En tout cas, vous pouvez compter sur moi pour porter les étendards d’Ironforge jusqu’à Icecrown. »
On échangea un salut puis il repartit vers ses hommes. Je fis de même vers l’auberge.

Ils étaient tous en bas, assis autour des tables. Je me mis bien en évidence et quémandai leur attention. Je leur annonçai ensuite qu’ils étaient libres de rentrer ou de rester. Une clameur générale vint ponctuer mon annonce.
Je leur fis ensuite part de mes intentions et ils se turent, les sourires quittant progressivement les visages.
« Tu es sûr de toi ? » me demanda un mineur.
« J’aurai aimé rentrer, mais quelque chose me dit que je n’ai pas fini ce que j’avais à faire ici. Et puis je ne partirai pas sans Hrowaka. »
Stowir me regarda et hocha la tête. May baissa la tête et fixa son assiette. Les autres Nains semblaient attristés et déçus.
« Ne vous en faites pas, tout se passera bien. Vous voyagerez à bord des mêmes bateaux qui nous ont amenés ici. »
« C’est pas pour nous qu’on s’inquiète, c’est pour toi. Est-ce que tu sais où tu mets les pieds ? »
« Oui, et le plus souvent c’est dans la gueule. »
Quelques Nains rirent. Tous levèrent leur verre.
« A Grif ! Et à Ironforge ! »
Nous trinquâmes puis les Nains repartirent dans leur beuverie. Je bus moi-même quelques chopes, mais ne sentant pas l’ivresse venir, je finis par m’isoler dans un petit salon.
J’étais assis, plongé dans mes pensées depuis quelques minutes, lorsque May vint s’asseoir à mes côtés.
Elle jeta sur moi un regard mêlé de tristesse et de résignation. Puis elle soupira.
« Je viens avec toi. »
Je la regardai. Elle était belle. Le fait que ses cheveux soient propres et peignés y jouait pour beaucoup. Sa petite mine avait repris des couleurs grâce au confort de l’auberge. Et son regard avait retrouvé son pétillant et sa vitalité. Je pouvais cependant sentir un orage d’incertitude tempêter derrière ses grands yeux verts.
« Non, rentre à Ironforge. C’est trop dangereux ici. »
« C’est hors de question ! Je dois t’accompagner. Je ne veux pas qu’on soient séparés… »
Ses yeux s’humidifièrent.
« Nos chemins se séparent un court moment. Mais nous nous retrouverons à Ironforge lorsque tout ceci sera terminé. Et alors nous pourrons vivre ensemble comme tu le souhaites. »
« Mais… »
« Ecoute-moi. J’ai une tâche pour toi. »
J’hexibai les gemmes Titan, la mienne et celle que m’avait donné Stowir. J’expliquai à May en détail tout ce que je savais d’elles. Elle était ébahie. Sa nature d’Archéologue avait supplanté l’amante éplorée.
« Regarde ces inscriptions là… Je pense qu’il y a cinq gemmes en tout, une pour chaque inscription. J’ai la gemme d’Ulduar et celle d’Uldaman. Pour l’instant on ne connaît que trois cités Titans. Uldaman, Ulduar et Uldum. »
« Uldum n’a pas encore été explorée ».
« Oui, et c’est là que tu interviens. Si tu veux vraiment me faire plaisir, j’aimerai que tu convaincs Ironforge de mener une expédition archéologique à Uldum. Il va de soi que si tu pouvais la diriger se serait l’idéal. »
« Ce ne sera pas facile de monter une expédition avec tout ce qui se prépare. »
« Je pense que Stowir pourra t’aider. C’est le seul Nain à avoir visité à la fois Uldaman et Ulduar. Ce qui fait de lui un expert en cités Titans. Ironforge l’écoutera. Et j’ai toute confiance en lui. »
« Donc tu veux que j’aille fouiller Uldum à la recherche d’une gemme comme celle-la ? »
« Oui. Si mes hypothèses sont bonnes, tu devrais pouvoir la récupérer et me la donner sans qu’il y ait de problèmes. Ainsi qu’à Stowir. Lui et moi sommes des Porteurs. »
Elle soupira à nouveau puis se redressa. Elle avait l’air déterminée.
« C’est d’accord. J’irais à Uldum. Et toi… toi tu rentres en vie à Ironforge le plus vite possible ! »
Je lâchai un petit éclat de rire.
« C’est promis. »
Nous nous séparâmes peu de temps après. La nuit était tombée et malgré ma sieste de l’après-midi j’étais encore fatigué.
Je me dirigeai alors vers ma chambre et m’allongeai sur mon lit.
Bien que je sois fatigué, je pense que je vais mettre du temps à m’endormir. Mon cerveau est en ébullition et je vais avoir du mal à le calmer.

Bonne nuit à vous.
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MessageSujet: Re: Journal de Grif   Journal de Grif - Page 2 Icon_minitimeLun 19 Déc - 21:37

Jour 34


En attendant l’arrivée de la flotte, les hommes de Highsky, celui-ci et moi-même avons commencé à fortifier Valgarde. Si cette ville doit être notre point de départ, alors il y a intérêt à ce que ça soit également la meilleure base de repli possible.
Afin de pouvoir héberger une grande armée, nous avons repoussé les limites de la ville jusqu’aux falaises situées à quelques kilomètres dans les terres. L’avantage est double : les montagnes offrent la meilleure protection possible et nous n’avons pas à dépenser beaucoup de ressources pour les fortifications.
Les travaux dureront plusieurs jours. Nous avons déjà délimité tous les emplacements et commencé le creusement des tranchées ainsi que l’excavation et la taille des pierres. Quand ce sera fini, Valgarde sera mieux protégée que Stormwind et feue Lordaeron réunies.
Le bourgmestre de Valgarde est un petit type maigre et sec, qui paraît aussi rabougri que les arbres du coin et aussi décrépit que les bâtiments de sa ville. Il a accepté mollement que nous exécutions les travaux. Alors que n’importe quel bourgmestre aurait sauté de joie devant l’offre de fortifications gratuites, lui n’a pas bronché. Je me demande s’il est bien vivant. Si ça se trouve c’est un Réprouvé et personne ne s’en est rendu compte.

En travaillant dans la ville, j’ai pu avoir des contacts avec le reste de la population locale. En fait, ce sont tous les villageois qui sont comme ça. Ils sont comme vidés de l’intérieur. Ils sont mornes, peu avenants, pâles et ne sourient jamais. Je ne sais pas si c’est le climat ou la proximité du Fléau, voire les deux, qui fait ça mais c’est inquiétant. Pas étonnant que cette ville ait l’air lugubre.
Quand je suis revenu à l’auberge, ça a fait un sacré contraste ! Mes compagnons Nains mettaient de l’ambiance en chantant et dansant. Le tavernier et sa femme semblaient apprécier le spectacle. Les sourires qui éclairaient leurs visages leur redonnaient un peu d’humanité. Peut-être qu’avec le temps et l’affluence d’étrangers dans la ville, les Valgardois reprendront goût à la vie.

Nous avons récupéré une vielle bâtisse en pierre de trois étages dans le centre-ville pour en faire le poste de commandement principal. Elle n’est pas trop en mauvais état vue de l’extérieur mais l’intérieur nous a demandé pas mal de boulot. Nous avons mis la journée entière pour en faire ce que nous voulions. J’avoue que je suis assez fier du résultat obtenu.
Au rez-de-chaussée nous avons installé le mess des officiers et la cuisine. Nous avons aussi deux grands salons et une réserve.
Au sous-sol se trouvent les dépôts de vivre et de matériel. Les mineurs de mon expédition ont proposé de construire des galeries de secours menant à l’extérieur de la ville. Etant donné que ça ne devrait pas leur demander trop de temps et que ce n’est pas une précaution futile, Highsky leur a donné son feu vert. Ils devraient avoir fini avant l’arrivée de la flotte (ce qui signifie leur propre départ).
Au premier étage nous avons installé une infirmerie de secours (en attendant de réabiliter l’hôpital de la ville), les dépôts d’armes et de munitions, ainsi que la plupart des outils.
Le deuxième étage est occupé par la salle de réunion (la plus grande pièce de toute la bâtisse), la salle de débriefing et la salle des communications. Nous avons également fait peindre une gigantesque carte de Northrend sur le plus grand mur de la salle de réunion. La carte n’est pas très précise étant donné qu’elle a été dessinée bien avant la première guerre des Orcs, mais on peut penser que le paysage n’a quasiment pas changé depuis. Nous rajouterons au fur et à mesure les emplacements notables, comme les forteresses du Fléau, nos propres forteresses quand elles seront construites, et les autres lieux habités. Nous avons déjà délimité une zone de 100 km de rayon avec Icecrown en son centre. Il s’agit du cœur même du Fléau, la zone la plus dangereuse qui soit sur cette planète. Sous aucun prétexte nous ne devrons y pénêtrer.
Le troisième étage dispose de nombreuses chambres réservées aux officiers (à part Highsky, ils sont tous sur les navires en approche). Il y a aussi quelques salons (destinés plus au repos qu’aux discussions) et une réserve.
Et enfin, le toit du bâtiment est prêt à recevoir une station d’atterrissage pour machine volante ainsi qu’un poste d’observation à longue distance. Encore une fois, la plupart de ces éléments se trouvent dans les bateaux, nous ne pouvons qu’attendre pour les installer.

Lorsque tout fut fini, nous avons longtemps débattu, Highsky et moi, du plan d’Ironforge. Tel qu’il existe, c’est bel et bien une opération suicide. Le roi sous-estime les dangers de Northrend. Oh, il connaît très bien le Fléau, mais il n’a pas l’air conscient que pour une fois le Fléau se battra à domicile et non plus sur des terres que nous connaissons et contrôlons. Ce qui leur donne un avantage incommensurable.
Alors nous nous sommes permis de modifier quelque peu le plan de bataille. Nous avons reconsidéré la position de places-fortes que nous devrons édifier ainsi que les zones que nous devrons contrôler, et la façon dont nous le ferons.
Ironforge avait prévu de bâtir des forteresses à intervalles réguliers. Mais ça demanderait trop de ressources et de temps. Les positions que nous avons trouvées avec Highsky permettent d’avoir des forteresses moins nombreuses mais positionnées à des endroits stratégiques qui assureront une meilleure défense que le réseau de forteresses initial.
Le plan original prévoit de prendre possession des zones dans un large périmètre autour de Valgarde et d’avancer sur tous les fronts à la fois. Nous avons remanié ça afin que les troupes prennent des zones clés avant tout et progressent plus vite à l’intérieur des terres. Il est en effet totalement inutile de séparer l’armée et de la disperser partout sur le continent, surtout dans des zones dénuées d’intérêt stratégique et militaire. Mieux vaut concentrer les forces sur quelques points. Par un effet domino, toutes les sous-zones restées en arrière seront sous notre contrôle sans qu’on ait eu à y déployer des forces.

Au bout de 3 heures, lorsque nous nous sommes éloignés du plan de bataille, nous nous sommes rendu compte qu’il n’avait plus rien à voir avec celui qui nous avait été fourni. Nous lâchâmes un petit rire.
« Le Haut-Commandement va tirer la tronche quand il verra ça. » dis-je à Highsky.
« J’ai bien peur qu’il n’accepte pas nos modifications. Ce qui serait catastrophique. »
« Ne pouvez-vous pas intervenir pour soutenir notre plan ? »
« Si, bien sûr. Mais vous savez comment sont ces gars. Ils ont leur fierté. Voir tout leur plan modifié par un pilote de machine volante et un pilote de char à vapeur va profondèment les blesser dans leur amour-propre. »
« Dans ce cas nous devrons convaincre quelqu’un de haut placé, qui se chargera de faire adopter notre plan de bataille. » lançai-je après un moment.
« Pas idiot. Je m’entends plutôt bien avec l’un des commandants, c’est un ancien de mon bataillon. Je pense que je peux peut-être faire quelque chose. »
Nous levâmes nos choppes, qu’un des hommes de Highsky nous avait apporté pendant qu’on planifiait.
« A la victoire ! »
« A la victoire ! » répondis-je.
Nous trinquâmes puis nous nous serrâmes la main. Après quoi je quittai le centre de commandement et regagnai l’auberge.

Je me joins à mes camarades Nains et nous fîmes la fête pour fêter leur départ et me souhaiter bonne chance pour la suite. Ca m’a rappelé le bon vieux temps à Ironforge, lorsque j’étais un tout jeune pilote et que nous nous prenions tous un pot d’adieu avant chaque bataille décisive. Nostalgie quand tu nous tiens…

La lune est haute dans le ciel mais je ne suis pas fatigué. Demain l’armée arrive et mes amis partiront. Demain sera le début d’une grande campagne. Demain sera le jour qui marquera la fin de cette ère et en inaugurera une nouvelle. Les mois qui viendront décideront si cette nouvelle ère sera bénéfique ou non pour les habitants d’Azeroth.

Priez pour nous. Nous ne devrons pas échouer.
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MessageSujet: Re: Journal de Grif   Journal de Grif - Page 2 Icon_minitimeMar 20 Déc - 23:45

Jour 35


Les travaux avancent bien. Les mineurs ont presque fini les tunnels de secours sous le poste de commandement. Les ouvriers (pour moitié des pilotes d’Highsky et pour l’autre moitié des villageois) ont posé les fondations des fortifications, ce qui est le plus dur. Dans moins d’une semaine les fortifications seront finies.
On peut remercier tous les ingénieurs Nains, Gnomes et Humains qui n’ont eu de cesse de développer de nouvelles méthodes de construction tout au long des trois dernières guerres. Les progrès les plus fulgurants ont eu lieu lors de l’invasion du Fléau. La rapidité avec laquelle ce mal se propageait demandait de pouvoir construire des fortifications et des places fortes en très peu de temps.
Alors qu’il y a 50 ans on mettait plusieurs mois pour bâtir une caserne (comme celle de Ménéthil par exemple), aujourd’hui on ne met plus qu’une semaine. Tout dépend du nombre d’ouvriers bien entendu. Car avec 500 personnes, une caserne est construite en trois ou quatre jours, tandis qu’avec 5 ça peut prendre 6 mois… En tout cas la construction en elle-même et les méthodes de récupération et de retravail des matériaux (bois et pierres en fait) sont très rapides et efficaces.
Peut-être même que nous allons arriver un jour à trouver des matériaux de construction encore plus rapides à employer et encore plus efficaces que la pierre…
Je vois bien une sorte de mélange liquide qu’on coulerait dans un coffrage géant et qui durcirait au contact de l’air. On démoulerait alors et on aurait un mur entier dur comme de la pierre et souple comme du bois ! Et peut-être même qu’on pourrait pousser le vice de la construction jusqu’à mettre de la ferraille à l’intérieur pour renforcer le tout…
Fabriquer de la pierre à partir de la terre ! Quel rêve de constructeur !
Faudra que j’en parle aux artisans de Brikabrok quand je rentrerais. Quoique, leur truc c’est plutôt le « tout métal »… Peut-être les maçons de Stormwind alors ?
Enfin bref, ce n’est pas important pour le moment.

Quelques pilotes sont partis en exploration. D’après leurs rapports, il n’y a aucune activité ennemie. Mais ils ne se sont pas trop éloignés de Valgarde, donc qui sait ce qui nous attend.
La base de la Horde, dont nous avions croisé quelques guerriers lors de notre arrivée, a enfin été repérée. En fait ils l’ont construite dans un étroit défilé montagneux le long de la côte. Ce n’est pas sans rappeller Orgrimmar, construite à l’intérieur d’un réseau de ravines.
Les pilotes n’ont pas pu évaluer leurs forces mais leur activité semble nettement infèrieure à la nôtre.
J’espère que nous n’aurons pas à entrer en conflit à nouveau. Eux comme nous, nous avons besoin de toutes nos forces pour survivre ici. Et si ça se trouve, la Horde planifie elle-aussi la conquête de Northrend par l’élimination du Fléau.
Peut-être qu’on pourrait alors unir nos forces comme au Mont Hyjal…
Ha… Mais je rêve. Cette époque est bien loin maintenant. Ceux qui avaient permis à la Horde et l’Alliance de s’allier ne sont désormais plus. Et l’impératif de vaincre le Fléau est moins grand aujourd’hui.
Mais qui sait… En tout cas jamais je n’affronterai d’Orc, sauf en cas de légitime défense. Durant la bataille du Mont Hyjal, ma vie a de nombreuses fois été sauvée par les Grunts de Thrall (peut-être pas toujours volontairement). J’ai une dette envers les Orcs, même s’ils ne le savent pas. Nous avons d’ailleurs TOUS une dette envers les Orcs de Thrall, les Elfes de Malfurion et les Mages de Jaina. Sans ces héros et leurs hommes, nous serions tous morts, cousus dans une abomination, ou bien transformés en goules ou en squelettes. Voire pire…

Comme je n’avais pas grand chose à faire, je suis allé pêcher un peu. J’aurai pu aider les ouvriers, mais je n’en avais pas l’envie. Mon moral n’est pas très haut pour être honnête. C’est à cause d’une accumulation d’évènements plus qu’à une chose en particulière. La disparition de Hrowaka (j’avais encore le réflexe de lancer le poisson derrière moi après l’avoir pêché, afin qu’elle le mange), la mort de mes compagnons, le proche départ de May, la guerre qui se prépare… Je sais que j’aurai pu empêcher ces deux derniers points et rentrer à Ironforge, mais je n’aurai alors jamais pu me regarder dans un miroir. Ma place est ici, auprès de l’armée d’Ironforge. Et je n’aurai la conscience tranquille que lorsque je retirerais ma lame du corps du dernier membre du Fléau.

Alors que je pêchais depuis quelques heures, confortablement installé dans des cordages enroulés, je vis l’horizon s’assombrir. Je crus d’abord que c’était un orage qui s’approchait, mais il n’y avait ni vent ni éclairs au loin. Petit à petit, la ligne d’horizon grossissait.
Alors soudain je les vis. Les navires de l’Alliance. Il y en avait une centaine, voguant en ligne, soulevant des gerbes d’écume sur leurs flancs. Ils approchaient très vite, probablement portés par le vent marin. En une demi-heure ils étaient à quelques encablures de Valgarde.
Highsky, qui avait été prévénu par la sentinelle postée sur le toit du Commandement, s’approchait à grand pas des quais, prêt à recevoir les officiers.
Mais les bateaux restaient au loin. Quelque chose n’allait pas. Highsky ordonna alors qu’on allume des lampes tempête et qu’on envoie des signaux aux navires. Peut-être ne savaient-ils pas si le port était sûr ?
Highsky émis de longues séries de signaux. Mais il n’y eut pas de réponse. Au bout du cinquième essai, nous eûmes enfin un écho. Puis nous vîmes une chaloupe de grande taille être mise à flot depuis le navire le plus proche. Les passagers ramaient en cadence à bon train, très vite la chaloupe vint heurter doucement le ponton d’accostage sur lequel nous nous tenions.
Un Humain monta sur le débarcadère. De grande taille, il était revêtu d’une armure dorée reluisante. Lorsque je vis le bandeau bleu accroché à son épaule je me mis aussitôt au garde-à-vous, aussitôt imité par les autres Nains.
« Bienvenu à Valgarde, Grand Maréchal Sheppard. Sergent-major Highsky, chef d’escadrille de la 501ème d’Ironforge. »
« Repos, Sergent-major. » Il se tourna vers moi. « Et vous, vous devez être le Sergent-chef Wildheart. J’ai entendu parler de vous. »
« C’est un honneur, Grand Maréchal. Mais vous faites erreur, je ne suis que Sergent. »
« Plus maintenant. Vous avez été promu. Et vous dirigerez une section tout en restant sous mes ordres directs. Ce sera ainsi jusqu’à ce que vous soyez tué ou que je trouve mieux. »
« Compris. » répondis-je, stoïque, malgré l’excitation qui s’était emparée de moi.
« Veuillez nous excuser, Highsky. Nous ne savions pas si nous pouvions accoster ou non. »
« Je ne comprends pas, Monsieur. J'avais rendu visite à la flotte il y a deux jours en pleine mer. »
« Je sais. Mais hier soir nous avons croisé au loin une flotte du Fléau qui se dirigeait par ici. Rien ne nous permettait de savoir si Valgarde était encore aux mains de l’Alliance après cela. »
« Une flotte vous dîtes ? Voilà qui est inquiétant, je croyais que le Fléau n’avait aucune activité maritime depuis son repli à Northrend. » affirmai-je, penseur.
« Ce qui fait que nous allons avoir plus de pain sur la planche que prévu. Menez-moi au commandement. ».
Highsky opina et entraîna le Grand Maréchal vers le poste de commandement. Les autres humains de la barque prirent pied sur le ponton et firent signe aux autres navires de débarquer.
Aussitôt les frégates, gallions, destroyers et transports vinrent accoster aux différents pontons de la ville. Très vite il n’y eut plus aucune place disponible. Nous avons même du enlever certains navires de pêche locaux afin de ménager de la place. Malgré cela, certains navires restaient tout de même ancrés dans la baie sans pouvoir s’amarrer.
Les soldats débarquèrent, emmenant avec eux des caisses d’armes, d’armures, de nourriture, de munitions, de poudre et de plein d’autres choses auxquelles je n’ai pas fait attention.
Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas vu un tel défilé ! Il y avait des Nains par centaines, avec au milieu trois fois moins d’Humains. J’aperçus quelques Haut-Elfes, probablement des Mages de Theramore, ainsi qu’une dizaine d’Elfes de la Nuit qui se tenaient à l’écart de l’agitation.
Très vite il régna dans le port un climat de fébrilité palpable. Les hommes étaient soulagés de pouvoir enfin reposer le pied à terre. Les caisses s’amoncellaient sur les docks et il fallu trouver des endroits sûrs où stocker tout ça. Les villageois, pour la première fois depuis des jours, ralèrent lorsqu’on réquisitionna leurs maisons et leurs entrepôts. Mais ils n’osèrent pas protester avec trop de véhémence, les soldats les impressionnaient.
Les officiers ne participaient pas au remue-ménage. A peine débarqués ils allaient vers le centre de commandement, sans même jeter un œil à leurs hommes ou à la ville.
J’ai croisé un Chevalier-champion. C’est la première fois que je voyais un Humain aussi jeune avec un tel grade. Probablement un officier de bureau, le genre à avoir gagné ses gallons sur les bancs de l’académie militaire… Je le sens mal. J’espère que nous avons quand même de vrais combattants parmi tout ça.
J’aperçu de loin une veille connaissance à moi, Jon Askuinn, un Nain Wildhammer qui avait combattu à mes côtés lors de la première invasion des Orcs. Je n’ai pas pu le saluer mais je pense que j’aurai d’autres occasions de le voir. D’après ce que j’ai pu constater, il semblait commander tout un groupe. Peut-être est-il officier. Je le saurai plus tard.

L’auberge étant trop petite pour héberger toute l’armée, des milliers de tentes furent installées dans la plaine située entre les fortifications et la ville. Tout autant de feux de camp brillaient dans la nuit naissante. Vu depuis le toit du Commandement, c’était un spectacle magique et touchant. Tous ces feux symbolisaient des vies, des hommes et des femmes prêts à se battre et à mourir. Des rêves, des ambitions, des volontés, des aspirations… La flamme de ces feux rougeoyait avec autant de force que la détermination de ces soldats.
Combien d’entre eux reviendront en vie ? Tous seront blessés. Ceux qui seront toujours en un seul morceau garderont quand même des séquelles psychiques.
C’est ainsi. La guerre paraît douce à celui qui ne l’a pas vécue. Mais en réalité, ce n’est qu’un gigantesque traumatisme à grande échelle.
La guerre est une abomination. Mais une abomination hélas bien trop souvent nécessaire. J’aimerai que tout puisse se régler par le dialogue et les voies diplomatiques. Mais il y a des fois où les paroles n’ont aucun effet et seule la force peut résoudre les problèmes.

Tant qu’il y aura des hommes, il y aura des guerres.

Bonne nuit.
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MessageSujet: Re: Journal de Grif   Journal de Grif - Page 2 Icon_minitimeJeu 22 Déc - 0:00

Jour 36


Ce matin fut celui du grand départ. Enfin, grand pour moi, pas en réalité. La douzaine de Nains survivants de mon expédition sont montés à bord d’un petit croiseur léger qui les ramènera tout droit à Menethil. Ils devraient arriver d’ici cinq ou six jours, surveillez leur arrivée si le cœur vous en dit !
Je passe sur les séparations. D’une part c’est inintéressant et d’autre part j’ai pas envie d’en parler. Point.
J’ai regardé le bateau partir jusqu’à ce qu’il disparaisse à l’horizon.
Bonne chance à vous mes amis.

Le chantier a considérablement avancé grâce aux soldats. Afin de les maintenir actifs, le Commandement a décidé de les assigner à la construction des bâtiments en plus de leur entraînement quotidien. Les fortifications seront finies plus vite que prévu.
Nous avons monté la lunette d’observation sur le toît du commandement. Nous avons ainsi notre propre observatoire gobelin fait maison. Les Gnomes qui l’ont monté ont déclaré qu’il n’était pas encore tout à fait prêt à l’emploi et qu’il y avait pas mal de réglages à effectuer encore. Le Grand Maréchal Sheppard leur a fait comprendre qu’ils avaient intérêt à se dépêcher s’ils ne voulaient pas faire les reconnaissances en personne plutôt qu’à travers un objectif. J’avoue m’être bien marré en voyant la tête des Gnomes à ce moment-là. L’un d’eux m’a jeté un regard noir mais il s’est vite eclipsé lorsque je le lui ai rendu.

Highsky a réussi à faire avaler le nouveau plan de bataille aux officiers. J’ignore comment il a fait. En tout cas, je lui tire mon chapeau. Mais peut-être qu’après tout les officiers ne sont pas aussi fermés que ça. Ou bien Highsky leur a fait croire que le nouveau plan provenait de stratèges Elfes de la Nuit… Qu’importe.
Des patrouilles ont été organisées autour de Valgarde. D’abord rapprochées, puis de plus en plus éloignées. Elles étaient parfois accompagnées d’une machine volante ou d’un char.
A la fin de la journée nous avons pu sécuriser une large zone autour de la ville et mettre à jour notre carte de façon très précise.
Je pense que les jours à venir seront consacrés à repousser sans cesse les limites de notre zone de contrôle, jusqu’à ce qu’un conflit éclate.
Si tout se passe bien, nous devrions avoir au moins deux forteresses construites pour le mois qui vient. De quoi assurer une défense non-négligeable en cas d’invasion.
L’un des officiers est une Haute-Elfe. Je suis étonné de voir un de ces elfes avec un rang si élevé, mais après tout tous ne sont pas comme les Elfes de Sang. Ca fait plaisir de voir que l’Alliance n’est pas aussi fractionnée et bancale qu’on peut le croire. Certes elle n’a plus son prestige du temps de la première invasion des Orcs, mais elle tient toujours debout et c’est ce qui compte.
Cette dame Elfe a suggéré que nous établissions d’autres rangées de fortifications à l’intérieur des terres que nous contrôlons, en plus des forteresses. Bien que ces murailles ne peuvent pas être toutes surveillées aussi efficacement qu’une forteresse ou qu’une tour de guet, elles devraient permettre de ralentir un envahisseur, ce qui nous permettrait à notre tour de nous préparer à le recevoir. La suggestion fut acceptée à la majorité, mais pas à l’unanimité. L’un des humains ne voulait pas que l’armée perde du temps à empiler des pierres plutôt qu’à se battre.
La construction de tours de guets supplémentaires aux alentours des endroits stratégique a également été proposée, mais les officiers ne sont tombés sur aucun compromis pour l’instant.

Tout ce que j’écris là, je le tiens d’Highsky. Je n’ai pas accès aux réunions. Peut-être que je serai convié à certaines, lorsqu’ils discuteront de choses qui me concernent, comme Ulduar, les Nérubiens ou encore les Tuskarrs.
J’ai passé une partie de la journée avec les hommes qu’on a affecté sous mon commandement. Je n’en connais aucun. Certains sortent tout juste de la Garde Militaire d’Ironforge et ne se sont encore jamais battus.
J’ai commencé par leur faire faire un entraînement improvisé, afin de voir ce qu’ils valent. Ils ne s’en sont pas trop mal sortis. La seule difficulté réside dans le fait qu’ils ne me connaissent pas et ne sont pas enclins à m’obéir facilement. Enfin pas tous. Certains ont entendu parler de la bataille d’Ulduar et me regardent avec l’air respectueux qu’ont les jeunes devant leurs aînés. Pourtant je n’ai que 121 ans, ce qui est encore jeune !

Les prochains jours risquent d’être répétitifs et monotones. Je pense même que nous n’aurons pas à sortir nos épées de nos fourreaux avant un long moment.

Je vous écrirai lorsque ça deviendra intéressant. Sachez toutefois que s’il devait m’arriver quelque chose je vous le ferai savoir d’une façon ou d’une autre. Donc ne vous en faites pas si vous ne voyez rien venir.
Qui plus est, ma réserve de feuilles est épuisée et je vais avoir du mal à m’en procurer. L’encre c’est plus facile, je peux la fabriquer avec un mélange de charbon, d’eau et de tanin (que je tire de la sève des conifères qui poussent par ici). Ce n’est pas de l’encre de grand luxe mais ça me permet d’écrire.
Quand à ma plume, elle est toujours en bon état. Au pire, n’importe quelle petite tige fera l’affaire.

Bref, j’ignore quand je vous écrirai à nouveau. Aussi je vous souhaite de joyeuses fêtes du Voile d’Hiver ainsi que chance et courage pour vos entreprises.

Que les Esprits soient avec vous.
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MessageSujet: Re: Journal de Grif   Journal de Grif - Page 2 Icon_minitimeVen 30 Déc - 20:07

Jour 68


Bonjour à vous tous. Cela fait un mois que je ne vous ai pas écrit. Nous avons été très occupés ici. Les travaux nous ont demandé tout notre temps. Et puis plus nous avancions dans les terres, plus nous rencontrions des obstacles, comme des bêtes sauvages, des tribus de Scorpides ou de Magnataurs, mais aussi des éboulements, des crevasses et des ruines elfes (!) qu’il nous fallait conserver. Sans parler des intempéries. Nous avons eu une semaine de gel qui nous a fait perdre du temps et a bousillé un peu de matériel.
Il y a eu des combats mais pas autant que ce que je craignais. Nous avons quand même perdu 5 hommes en tout. Dans l’ensemble le Fléau semble être dans un état végétatif ou du moins il ne semble pas inquiet de notre avancée. Peut-être que les combats à venir seront plus faciles que prévus. Mais il ne faut pas vendre la peau du Furbolg avant de l’avoir tué.

Un mois après ma dernière missive voici où nous en sommes.
Valgarde est entièrement fortifiée. Nous avons construit des casernes pour loger les soldats ainsi que quelques bâtiments pour les autres membres de l’armée. Des écuries, une tour des mages, une forge, une scierie…
La ville est ceinte de deux remparts entre lesquels se trouvent de profondes douves. Un pont en bois massif permet la jonction entre les deux. Relever le pont permet de se protéger de toute intrusion. Du moins pour un temps. Rien au monde n’est imprenable. Il y a toujours une faille quelque part.
Le littoral a été pourvu de nombreux canons. Si des navires ennemis tentent de nous prendre à revers ils seront envoyés par le fond avant même de s’approcher assez près pour se rendre compte qu’ils sont condamnés.
La flotte de l’Alliance est rentrée au pays. Elle nous a laissé que quelques destroyers en renfort. Je ne pense pas que nous en aurons besoin mais c’est toujours bon de les avoir.
A deux kilomètres de Valgarde, nous avons édifié une autre ceinture de pierre. Celle-ci est entrecoupée de massifs rocheux qui agissent eux-mêmes comme des murailles. Nous avons construit des tours de guet à leurs sommets afin de voir venir l’ennemi.
A intervalles réguliers nous avons ajouté des barricades et des pièges (comme des champs de mine et des fosses). Les routes ont été déblayées et restaurées.
Plus profondèment dans les terres, nous n’avons pas pu faire de murailles, car cela aurait demandé trop de temps et de travail. Nous avons cependant construit des petites forteresses aux points prévus par Highsky et moi-même. Rien d’aussi complexe qu’à Valgarde, mais assez bien pour abriter les troupes de passage et tenir la zone.
Les Tuskarrs ont refusé que nous construisions sur leurs terres. Ils sont conscients des enjeux et de nos volontés, mais elles sont sacrées et ils ne tiennent pas à conserver des traces de notre passage lorsque nous aurons gagné la guerre.
Comme je les connais, j’ai réussi à les convaincre de nous laisser construire quelques tours de guet aux limites de leurs terres. Ce n’est pas grand chose mais nous pourrons voir venir l’ennemi s’il avance par là. Yaktuk me fit promettre que les tours seraient démantelées lorsque le Fléau serait éradiqué.
Afin de montrer leur bonne volonté, les Tuskarrs ont édifié des fortifications en bois autour de nos tours et aux zones les plus sensibles de leurs terres. Nous avons également négocié la circulation des troupes. Nous ne passerons pas par leurs terres et eux ils s’occupent de leur propre défense. Ils sont également prêts à nous aider si les combats ont lieu près de chez eux.
Les Tuskarrs sont des gens généreux et altruistes mais ils savent faire la part des choses entre leurs intérêts et ceux des autres. J’espère que lorsque l’Alliance s’étendra sur ces terres (si nous gagnons la guerre), les Tuskarrs n’en souffriront pas.

Les troupes semblent prêtes. Le froid les endort légèrement mais nous, les officiers, nous savons comment les maintenir actifs. Les petits combats périphériques que nous avons menés ont permis de maintenir la flamme de la combativité toujours allumée dans leurs yeux.
Depuis quelques jours les troupes sont difficilement tenables. L’approche du grand combat les rend fébriles. Ils semblent très confiants et ont hâte de dérouiller du Fléau. J’entends déjà parler de « Hyjal 2 ».
J’essaie de faire comprendre à mes hommes que la guerre qui nous attend n’est pas un jeu et que les conditions sont bien différentes d’Hyjal. Mais ils sont trop confiants. Et ils oublient facilement que ce sont les Esprits des Ancêtres Elfes qui ont stoppé la légion et non nos troupes.
J’essaie également de ne pas être trop durs avec eux. Qu’ils profitent de leurs bons moments ici, bientôt ils n’auront plus vraiment l’occasion de rire.
Nous allons partir d’ici deux heures. Les hommes nettoient leurs armures et font reluire leurs épées. Leur regard est déterminé.
Un long voyage nous attend dans les terres glacées de Northrend. Les machines volantes ont pu déterminer avec une bonne précision la position des terres envahies par le Fléau. En revanche nous ignorons sur quelle distance elles s’étendent. Le meilleur pilote d’Highsky a bien tenté d’aller le plus loin possible en reconnaissance mais il n’est pas revenu. Espérons que le Fléau ne se doute de rien. Si le pilote a été pris vivant, il y a des chances pour qu’il se soit suicidé au poison avant d’être interrogé. Mais nous ne savons pas si le Fléau peut obtenir des infos d’un mort ramené à la vie.
En tout cas nous estimons que les terres du Fléau entourent Icecrown sur un large périmètre.

Tous les sous-officiers et les officiers se sont réunis dans le hall de ville de Valgarde il y a une heure. Le Grand Maréchal Sheppard a prononcé un discour touchant qui nous a rappelé à quel point cette guerre est importante et la défaite inconcevable.
Une caisse de réserve spéciale de Sombrelune a été ouverte et nous avons trinqué. A l’Alliance !

Je dois également me préparer. Comme je ne pilote plus de char, j’ai une armure à porter et non plus une simple combinaison. Mon armure noire a été renforcée par les forgerons de l’armée. Mon épée a été polie et mon fusil a gagné en puissance de feu. Les forgerons étaient impressionnés par ma Wyrmslayer et ils ont voulu savoir d’où elle provenait. Je ne leur ai rien dit, mais pour être honnête j’ignore réellement sa provenance. Les Tuskarrs ne m’ont rien dit à ce sujet. Si ça se trouve c’est une épée Titan.
Je me sens plus fort que jamais.

Nous n’avons pas de monture. Seul les plus hauts officiers ont un cheval. Toutes les montures qui étaient disponibles servent actuellement à Alterac, où Stormspike mène une lutte insensée contre les Frostwolf. Quel dommage ! Voilà ce que j’appelle une mauvaise gestion des ressources. Je dirais même un gaspillage ! Fichez la paix aux Frostwolf, nous avons une lutte bien plus importante à mener ici que diable ! Cet acharnement contre la Horde est puéril.

Bon, je n’ai pas de temps à perdre. Je tenais juste à vous informer que nous partons. Je vous tiendrais au courant des évènements prochain, dans la mesure du possible.
Ancêtres, Elune ou Lumière, si vous y croyez, priez-les ! Ici notre courage et notre détermination seuls ne suffiront peut-être pas.

Adieu et bonne fin de fêtes du Voile d’Hiver.
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MessageSujet: Re: Journal de Grif   Journal de Grif - Page 2 Icon_minitimeJeu 2 Fév - 0:34

L'ASSAUT D'ICECROWN
Partie 1


Les dernières semaines ont été parmi les plus terribles de mon existence. La guerre à Northrend était au-delà de ce que nous pouvions imaginer. L’Alliance a connu un nombre incalculable de batailles qui se sont soldées soit par une victoire soit par un échec. Et je pense que les batailles que nous avons menées ici étaient de trop. Notre assaut sur le continent gelé était prématuré. Nous n’étions pas prêts à affronter le cœur même de la plus grande menace reposant en ce monde. Sans parler du fait que l’Alliance combat sur plusieurs fronts, Silithus étant l’un des fronts majeurs.
Aller à Northrend était une erreur. Nous étions trop confiants en nos capacités suite à la victoire au mont Hyjal. Et qui aurait pu deviner que les pouvoirs du nouveau roi liche Arthas étaient si puissants ? C’est à se demander s’il existe en ce monde une magie plus puissante qui pourra nous délivrer de ce mal…
En attendant de connaître la mort ou pire, vivons longtemps et prospères.

Vous comprendrez mieux tout cela lorsque je vous aurai narré les dernières semaines. Sachez que pour l’instant je suis à l’abri mais j’ignore pour combien de temps. Je mets le temps qu’il me reste à profit pour vous écrire, que vous sachiez ce que j’ai vécu et pour que le monde sache ce qu’il s’est passé ici, au cas où nous ne revenions pas.

Nous étions partis 68 jours après mon départ de Ménéthil. Nous formions une large cohorte hétéroclite où les paladins cotoyaient les archers tandis que des chars à vapeur fermaient la marche, survolés par des machines volantes.
La marche fut longue mais sans embûche. Nous dépassions petit à petit chacune de nos défenses au fur et à mesure que nous nous enfoncions dans les terres glacées de ce continent maudit. Arrivés au dernier rempart, nous fîmes une halte et l’armée pu s’organiser en marche offensive.
Nous repartîmes au lever du jour, l’arme au poing, le regard vaillant. Nous traversâmes des zones que les éclaireurs n’avaient pas pu couvrir. La nature semblait fuir devant nous, il n’y avait aucune trace d’animaux ou d’ennemis. Nous nous sentions invincibles.
En descendant dans une vallée, nous aperçumes de la fumée au loin. Une enquête plus poussée révèla qu’il s’agissait de la Horde aux prises avec une armée du Fléau équivalente à la moitié de nos effectifs.
Une vive discussion s’ensuivit sur ce qu’il fallait faire. Les représentants de Stormwind tenaient absolument à ce qu’on attende la fin du combat et qu’on écrase les survivants, quels qu’ils soient. D’autres, plus éclairés, proposaient qu’on aille donner un coup de main à la Horde en espérant qu’ils rejoignent ensuite nos rangs pour notre assaut sur Icecrown.
Le débat fut agité et finalement il fut décidé d’attendre la fin du combat et de voir qui s’en était tiré. Il s’avèra que ce fut la Horde. Leurs pertes avaient été très lourdes et ils étaient affaiblis mais ils avaient triomphé d’une armée trois fois plus importante que la leur.
Une délégation fut alors envoyée pour parlementer. La Horde refusa de nous rejoindre mais pour nous prouver sa bonne foi (et s’épargner notre ire, ce qui aurait été fatal pour eux) elle nous fournit des renseignements très utiles sur la région, notamment la position des différentes places-fortes ennemies.
Nous les laissâmes là et nous partâmes, retenant quelques têtes brûlées (vides) pressées d’en découdre avec la Horde.
Avec les renseignements nouvellement acquis, nous pûmes mettre en place une stratégie. Nous allions attaquer plusieurs forteresses en même temps dans un large mouvement circulaire visant à encercler Icecrown qui était bel et bien (d’après les Orcs) le siège du Fléau en ces terres.
L’armée se scinda en trois bataillons qui prirent chacun une route différente. Mon bataillon se dirigea vers les côtes sud. Nous longeâmes l’océan sur une courte distance avant d’être environnés d’un brouillard verdâtre comme ceux qui planent encore au dessus des Plaguelands.
Après une journée de marche nous nous heurtâmes enfin au Fléau. Leurs armées étaient à l’abri dans leur vaste camp pour une raison que nous ignorions. En effet, leur nombre se révèla être si élevé qu’on s’est longtemps demandé ce que le Fléau attendait pour s’emparer du continent entier.
La première bataille d’Icecrown, comme nous l’avons ensuite appelée, fut sanglante. Les ziggourats ennemis faisaient des ravages dans nos rangs avant même que nous soyons au contact avec les troupes ennemis. Les chars à vapeur firent taire les plus proches tandis que les machines volantes bombardaient la masse grouillante et gémissante de morts qui s’avançait vers nous, afin que nous puissions resserrer les rangs.
Le reste du combat est un mauvais souvenir que j’évoquerai peut-être un jour. Vous comprendrez qu’il est difficile de se remémorer sans ciller le terrible souvenir de ses amis tombant à ses côtés et se relevant pour vous tuer. Maudits soient tous les nécromants !
Mais à force de détermination, nous réussîmes à mettre à bas la nécropole du Fléau. L’endroit gardait cependant une atmosphère pestilente et morbide. Nous ne prîmes même pas la peine de brûler les morts, nous nous déplaçâmes le plus vite possible loin du champs de bataille et nous érigeâmes un camp.
Les machines volantes allèrent aux nouvelles. Les autres armées avaient aussi été victorieuses mais au prix de pertes irrémédiables. Le Grand Maréchal était tombé, ce qui avait infligé un sacré coup au moral des troupes. Seule la détermination et la volonté de vivre des Nains d’Ironforge pu mener l’armée à la victoire.

Nous passâmes quelques jours sur nos positions, le temps de nous remettre du dernier combat et afin de laisser le temps aux blessés d’être suffisament d’aplomb pour continuer notre périple. Entre temps le champs de bataille avait été brûlé afin de limiter la propagation de la Peste qui était née des cadavres comme une nuée de vers sortant d’une pomme pourrie.
D’après nos informations, nous avions pris la moitié des forteresses entre Valgarde et Icecrown. Il s’avèra par la suite que bien que les forteresses restaient peu nombreuses, leurs garnisons firent passer nos dernières batailles pour des escarmouches.

Jamais de ma vie je n’avais vu une telle concentration de constructions du Fléau. Aussi loin que portait le regard il y avait des abattoirs, des nécropoles, des cryptes… Les eaux étaient vertes (pour peu que ce fût de l’eau) et une odeur de mort planait à des kilomètres à la ronde.
Mais le plus inquiétant était la foule noire de goules, de squelettes, d’abominations et autres horreurs qui s’étalait à nos pieds. Du haut de la montagne où nous nous trouvions, c’était le spectacle le plus écoeurant qu’il m’ait été donné de voir. Ce fût pire lorsque j’y mis le pied.

Le combat dura quatre jours. Tantôt nous infligions des pertes monumentales au Fléau et nous avancions dans ses terres, tantôt il sortait de nulle part des colonnes entières de goules qui se jetaient sur mes camarades pour les dévorer vivants. Ce mouvement de va et vient usa très vite les nerfs de nos soldats et nous comptâmes plusieurs désertions. La nuit, des démons des cryptes sortaient du sol sous notre campement et entraînaient des tentes avec leurs occupants dans les lymbes du monde souterrain. Nous dûmes redoubler d’imagination pour créer nos défenses.
A la fin du dernier jour de combat j’étais méconnaissable. Mes bras ne voulaient plus bouger tant j’avais soulevé et abattu mon épée au cours des derniers jours. Mes muscles hurlaient pour avoir du répit et mes nerfs s’étaient bloqués. J’arbore également 5 nouvelles cicatrices. Si on se revoit un jour je vous les montrerais. J’ai failli choper une maladie transmise par les goules. Par chance les médecins de notre bataillon sont très compétents et je n’ai plus rien à craindre.
Tous les hommes de mon escouade sont morts. Je les ai vu tomber les uns après les autres. Des morts horribles… L’image de leurs visages déformés par la terreur restera à jamais gravé dans mon esprit.
Les éclaireurs ont apporté les nouvelles des deux autres groupes. L’un des deux avait été exterminé sans avoir pu prendre la forteresse ennemie. L’autre groupe avait gagné mais ne possédait plus assez de troupes pour mériter le nom d’armée.


Dernière édition par le Jeu 2 Fév - 16:20, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: Journal de Grif   Journal de Grif - Page 2 Icon_minitimeJeu 2 Fév - 0:35

L'ASSAUT D'ICECROWN
Partie 2

Partie 1 ici


Nous fîmes halte cette fois pendant une bonne semaine. Le moral ne remontait pas mais les blessures cicatrisaient, ce qui était toujours ça de gagné. Les deux armées firent la jonction au matin du septième jour et les hommes furent heureux de voir des visages familiers.
Le bilan était lourd. Très lourd. Nous n’étions plus que le dixième de la force partie de Valgarde quelques semaines auparavant. Nous n’étions même pas sûrs d’être capables de prendre la dernière forteresse. Les dernières machines volantes qui nous restaient nous fîmes un rapport épouvantable des défenses de cette dernière. Par chance, si on peut appeler ça de la chance, les troupes du Fléau s’étaient repliée à Icecrown, ne laissant que quelques garnisons sur place.
La mort dans l’âme, les officiers nouvellement promus décidèrent de mener le troisième assaut contre Icecrown en prenant cette dernière forteresse. Je fus promu Chevalier et mis à la tête d’un grand groupe de guerrier. Les hommes sous mon commandement semblaient fiers de m’avoir pour dirigeant et étaient rassurés à la vue de ma Wyrmslayer. Mais je leur fis comprendre que avec ou sans moi il leur fallait se battre ensemble et toujours aller plus loin dans les combats.
Avant de partir, nous arrêtâmes un petit groupe de déserteur qui désirait rejoindre Valgarde pour se faire la malle. Nous fûmes secs : ils furent tous exécutés. Ne me blâmez pas. Si vous aviez vécu ne serait-ce que le quart de ce que j’ai vécu, vous seriez venus vous-mêmes à de telles extrêmités. Je ne suis pas fier d’avoir contribué à la mort de ces hommes. Mais c’était nécessaire pour que le reste de notre armée garde sa cohésion. Il ne faut pas qu’en plein combat nos troupes se mettent à fuir dans tous les sens. Pour le coup nous serions tous morts avant même d’avoir fait une lieue.

Nous nous sommes donc rassemblés et nous nous sommes mis en marche vers la dernière forteresse. Je me souviens parfaitement de tout. Il faisait un froid terrible, une brume s’était posée sur le sol et on y voyait pas à cent mètres. Nous savions que nous approchions car petit à petit la puanteur et la pourriture verte devenaient plus denses. Puis nous débouchâmes sur un vaste goulet surmonté de hauts à-pics. A l’intérieur s’étendait la forteresse. Elle était bien moins importante que celles sur lesquelles que nous avions déjà marché. Un moment, je me demandais comment le troisième groupe avait fait pour échouer.
Lorsque l’affrontement débuta je compris immédiatement. Le Fléau se servait des promontoires rocheux nous environnant pour nous balancer à la tête tout ce qu’ils avaient sous la main. Je dus user de mes meilleurs réflexes pour éviter les projectiles. Lorsqu’une tête d’Elfe s’écrasa avec un bruit mou dans la neige à mes pieds je ne pus retenir un haut-le-cœur. Je me mis à vomir sans retenue au sol. C’était de trop. Entre les pluies de tripes, de pierres bouillantes, de bras et de jambes, je crois que j’en avais vu assez pour toute une vie, aussi longue soit-elle.
Reprenant mes esprits, je me lançai au contact suivi de près par mes hommes. Le choc fut terrible et la danse des épées commença. Ma Wyrmslayer volait de corps en corps, coupant en deux une goule ici, faisant sauter la tête d’un nécromancien par là… Je tapais tellement qu’à un moment ma vision se brouilla. Je dus me concentrer sur ma vision intérieure pour affronter l’ennemi.
Je me dis souvent que si je n’étais pas tombé sur les Tuskarrs, je serai probablement mort une centaine de fois. Je leur dois tout… L’état Berserk, la vision intérieur, la Wyrmslayer…
Alors que nous achevions les derniers morts-vivants, nous vîmes une foule sortir à pas lent de la nécropole. Une masse grise informe, avançant d’un pas assuré vers nous. Nous nous n’étions pas encore remis du combat, c’était hébêtés que nous observions le funèbre cortège se dérouler devant nous.
Arrivé à une cinquantaine de mètres de notre formation, nous vîmes avec le plus grand effroit ce dont il s’agissait : la troisième armée. Décharnée… Délabrée… Morte.
D’un coup d’œil j’eu la confirmation de ce que je craignais. Les hommes étaient terrifiés. Affronter ses propres camarades morts-vivants, c’est quelque chose que je ne souhaite à personne. J’en avais déjà fait les frais lors de la première bataille, lorsque mes propres hommes s’agrippaient à mes chevilles pour m’arracher la peau. C’était avec des hurlements de douleur que j’abattais mon épée sur leurs crânes.
Je tentais de revigorer mes troupes, mais ils étaient paralysés. Plus le cortège s’approchait plus l’horreur grandissait. Leur peau était grise, leurs yeux rougeoyaient. On aurait dit des Réprouvés tant ils avaient l’air humain tout en paraissant aussi décrépis que possible.
J’entendis des cliquetis d’armes, les hommes laissaient tomber leurs épées. Certains se jetaient à genoux et imploraient. Seuls les plus vaillants étaient prêts à se battre, mais leur regard reflétait le désespoir. J’ignore quelle mine je devais avoir mais je suis sûr que je me serais fait peur.
D’un commun accord de la tête, une partie des hommes et moi-même nous nous élançâmes contre l’armée funêbre afin de porter le champs de bataille aussi loin que possible de ceux en état de choc ou incapables de se battre.
Les Nains, les Humains et les Elfes avaient beau être morts ils conservaient toutes leurs abiletés. Ils semblaient même plus forts. Et l’absence de tout sentiment faisait d’eux des soldats parfaits. Pas étonnant que la Légion ait choisi ce moyen pour asservir Azeroth.
Le combat fut rude, nous étions épuisés et l’adversaire que nous affrontions nous renvoyait notre propre passé à la figure. C’était aussi dur mentalement que physiquement. Que pouvions-nous à deux douzaines contre une demi-centaine ?
Je compris alors que c’était notre dernière bataille. D’une façon ou d’une autre nous allions tous mourir ici. Autant que ce soit avec honneur ! Poussant un cri de rage, je repris un peu du poil de la bête et me mis à taper aveuglèment. Je ne prêtais même plus attention au visage de mes anciens alliés, figés dans une mort muette.
Mais cette maigre détermination vola en éclat lorsque je vis mon adversaire suivant. Highsky, mon vieux compagnon. Je poussai un cri de désespoir. Je ne pouvais pas, c’était au-delà de mes forces. Je laissai à mon tour tomber mon épée et mes genoux heurtèrent le sol, soulevant une fine pellicule de neige. Tout semblait si irréel… Que je meure maintenant ou dans cent ans, ça n’avait plus aucune importance. Je voulais que tout finisse, que cette horreur ait une fin. Maintenant !
Dans un dernier sursaut de lucidité je levai le regard vers Highsky. Le sien était éteint. Ce n’était plus le brave Nain que j’avais connu mais un mort-vivant sans âme. Je le vis lever lentement sa hache, prêt à l’abattre sur mon pauvre crâne.
Mais il n’eut pas l’occasion de le faire, un javelot lui traversa une tampe et ressorti par l’autre. Il s’effondra avec un bruit mat sur le sol. Je mis une minute entière à comprendre ce qui venait de se passer. Autour de moi les morts-vivants s’écroulaient un à un, tantôt fauchés par une lance ou par une flèche. En me relevant je vis un groupe d’Humains morts griller sur place lorsqu’un éclair les foudroya tous ensemble.
Je me retournai vivement. A l’entrée de la vallée se tenait une immense armée de la Horde. Du vert, du bleu, du brun… Et une pluie instoppable de projectiles, physiques ou magiques.
Mon cœur fit un bond, si haut qu’une nouvelle nausée me terrassa. Lorsque je me remis, la Horde s’était avancée vers nous et les morts-vivants étaient tous neutralisés.
Mes compagnons avaient vu ce qui s’était passé et se relevaient à leur tour. Je vis un Tauren colossal briser les rangs et s’avancer vers nous. Instinctivement, mes hommes portèrent la main à leur épée. Mais ils s’arrêtèrent lorsque le Tauren fit le geste universel pour la paix : une main tendue en avant, le bras replié.
« Qui est le chef ? » demanda-t’il d’une profonde voix grave avec un accent guttural.
Un rapide coup d’œil m’appris que j’étais le plus haut gradé.
« Moi… » repondis-je en déglutissant avec difficulté. J’avais encore dans la bouche un goût de bile et de sang désagréable.
Il fit un signe de la tête et donna un ordre à ses hommes. La forteresse du Fléau fut réduite en cendres tandis que nous étions conduits loin du champ de bataille.


Dernière édition par le Dim 12 Fév - 22:57, édité 5 fois
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MessageSujet: Re: Journal de Grif   Journal de Grif - Page 2 Icon_minitimeJeu 2 Fév - 0:35

L'ASSAUT D'ICECROWN
Partie 3

Partie 2 ici


Des Orcs à la mine farouche nous jetèrent des vivres, comme si ça leur en coûtait de faire ce geste. Puis des Trolls se mirent à incanter et nous nous sentîmes mieux.
Le Tauren revint et me figne de le suivre. Ce à quoi j’obéis sans broncher.
Il me fit entrer dans une hutte et pris place sur un tronc d’arbre. Le spectacle qu’il offrait paraissait presque grotesque mais je n’étais pas du tout d’humeur à plaisanter.
« Je sais tout ce qu’il s’est passé. Nous vous surveillons depuis que vous avez franchi vos limites de territoire. Et encore plus après notre combat dans la passe de Stillfrost il y a plusieurs lunes, où vous étiez présents. »
Je baissai la tête. Même si j’étais de ceux qui avaient voulu aider la Horde, rien de ce que je dirais ne pourrait le prouver. J’étais là en tant que membre de l’Alliance et je serai considéré comme tel. Qu’il en soit ainsi.
« Mais le combat que nous menons est bien plus important que de stupides querelles entre nos deux factions. C’est pourquoi nous avons empêché votre extermination. »
« Au nom de mon peuple, je vous remercie infiniment. »
« Oublies ça. » Il se leva. Il prit une pipe en bois et l’alluma. Il tira dessus un moment puis reprit la parole.
« Nous avions prévu d’assiéger Icecrown depuis un moment. Nous avons passé des mois à organiser des troupes, former des jeunes et rassembler le matériel. Nous pensions passer à l’action d’ici quelques semaines, mais vous avez précipité les choses. »
Il fit une pause.
« J’admire ce que vous avez fait toutefois. Vous êtes parvenu à anéantir toutes les défenses du Fléau autour d’Icecrown. »
« Mais à quel prix… » lâchais-je malgré moi. Le Tauren hocha gravement la tête.
« Le combat ne fait que commencer. Je sais que vous êtes affaiblis. Mais tant que vous serez sous notre protection vous ne risquez rien. »
Avec de tels mots, n’importe quel officier de l’Alliance aurait ri au nez du Tauren. Par fierté et par pure imbécilité.
« Nos forces ne sont pas aussi importantes que les vôtres. C’est pourquoi je voudrais te faire une offre à toi ainsi qu’à tes hommes. »
Je tendis l’oreille.
« Battez-vous à nos côtés. Aidez-nous à combattre le Fléau, comme il y a quatre ans. Je vois à ton regard que tu sais de quoi je parle. Peut-être y as-tu participé ? »
« En effet. J’étais pilote de char à l’époque. Aujourd’hui je suis Chevalier. »
« Dans ce cas tu comprends en quoi mon offre est importante, pour vous comme pour nous. »
Je hochais la tête. Après un soupir, je pris la parole.
« J’en parlerai aux autres. En ce qui me concerne, j’accepte votre offre. (J’évitais de le tutoyer. Je sais que le tutoiement est une marque de respect chez les Taurens, mais son impressionnante noblesse m’empêchait d’être « familier » avec lui). Mais vous comprenez que je ne peux pas forcer mes hommes à aller à la mort après ce qu’ils ont traversé. »
Le Tauren me sourit. Ca faisait bizarre. J’évitai d’attarder mon regard sur lui, afin de ne pas le vexer.
« C’est une sage décision, Nain. Au fait, l’urgence de la situation m’a fait oublier la politesse. Je suis Griefhorn, du clan Thunderhoof. »
« Griffith Wildheart, d’Ironforge. Mais appelez-moi Grif.»

De retour auprès de mes hommes je m’encquis de leur état. Il y avait de nombreux blessés mais la médecine des sorciers-docteurs Trolls accomplissait des miracles sur eux. Les autres avaient le regard vague, comme s’ils ne se souciaient plus de rien. Je pris place sur un banc.
« Messieurs, ces derniers jours ont été éprouvants. Vous vous êtes tous comportés en héros. Vos ancêtres seraient fiers de vous. »
Une faible lumière brilla dans le regard de certains. Je me rendis compte alors qu’il n’y avait que des Nains. Tous les Humains et tous les Elfes avaient donc été exterminés ? Dans un sens, ce n’est pas surprenant étant donné leur faible nombre. Dans une armée majoritairement naine, il semble finalement logique que les seuls survivants soient Nains.
« Vous avez connus les pires batailles possibles. Vous êtes allés au fond de l’horreur et vous en êtes revenus. Nous avons tous perdus un grand nombre de nos camarades. Et nous n’avons plus assez de larmes dans nos corps pour les pleurer. »
Je fis une pause. Je ne savais pas du tout quoi dire. Ma tête me faisait mal, j’avais l’impression que Kazgoroth lui-même s’en servait pour forger. Mais ces hommes avaient besoin de quelques paroles de réconfort.
« La Horde nous accorde son hospitalité. Ce sont nos amis. » Quelques Nains tiquèrent. « S’ils avaient voulu nous tuer, ils l’auraient déjà fait, non ? » Les mêmes Nains baissèrent la tête.
« Si nous voulons partir nous en sommes libres, bien que nos chances de survie dans ces contrées soient faibles. Mais ils nous proposent aussi de donner à nos morts une signification en les accompagnant à Icecrown. »
Les Nains se levèrent, épouvantés et des gémissements montèrent. L’un des Nains perdit la tête et se jeta sur un Orc en lui hurlant « N’y allez pas ! N’y allez pas ! ». L’Orc ne comprenait pas un traître mot et il repoussa violemment le Nain qui s’écrasa contre un banc où il resta à sangloter jusqu’à la fin de la journée.
« Je n’obligerais aucun d’entre vous à accepter cette alliance. Sachez cependant que quelle que soit votre décision vous êtes à l’abri ici. »
L’un des Nains, que je connais plutôt bien depuis Valgarde me regarda.
« Toi… Tu vas y aller, pas vrai ? »
D’un coup je fus projeté un mois plus tôt dans l’auberge de Valgarde. Mes compagnons explorateurs m’entouraient et je leur annonçais que j’allais partir en guerre. Je voyais leurs visages avec détails, comme si j’étais sur lieu de cette vision.
« Grif ? »
Je redescendis sur terre.
« Je pense que je vais y aller. Pour plusieurs raisons, dont certaines personnelles. Vous n’êtes pas obligés de me suivre. »
Les Nains étaient pensifs. Certains tremblaient. Je sentais qu’ils ne voulaient pas retourner au combat. Et je ne leur en voulais pas.
L’un des Nains, un solide guerrier qui arborait une horrible balafre sur toute la partie droite de son visage, se leva.
« Je t’accompagne. Si nous pouvons mettre un terme à toutes ces atrocités, alors j’aiderai. »
Un autre Nain se leva.
« Je ne veux pas y aller. Mais j’ai perdu mes deux frères dans cette guerre. Je les vengerais ou je mourrais. »
« Ma hache est au service de la Horde. »
« Pour Ironforge ! »
A ma complète stupéfaction, la quasi-totalité des Nains se levèrent. J’étais persuadé que j’allais encore laisser derrière moi des compagnons. Ce dévouement m’arracha une larme d’émotion.
« Je vous remercie. Je ferais part de notre décision à leur chef demain matin. »
Je jetais un œil sur les 5 Nains qui ne s’étaient pas levés.
« N’ayez pas honte, mes amis. Après ce que vous avez traversé vous méritez amplement ce repos. Cependant vous savez que vous ne pouvez pas quitter ce camp. Aussi si vous n’allez pas vous battre, je vous serai reconnaissant d’aider la Horde du mieux que vous le pourrez. »
Les Nains hochèrent lentement la tête ou grognèrent.
Nous bûmes et nous mangeâmes puis nous allâmes nous coucher sous les tentes mises à notre disposition par les Orcs.

Demain j’irais parler à Griefhorn. J’espère aussi avoir le moyen de contacter Valgarde et de prévenir la garnison en faction. Il faut qu’ils sachent ce qu’il s’est passé et ce qui va arriver.
Nous verrons ça demain.


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MessageSujet: Re: Journal de Grif   Journal de Grif - Page 2 Icon_minitimeJeu 2 Fév - 16:16

L'ASSAUT D'ICECROWN
Partie 4

Partie 3 ici


L’air froid du matin me tira doucement du sommeil. Une fine lumière filtrait à travers les parois de la tente. Je me levais et sorti de mon abri. Le campement de la Horde m’apparaissait désormais de façon plus claire maintenant que j’avais eu un peu de repos. Il y avait toute sorte de constructions. Ce qui est marrant avec la Horde, c’est que chaque espèce conserve plus ou moins ses méthodes de construction. Ce qui fait qu’un tipi tauren niché entre une tente orc et une cabane trolle était quelque chose de fréquent. Dans l’Alliance, nous avons tous les mêmes tentes, qu’on soit Nain, Humain ou Elfe.
Je décidai de faire quelques pas dans le campement. Les Orcs s’activaient, ils rassemblaient des affaires où s’entraînaient. Le camp était vivant. La guerre semblait tout d’un coup très loin.
J’arrivai à un moment devant une petite arène symbolisée par un cercle de terre à l’intérieur duquel s’affrontaient deux Orcs massifs uniquement vêtus d’une culotte en peau d’ours. La lutte qui s’engageait entre eux-deux était aussi violente qu’impressionnante. Tous les coups étaient portés. A chaque fois que l’un des asssaillants était projeté au sol, c’est tout ce dernier qui tremblait. On aurait dit un combat de Titans des origines rejoué par deux créatures issues d’un autre monde.
Finalement l’un des Orcs, le visage comprimé, tapa trois fois du poing au sol et le combat fut stoppé. Les deux Orcs se tapèrent dans le dos en rigolant et allèrent se désaltérer. Puis ils furent remplacés par un autre duo.
Un peu plus loin j’arrivai devant des écuries. Des loups immenses s’y reposaient. Ils étaient tous plus grands que moi et je suis sûr que la seule force de leurs mâchoires aurait suffi à me couper net en deux. Peu rassuré, je mis une certaine distance entre les bêtes et moi.
Je continuai ma petite visite. Parfois on me regardait d’un air mauvais, d’autres fois on m’ignorait totalement. Je vis un Troll me sourire de façon très étrange et je compris pourquoi lorsque je vis la collection de tête réduites barbues qui pendait à sa ceinture. Un chasseur de tête, avec une prédilection pour les Nains.
Je commençai à avoir faim. Une odeur de chair grillée monta à mes narines et me dirigea tout droit à ce que je compris être les cuisines. Des pièces de viande de grande taille (du kodo ?) étaient étalées sur des tables et débordaient de caisses. Vu la physionomie impressionnante des Orcs et des Taurens je comprends qu’il leur ai fallut du temps pour rassembler leurs vivres. J’appris par la suite que les guerriers se nourrissaient en fait peu mais qu’ils avaient le droit une fois par semaine à un repas aussi copieux que celui que j’avais devant les yeux. Tu parles d’une vie austère !
Je fis comprendre à l’un des bouchers que j’avais faim et il me donna un morceau de viande gros comme mon torse. Je le remerciai du mieux que je pu puis je repartis vers nos tentes.

Les Nains étaient réveillés. Certains pratiquaient quelques exercices de routine, d’autres méditaient, assis sur des bancs qui étaient en fait de simples souches coupées en lamelles. Je leur montrais la viande et on partagea le butin.
L’air frais nous revigorait les poumons et la viande épicée réchauffa nos estomacs. Nous restames assis quelques heures, sans mot dire, à observer l’agitation du camp. La Horde composait vraiment une armée impressionnante. Lorsqu’on voit ces êtres massifs, ces muscles saillants, l’impression de bestialité qui se dégage de certains, on comprends pourquoi on a perdu les deux premières guerres. La troisième fut d’ailleurs gagnée uniquement parce que les Orcs avaient été menés par un fou. Mais ça remonte à très loin tout ça.
Je vis des troupes montées passer à toute vitesse à travers le camp, probablement des éclaireurs. Puis ce fut des catapultes que l’on dirigeait vers une zone de stockage. Je pouvais apercevoir des fumées s’élever des collines environnantes. La zone était bien surveillée.
Des fois je me dis que la rigueur militaire de l’Alliance nous fait oublier le principal : la réelle lutte pour la survie. A force de nous plier aux règles et aux protocoles, on en oublie d’êtres malins et de faire réellement ce qu’il faut pour assurer notre avenir. Ce n’est pas tout de sortir d’une académie militaire, il faut vivre le monde pour le comprendre. C’est probablement ce qui fait aussi la supériorité de la Horde sur le plan militaire.
J’eus également l’occasion de voir un Shaman incanter. C’est plutôt impressionnant. Ce qu’il fit me rappella ce que j’avais vu lors d’une visite à Dalaran quelques décennies plus tôt.
Je me demande si en réalité il n’existe pas qu’une seule magie… La façon de l’utiliser serait différente mais ce serait en réalité le même pouvoir qui est utilisé. Lorsque je vois un Mage invoquer une boule d’Arcane, un Druide préparer une Pluie Stellaire, un Paladin s’environner d’un champs d’arcane pur pour se protéger, ou un Chaman enchanter son arme, je ne vois au final que la même chose : la Mana.
Très étrange chose que la Mana. Je ne suis pas arcaniste, aussi je ne m’y connais pas des masses en magie, mais je pense que la Mana doit en réalité être une sorte de fluide universel « conscient ». Lorsqu’on l’utilise, elle prend la forme que l’utilisateur veut ou croit être au plus profond de lui. C’est bien la Mana qui maintient notre monde debout. Elle est partout, entre les pierres, dans les êtres vivants. C’est un champ d’énergie qui nous environne et nous pénêtre, créé par et pour les êtres vivants. Peut-être que sans le savoir on ne sert pas de la Mana mais on sert la Mana. Et la Lumière chère aux humains… La Mana encore une fois.
Pas étonnant que les démons aient soif de Mana. Ils sont prêts à tout pour obtenir toujours plus de puissance et à leur manière ils l’asservissent.
Notre lutte depuis 10 000 ans… Ce n’est qu’une lutte entre une sage utilisation de la Mana et une utilisation abusive et corrompue d’elle. Je pense qu’il est sage de respecter la Mana et ce à tout prix. L’héritage des Gardiens de Tirisfal devrait peut-être ressurgir. Nous devrions peut-être créér un Ordre composé d’utilisateurs de la Mana (quelles que soient leurs origines), chargé de maintenir la paix et l’équilibre dans le monde grâce à elle et pour elle…
Et voilà que je m’égare encore !

Je suis donc allé voir Griefhorn à la fin de la matinée. Il accueillit la nouvelle avec enthousiasme et donna l’ordre que nous soyons traités comme des alliés et non plus comme de simples hôtes. On nous fournit de l’équipement (ce qui fut extrêmement difficile étant donné nos gabarits comparés aux leurs) et des armes. Les 15 Nains furent placés sous mon commandement et moi-même placé sous celui d’un grand Orc fin à la fine barbe blanche. Un Maître-Lame très probablement.
Nous avons passé les jours suivants à nous entraîner. Nous avons beaucoup appris des Orcs. C’est là qu’on voit qu’il s’agit bien d’un peuple guerrier millénaire. L’un de mes entraîneurs, un très vieil Orc qui avait du en voir de belles dans sa longue vie et qui s’exprimait dans un Commun approximatif, me confia qu’il regrettait parfois le temps de la Légion où ils étaient plus forts. Ce qu’il regrettait c’était uniquement leur force et leur puissance à ce moment, par leur servilité. Mais il regrette encore plus la période précédente, lorsque le chamanisme unifiait les clans et faisait des Orcs un peuple noble et sage qui avait placé l’honneur sur un piédestal et qui recherchait à travers les combats non pas la victoire, mais l’honneur et le mérite.
La haine des Orcs pour la Legion brûle avec toujours autant d’ardeur dans leurs cœurs. Ils savent que leur entreprise pour mettre à bas Icecrown à des chances d’être un échec, mais ils tiennent absolument à le faire. Pour eux, et pour éviter que d’autres peuples souffrent de ce que Draenor et Azeroth ont subis.
Je me dis qu’on a de la chance. Les Orcs ont perdu leur monde natal, mais nous avons toujours le nôtre. Il faut absolument le protéger. Jamais ma foi en la Rédemption n’a été aussi forte.
Au fil des jours, je constatai qu’il n’y avait aucun Réprouvé dans le camp. A l’occasion, je m’en ouvris à Griefhorn. Il me confia que cette mission à Northrend était la volonté de Thrall et qu’il tenait à ce qu’elle reste secrète. En fait, Thrall ne fait pas confiance en les Réprouvés et il craint que la proximité du roi-liche ne permette à ce dernier de prendre leur contrôle.
C’est pour cela que la Horde ignore tout de cette croisade et que tous les membres de la Horde présents ici sont des volontaires qui savent exactement ce qu’ils ont à faire, à commencer par se taire.
Mon apprentissage de l’Orc se déroula pas trop mal. J’ai toujours été doué avec les langues. J’arrive à tenir une petite discussion en Orc, mais je suis très loin de m’exprimer convenablement. Je comprends mieux cette langue que je ne la parle en fait.

Quelques jours avant le départ, les éclaireurs firent des rapports détaillés d’Icecrown. Si bien qu’en les écoutant je me cru avec eux en train d’observer le paysage.
Le Fléau n’avait pas bougé. L’impressionnante forteresse d’Icecrown était toujours fermée. On ignorait ce qu’il se traimait à l’intérieur. Le glacier lui-même était immobile et les eaux l’entourant gelaient. Ce qui allait nous permettre de passer sans utiliser d’embarcations.
Les éclaireurs racontèrent également qu’une intense lumière bleuâtre brillait au sommet d’Icecrown. Comme une lumière inquisitrice qui se posait partout sur le pays afin d’étudier ce qu’il se passait. Rien que cette idée me donne des frissons dans le dos. Si le Roi-liche Arthas sait ce que nous manigançons, il a eu largement le temps de nous organiser une petite fête de bienvenue.
Le plan des Orcs était compliqué. Je mis un moment avant de le comprendre. Le fait que je ne maîtrise pas entièrement l’Orc y était pour quelque chose.
De ce que j’ai compris, ils veulent affaiblir la forteresse en effectuant plusieurs raids à intervalles irréguliers contre différents points de la grande muraille extérieure. Le but n’était pas tant d’en venir à bout mais d’occuper le Fléau et de lui causer le plus de pertes possibles. Au moindre signe de défaillance, les groupes de raid devait se replier.
Ces petites actions militaires avaient pour nom la Keriyha. Elle avait pour but d’harceler l’ennemi et de le forcer à commettre des erreurs aussitôt exploitées par nos troupes.
Ici, les erreurs qu’espéraient la Horde étaient que le Fléau fasse sortir ses troupes et laisse ainsi des ouvertures béantes. Tandis que les troupes s’affronteraient autour du glacier, des commandos tenteraient de s’infiltrer dans la forteresse afin de créer plus d’ouvertures et de détuire un maximum de structures. Pour cela on emploierait des mercenaires Gobelins. Gazlowe les avait vendus (oui oui, pas loués, vendus) à Thrall contre d’importantes sommes d’argent. Il restait à espérer qu’ils soient aussi efficaces qu’ils le prétendaient.
Une fois les troupes éliminées et la forteresse mise à mal, les troupes de la Horde raserait tout. Ce serait probablement le plus gros de la bataille.
Et une fois cela fait… Les plus grands guerriers partiraient à l’assaut de la colonne glacée elle-même afin de tuer le Roi-liche. La Horde n’ignorait pas la puissance de ce dernier, aussi si les champions échouaient, la colonne glacée serait bombardée en espérant qu’elle entraîne la liche dans sa chute. Après on fouillerait les débris pour l’achever. Et on fêterait la victoire.
C’est un plan qui sonne bien. Mais comme tous les plans ne se déroulent jamais comme prévu, j’essaie de ne pas être trop confiant.

Nous allons partir d’ici deux ou trois jours, le temps de terminer les derniers préparatifs. Je suis heureux de voir que ma foi en la Horde n’est pas mal placée. Et je pense que nous avons réellement les moyens de parvenir à quelque chose. Quand bien même nous ne parvenons pas à éliminer le Roi-liche, nous aurons au moins réduit son armée à néant. Ce qui devrait faire gagner à Azeroth un temps fou durant lequel nous pourrons trouver un moyen de venir à bout de cette abomination. Pour peu que Dalaran soit reconstruite un jour. Nous verrons bien…


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MessageSujet: Re: Journal de Grif   Journal de Grif - Page 2 Icon_minitimeDim 12 Fév - 22:46

L'ASSAUT D'ICECROWN
Partie 5


Partie 4 ici

Suite à une demande générale de mes camarades Nains, nous avons prononcé une éloge funêbre en l’honneur des guerriers de l’Alliance morts lors des derniers combats. La Horde nous a aidé à bâtir un gros monolithe que nous avons passé le reste de la journée à graver et sur lequel nous avons inscris les noms de nos camarades morts. J’ignore si ce monument survivra aux guerres et au temps, ni si quelqu’un d’autre que nous aura l’occasion de se recueillir devant, mais c’est le moins que l’on puisse faire pour honorer la mémoire de nos morts.

Le matin du jour J nous avons déménagé le camp. La Horde a ensuite construit plusieurs avants-postes à différents endroits stratégiques autour d’Icecrown. Les connexions entre eux étaient surveillées par des Chevaucheurs de loups. Les Nains qui avaient refusé de combattre avaient été assignés à l’entretien des feux dans les avants-postes. Ca ne les réjouissait pas du tout, mais ils ne se plaignaient pas trop fort car c’était un sort préférable à celui qui attendait les combattants.
Le soir tomba très vite (comme toujours sur ce continent) et je m’endormis avec en bruit de fond celui de haches qu’on aiguisait.
Le lendemain matin nous nous mîmes en formation. Le soleil commençait tout juste à pointer. Les Orcs, les Trolls et les Taurens étaient déjà prêts quand nous les rejoignirent. J’avais un peu honte d’arriver en retard mais personne ne nous fit la remarque. Ils étaient tous concentrés sur les combats à venir, ça faisait presque peur. Ils parlaient peu. Leur mine était farouche. L’espace d’un instant, de vieilles craintes remontèrent en moi. Lorsque nous avons combattu à Loch Modan il y a une trentaine d’années. Ca avait été une horrible bataille mais nous avions gagné. Le regard des Orcs qui m’entouraient me rappeler celui de ceux que j’avais affrontés ces jours-là, les lueurs rouges démoniaques en moins.
Musassi, le Maître-Lame qui commandait mon régiment, nous avait bien formés. Nous connaissions tous les codes et les ordres de l’armée. Je doute qu’il s’agisse de ceux utilisés par la Horde entière, car il ne faudrait pas qu’un ennemi (un ancien Réprouvé par exemple, mais je n’ai rien dit…) puisse s’en servir contre nous. Ce qui fait que si nous nous en sortons, les autres Nains et moi-même nous ne risquons pas d’être un danger pour la Horde. C’est ce qui me permet de rester confiant en l’idée d’arpenter à nouveau les couloirs d’Ironforge un jour.
Bref, nous savions tous quoi faire. Et ma compréhension de la langue Orc s’en était retrouvée renforcée.

Je pensais au départ que nous allions passer la journée à marcher vers Icecrown, ou au mieux la moitié de la journée. Mais en à peine une heure nous étions déjà en vue de l’immense plaine de glace entourant le Frozen Throne. Les nuages étaient bas, ce qui fait que je ne pouvais pas voir le sommet. Mais de toutes façons je n’avais pas vraiment envie de le voir.
La plaine glacée s’étendait sur deux ou trois kilomètres environ. Nous serons forcèment à découvert lorsque nous nous y aventurerons. Les abris et les couverts étaient quasi-inexistants. Un rocher ici, un bout d’arbre là… A peine de quoi cacher un Gnome.
Tout autour de cette immense plaine de glace se trouvaient des corniches et des vallons. C’est là que nous étions. Je pouvais voir au loin les autres troupes. En fait, je les devinais plus que je les voyais, car je savais qu’elles étaient là-bas.
Les Gobelins se tenaient cachés dans les vallons derrière nous, prêts à intervenir à notre signal.
Un nuage de fumée s’éleva discrètement d’une crête voisine. C’était le signal. Musassi ordonna d’un geste que le nôtre s’allume et nous commençâmes à dévaler la pente d’un pas sûr.
Le sol était glissant, ralentissant notre progression. Les Orcs étaient gênés mais ils s’en sortaient bien. Nous autres Nains nous n’avions aucun problème, nous sommes nés dans des conditions rudes et nous avons grandi dans le froid. Le blizzard et le gel ne nous affectent pas, et la glace et la neige sont notre quotidien.
Les Trolls frissonnaient. Ce qui est normal étant donné qu’aucun d’entre eux n’était issu des tribus locales de trolls de la glace ou de celles comme on peut encore trouver à Dun Morogh.
La poisse verte qui environnait cette partie du continent était encore plus forte ici. Je remerciai un instant le froid qui avait fait perdre toute sensibilité à mon pauvre nez.
Il y avait un immense rempart encerclant le Frozen Throne. Derrière on pouvait deviner des structures. On n’entendait aucun bruit, juste le vent frissonnant qui poussait sa lugubre plainte autour de nous.
En regardant machinalement au sol je vis quelque chose à travers la glace. Puis quelque chose d’autre plus loin. En plissant les yeux je me rendis compte que c’étaient des corps. Des Murlocs, des Humains et d’autres créatures que je ne parvenais pas à identifier. L’un des corps avait des oreilles pointues ce qui confirma l’idée qui s’était petit à petit dessinée dans ma tête. Je pense qu’il s’agissait des restes d’une des armées d’Illidan. J’avais entendu des rumeurs comme quoi ce dernier avait assiégé Icecrown, dans le but de détruire le Roi-Liche. Son armée avait été défaite par celle d’Arthas qui était parvenu au sommet avant lui. Illidan s’en était sorti mais j’avais sous les yeux la preuve que la plupart de ses larbins n’avaient pas eu cette chance. Arthas avait du trouver amusant de les enfermer dans la glace à ses pieds.

Nous fûmes bien vite à quelques distances des murailles. Elles semblaient immobiles mais on pouvait de temps en temps apercevoir des ombres furtives s’agiter dessus. Le rempart était fait d’immenses blocs de pierre lisses posés les uns sur les autres sans qu’on puisse décerner la jonction entre eux. Je trouvai curieux qu’il n’ait pas le style nérubien mais j’oubliai vite cette pensée.
Un ordre fut donné et nos catapultes entrèrent en action. Des projectiles vinrent s’écraser sur les murailles, créant des dégâts superficiels au prime abord. Des boulets enduits de poix et auxquels on avait mis le feu allèrent s’écraser avec fracas à l’intérieur des remparts. Nous ne vîmes cependant aucune flamme s’élever. Les catapultes continuèrent de tirer jusqu’à épuisement de leurs munitions. Nous n’en avions pas pris beaucoup, car le but était de harceler l’ennemi, pas de lui rentrer dedans tout de suite. Les dégâts étaient importants, mais pas autant que les stratèges l’avaient espéré. Les murailles étaient solides et semblaient vraiment épaisses.
Les catapultes quittèrent la zone et nous attendîmes une manifestation du Fléau. Et pour attendre nous avons attendu ! Au bout de deux heures, comme rien ne se passait, les chefs décidèrent de partir. Nous fîmes alors demi-tour et nous arrivâmes aux avant-postes sans encombre.
Nous étions tous très étonnés. Je crois personne ne s’était attendu à ce qu’il n’y ait pas de combats aujourd’hui. La facilité avec laquelle nous avions pu atteindre les remparts et les bombarder était déconcertante. Peu après notre retour, les différents chefs tinrent un conseil dans l’avant-poste le plus reculé. Griefhorn revint tard et il nous expliqua brièvement que les plans restaient inchangés pour le moment. Il ne fallait pas se précipiter.
C’est l’esprit pas tranquille que je m’endormis ce soir là.

Le lendemain nous recommençâmes. Une brêche finit par s’ouvrir de notre côté. Certains soldats eurent le réflexe de bondir en avant afin de s’y faufiler mais les chefs les retinrent. Nous attendîmes et le Fléau manqua encore à l’appel. Mais nous pouvions désormais entendre des bruits inquiétant s’élever de l’autre côté des remparts.
Afin de préparer plus efficacement notre prochain assaut nous nous repliâmes en bas des crêtes. Les avant-postes ne craignaient rien car on y avait laissé des hommes pour s’en occuper.
La nuit fut terrible. Des hurlements macabres et des plaintes effroyables nous parvenaient aux oreilles. Cela dura une bonne partie de la nuit puis ça s’arrêta d’un coup. Personne ne parvint à dormir je crois. Lorsque l’aube pointa nous repartîmes à l’assaut.
Aucun changement notable n’avait eu lieu depuis notre dernière visite. On balança une salve de boulets incandescents et quelques projectiles basiques afin d’agrandir les brêches.
Musassi était perplexe. Il ne comprenait pas pourquoi l’ennemi ne se montrait pas. Les soldats commençaient à s’agiter. Cette attente était insupportable. Les guerriers brûlaient de franchir les murailles et d’en découdre avec ce qui les faisait attendre.
Les chefs (qui communiquaient via les Chevaucheurs ou par signaux de fumée, ce qui était d’ailleurs peu aisé) s’impatientaient aussi.
Finalement il fut décidé d’aller en avant. Si le Fléau ne se manifestait pas, c’était probablement parce qu’il n’avait plus de forces. Le Roi-Liche avait perdu la plupart de ses troupes lors des affrontements qui les avaient opposées aux nôtres (je parle de celles de l’Alliance). Arthas devait garder ses dernières forces pour protéger l’accès au Trône.
Les troupes furent mises en branle et nous avançâmes tout doucement. Lorsque nous fûmes au pieds des remparts, prêts à résister à une attaque ou une pluie de projectiles, toujours rien ne s’était produit. Les guerriers grognaient. Ils étaient partagés entre déception de ne pas voir l’ennemi venir, crainte de ce qu’il pouvait préparer, et vexation parce que personne n’osait leur tenir tête.
En ce qui me concerne, ma cervelle était en ébullition. Pourquoi ? Je ne comprenais pas comment tout cela pouvait se produire. J’étais sûr à mettre ma barbe à couper que les combats seraient rudes. Mais il n’y avait rien ! Nous pouvions rentrer comme si de rien n’était… Trop beau pour être vrai. Pour moi il était évident que ça ne pouvait être qu’un piège. Je n’arrivai pas à croire que le Roi-Liche se fasse battre si facilement. A moins que les rapports des premières expéditions de feu Muradin Bronzebeard ne fussent faux. Mais j’en doutais.


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MessageSujet: Re: Journal de Grif   Journal de Grif - Page 2 Icon_minitimeDim 12 Fév - 22:47

L'ASSAUT D'ICECROWN
Partie 6


Partie 5 ici

Les troupes furent déployées tout autour des murailles, avec des renforts au niveau des brêches. Les Orcs finirent par s’asseoir, non sans relâcher leur vigilance.
Je décidai de faire un tour du rempart afin de mieux cerner la situation. Un Chevaucheur de loup m’accepta sur sa monture. C’était pas très confortable, mais je ne vais pas m’étendre là-dessus, ce n’est qu’un détail futile en comparaison au reste.
Après avoir fait deux fois un tour complet des murailles l’évidence me saisit si brusquement que je tombai du loup. Le Chevaucheur s’arrêta et me regarda d’un mauvais œil. Je parvins difficilement à articuler qu’il devait à tout prix me ramener à la tente de commandement.
Je chevauchai alors à toute vitesse vers les chefs. Mais lorsque j’arrivai c’était trop tard. Ils avaient déjà ordonné la démolition des remparts autour des brêches par les équipes de démolisseurs gobelins.
Devant mon air affolé, Griefhorn s’inquiéta de ce que j’avais à lui dire.
« Ne démolissez pas les remparts !! » Parvins-je à balbutier, complètement paniqué.
« Qu’est-ce qui sème un trouble dans ton esprit Nain ? Explique-toi je te prie. »
« Ce ne sont pas des fortifications destinées à empêcher quelqu’un d’entrer ! Elles sont destinées à empêcher quelqu’un de SORTIR ! »
« Je ne te suis pas. »
« C’est pourtant évident ! Les forteresses du Fléau, leurs positions, leurs forces… Et le fait que cette muraille n’ait AUCUNE porte ! »
Le Tauren fronça les sourcils et s’exprima en Taurahe à son aide de camp. Après quelques échanges, il ouvrit de grands yeux et me regarda. Je suppose que l’expression de stupeur qu’il affichait à présent ne reflétait que trop bien la mienne.
« Pourquoi ? Pourquoi s’enfermer ? »
« Ce n’est pas le Roi-Liche qui s’est enfermé. Ce sont les Démons qui ont clôs le Trône de Glace ! Illidan le Fou ayant échoué, ses maîtres ont du essayer de contenir le Roi-Liche le temps de trouver un moyen de se débarasser de cette grosse épine dans leur pied… »
S’il avait pu, je suis sûr que le Tauren aurait pâli. Il donna précipitamment des ordres que je devinai être destinés à stopper les démolitions.
Mais c’était trop tard. Un pan entier de rempart s’effondra et une vague bleue se répandit sur toutes les autres murailles, comme si un sort venait de se briser.
Une immonde clameur tenant plus du gargouillement que du cri de guerre s’éleva alors et une masse grouillante fonda sur nous comme un aigle sur sa proie. Les troupes s’étaient réparties autour des remparts et n’avaient plus leur cohésion. Les ennemis leur tombaient dessus à bras raccourci. Les goules devaient être mortes de faim, enfermées depuis des années derrière ces remparts sans rien à becqueter. Et elles s’en donnait à cœur joie.
L’effet de surprise était total, les combats ne s’en retrouvaient que plus difficiles pour nos guerriers. Les Druides tentaient d’ériger des barrières de ronce pour retenir les ennemis, mais le froid intense et l’abscence de sol ne rendaient pas ce sort aussi efficace qu’il aurait du l’être.
Les Chamans sortaient leurs totems et les enchantaient. Les sorts permettaient à leurs alliés de résister plus efficacement aux assauts ennemis et de regagner un peu de courage.
Les Trolls commençèrent à jeter leurs lances mais durent très vite se battre au corps-à-corps, car les ennemis étaient montés très vite au contact grâce à leur effet de surprise. Les Orcs jouaient de la hache avec brio, c’était du grand art.
Musassi avait saisi deux longues épées effilées. Ses bras bougeaient en tout sens, faisant mouche à chaque fois. Il maîtrisait le combat à l’épée mieux que quiconque. En tout cas jamais je n’ai vu quelqu’un trancher des têtes aussi vite et avec autant de panache. A un moment il parti dans une danse effrénée, tel un tourbillon endiablé que rien ne peut arrêter. Les corps volaient à son contact, tout ce qui tentait de l’approcher se retrouvait amputé d’un bras ou d’une jambe, voire de plusieurs. Les squelettes tombaient en morceaux, les goules exhalaient des râles d’agonies. Musassi coupa en deux une Abomination, de la tête jusqu’au bide. Elle s’effondra de chaque côté avec un bruit écoeurant.
J’étais aux prises avec des guerriers squelettes mais je ne perdais pas une miette du combat du Maître-Lame. Je pouvais voir qu’il commençait à s’épuiser mais je savais que rien ne le ferait s’arrêter.

Les combats faisaient rage tout autour des remparts. Les Orcs étaient parvenus à se rassembler en troupes organisées composées de divers régiments. Les combats n’étaient plus éparpillés mais localisés près des brêches. Le Fléau sortait sans discontinuer de celles-ci mais jamais elles ne parvenaient à briser les formations des Orcs.
Durant un moment je sentis une intense excitation m’envahir. La Horde résistait ! Nous étions clairement en sous-nombre et les ennemis nous avaient eu par surprise, mais les Orcs, les Trolls et les Taurens opposaient une résistance inébranlable. Le fait que les morts-vivants ne puissent pas passer tous à la fois par les brèches aidait grandement.
Ce qui ne veut pas dire que nous ne subissions pas de pertes. De temps à autres un Troll s’effondrait, le cœur arraché par une Goule, ou un Orc tombait à terre le corps criblé de profondes entailles.
Petit à petit, le flot d’assaillants diminuait. Après deux heures de combat acharné nous étions plus nombreux. Trois quart d’heure plus tard il ne restait plus que nous.
Nos pertes étaient importantes mais la plupart des morts avaient succombé dès le début de l’attaque. Après, l’organisation des Sorciers-docteurs Trolls et des Chamans qui ne se battaient pas avait été si parfaite que les blessés graves avaient pu s’en sortir. Néanmoins, seule la moitié des effectifs était d’attaque, mais tout de même extrêmement fatiguée.

Les survivants se rassemblèrent près de la plus grande brêche et les blessés furent mis à l’abri sous des tentes. Des chevaucheurs de loup allèrent informer les avants-postes de la situation.
Il ne restait plus qu’une étape : le Trône lui-même. Nous ignorions tout des pouvoirs du Roi-Liche. Mais il était évident que ses pouvoirs devaient être impressionnants, si la Légion elle-même l’avait enfermé dans cette prison en osier. Car ne nous leurrons pas, je doute que le Roi-Liche ait vraiment fait des efforts pour abattre les remparts. Mais pour quelles raisons, seul lui le sait.

Alors que nous commencions à nous remettre de la bataille, un autre événement inattendu se produisit.
Au départ ça ressemblait à des grondements. D’abord faibles puis de plus en plus importants.
Ils intriguèrent juste quelques-uns d’entre nous puis lorsqu’ils amplifièrent pour devenir assourdissants tout le monde se leva et prêta l’oreille.
Puis soudain quelqu’un hurla.
« La glace ! La glace se brise !! »
Inutile de donner l’ordre de courir, nous nous précipitions déjà tous vers les corniches où se trouvaient les avants-postes. La distance à parcourir n’était pas négligeable et les grondements de la glace qui se brise devenaient de plus en plus pressants.
Le sol commença à se lézarder tout autour de nous. Chacun de nos pas créait des petites fissures supplémentaires. Les glissades étaient nombreuses et certains guerriers furent piétinés. Nous courrions à tout rompre mais le martèlement de nos pas ne faisait qu’agraver les choses. Notre unique objectif était d’atteindre la terre ferme le plus vite possible, quoi qu’il arrive.
Enfin, le sol commença à s’ouvrir. Nous étions tout juste à mi-chemin, une masse compacte galopant sur de la glace. Les chutes furent nombreuses. L’eau devait être vraiment glacée car la plupart de ceux qui tombaient dans l’eau arrivaient à peine à pousser un cri.
Je fus violemment bousculé par un Tauren qui courrait plus vite qu’un Plainstrider devant une meute de Raptors. Je manquais de m’étaler de tout mon long sur la glace mais quelqu’un me rattrappa et me mit sur pied. Je ne pus cependant pas voir mon bienfaiteur car la glace l’avala juste après.
La terrre se rapprochait. Lentement. Trop lentement. C’était désespérant. J’étais à bout de souffle, j’ignorais combien de temps il me restait avant que mes muscles se bloquent. Par trois fois je trébuchais dans la glace. Mais je parvins à chaque fois à me rétablir avant qu’il soit trop tard.
Je vis des Chamans se transformer en loup afin de gagner en vitesse. Les Chevaucheurs de loup avaient presque tous atteint la rive. C’était presque du chacun pour soi. Mais on ne peut pas en vouloir à quelqu’un de s’accrocher à la vie à tout prix.
La glace fondait à vue d’œil, nous dûmes sauter de glaçon en glaçon. Il était difficile de garder son équilibre sur ces petits icebergs.
Mais à force de courage et avec beaucoup de chance, je parvins à poser le pied sur la neige. J’haletais comme un chien. Je mis quelques minutes pour reprendre mon souffle. En me retournant je vis que la plaine de glace s’était transformée en une petite mer intérieure avec en son centre la tour de glâce abritant en son sommet le Mal absolu.
Quelques membres de la Horde étaient encore dans l’eau, luttant contre un froid mordant et une hypothermie presque inévitable. Ils nageaient vers nous aussi vite que leurs muscles gelés le leur permettaient.
Alors que je les regardais s’approcher, leur criant des encouragements, j’en vis certains disparaître soudainement sous l’eau. Il m’apparu très vite qu’ils ne luttaient pas que contre le froid mais aussi contre quelque chose d’autre… Quelque chose qui les tirait sous l’eau pour les noyer. Un gargouillis aquatique bien reconnaissable m’indiqua mieux qu’une image directe ce qu’il se passait là-dessous. Les Murlocs morts-vivants s’en prenaient à nos amis.
Des guerriers de la rive tentèrent de les abattre à distance, mais c’était en vain. En quelques minutes la surface de l’eau redevint aussi plate qu’une mer d’huile.
Des cris rageurs montèrent à côté de moi et j’entendis l’ordre de repli. Nous nous dirigeâmes alors vers l’avant-poste le plus proche. Du peu que je pouvais voir, j’estimais que nous n’étions plus que le tiers des forces de départ.

A peine nous étions repartis qu’un hurlement aérien s’éleva dans les airs. Il semblait provenir de la tour du Roi-Liche. Ce cri flottait dans l’air comme la brume, nous environnant, allant et venant comme une entité propre. C’était réellement terrifiant. Je me mis à trembler. La tour commença à s’illuminer d’une pâle lueur fantomatique qui amplifiait de seconde en seconde. La lueur m’aveugla et je dus fermer les yeux.
Lorsque je les réouvris, je vis une araignée immense s’approcher de moi. Elle était ignoble, complètement boursoufflée et me dardant de ses innombrables yeux noirs vicieux. Ses crocs s’agitaient d’une façon écoeurante. Rien qu’y repenser me rend malade. Je dégainai mon épée et attendis qu’elle attaque, non sans lutter de toutes mes forces contre la peur sans nom qui m’habitait.
Puis une autre araignée apparu à côté de moi, plus petite mais toujours plus grande que moi. Et une autre. Et encore une autre. J’étais entouré de dizaines d’araignées. Plus aucune trace de la Horde. Jamais vous ne pourrez imaginer à quel point j’étais horrifié. Je me demande encore comment j’ai fait pour ne pas devenir fou.
L’une des araignées m’attaqua, je me défendis. Une autre araignée chargea, je l’esquivai. Puis je vis la grosse araignée attaquer une plus petite. Une énorme mêlée s’engagea où les araignées m’attaquaient et s’attaquaient tour à tour. Ne cherchant pas à comprendre je tapais tout ce qui passait à ma portée, tranchant des pattes et crevant des abdomens poilus. Je faillis à de nombreuses reprises être transpercé par une patte aiguisée.
Je ne comprenais pas ce qui se passait, j’étais focalisé sur ma survie. Mais tout changea lorsque je vis une araignée faire la toupie en l’air, ses pattes déployées, fauchant d’autres araignées. Là je compris que je venais de faire une énorme connerie. Désolé, mais il n’y a pas d’autre mot.
Je me cachai sous une pierre et je tentai de reprendre contrôle de moi-même. Je parvins avec difficulté à renouer avec ma vision intérieure. Elle me révèla ce que j’avais craint. Tout cela n’était qu’un artifice, probablement dù au Roi-Liche. Il nous avait tous bien eus. Il avait fait de nos camarades notre peur personnifiée. Les membres de la Horde s’entre-tuaient s’en savoir ce qui leur arrivait. Musassi faisait des ravages dans ses propres rangs sans s’en rendre compte.
Je ne savais pas quoi faire. J’entendis alors un autre cri céleste comme le précèdent, mais plus aigu. Il me vrilla les tympans et je me mis à courir malgré moi pour lui échapper. Tout mon être voulait mettre la plus grande distance entre… ça… et lui.
Au bout d’une course effrénée je m’effondrai sur le sol à bout de force. De là où je me trouvais je pouvais voir le lac de glace fondu. Je fus stupéfait de la distance que j’avais couverte en si peu de temps. Mais je n’étais pas au bout de mes surprises. Je vis une armée de fantômes s’en élever et se rapprocher de nous. Là je me rendis compte que je n’étais pas seul mais entouré d’une douzaine d’Orcs qui avaient fuit comme moi.
L’armée de fantômes était de trop. Même de féroces guerriers comme les Orcs ont leurs limites. Sans même se concerter nous nous mîmes à courir dans la même direction sans autre but que de s’échapper de ce cauchemar.
Mais l’armée de morts approchait à grande vitesse. Je ne parvenais plus à courir, c’est tout au mieux si je trottinais. J’étais à deux doigts de défaillir. Alors l’Orc qui courait à ma gauche m’attrappa par le col et me jeta vers une petite infactuosité. Je rebondis lourdement et m’écorchai contre la paroi. Lorsque je me relevai, il m’avait rejoint et me faisait signe de me taire. Puis il me désigna une petite grotte. Je l’y suivis et il boucha rapidement l’entrée avec de la neige.


Dernière édition par le Ven 3 Mar - 21:19, édité 4 fois
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MessageSujet: Re: Journal de Grif   Journal de Grif - Page 2 Icon_minitimeDim 12 Fév - 22:49

L'ASSAUT D'ICECROWN
Dernière partie


Partie 6 ici

Nous restâmes je ne sais combien de temps allongés sur le sol à tenter de reprendre notre souffle. Je finis par me redresser lorsque je me sentis un peu mieux. L’Orc s’était adossé contre une paroi de la caverne, il semblait dormir. La grotte était minuscule. On tenait bien à deux mais à trois ça aurait été invivable. Je pensai avec ironie qu’il y a plus de place dans un char. Je me mis à rire.
L’Orc ouvrit les yeux et me regarda.
« Contrôle tes nerfs ou bien je risque de regretter de t’avoir amené ici. »
Je hochai la tête doucement. Devant mon silence (je n’avais rien à dire), il reprit la parole.
« J’ai découvert cette grotte il y a plusieurs lunes. J’étais éclaireur. Il y avait un Wendigo ici. Désormais il est sur mon dos. » Il désigna sa cape en peau.
J’avais faim. Je fouillai ma poche et trouvai une vieille galette de blé. Je la coupai en deux et donna un bout à l’Orc. Il me remercia de la tête et nous mangeâmes.
Après un instant de repos ce fut moi qui parla.
« Le Roi-Liche est trop puissant. Ca dépasse toute imagination. Nous n’aurions jamais pu nous préparer à ça même si nous l’avions su. »
« La puissance des démons est presque infini. Elle l’est d’autant plus sur ce monde empli de mana. Et elle est vraiment partout. » Il désigna la neige. Je compris alors pourquoi ce continent glacé avait été choisi par la Légion pour y envoyer Ner’zhul la Liche. Le mana étant contenu dans l’eau, la neige de Northrend est une réserve presque inépuisable.
« Qu’allons-nous faire ? » demandai-je, sans trop me soucier de la réponse.
« Toi je sais pas, mais moi je dois rentrer à Orgrimmar. Il faut que je prévienne les miens que la puissance du Roi-Liche est au-delà de nos forces, même à nous les Orcs qui avons été à deux doigts d’asservir ce monde. »
« Je ferais bien de même mais je doute que qui que ce soit me croit. De toutes façons nous ne sommes pas sortis d’affaire. »
Je commençai à échaffauder des plans pour rejoindre Valgarde. Avec un peu de chance je pourrai trouver les Tuskarrs et obtenir leur aide pour rallier la ville le plus vite possible. La garnison restée à Valgarde devait d’ailleurs s’inquiéter. J’avais peur qu’elle n’ait décidé de plier bagages. J’aurai été contraint de prendre un petit bateau de pêche et mes chances de traverser l’océan auraient été aussi minces que celles de voir Khaz’goroth surgir soudain devant moi pour me raconter une blague.

Alors que j’étais en train d’écrire cette lettre j’entendis gratter autour de moi. L’Orc l’entendit aussi car il se leva et dégaina. Ses yeux allaient du plafond aux parois jusqu’à l’entrée bouchée et recommençaient.
« Ils sont là… Ils nous cherchent… »
L’Orc est positionné près de l’entrée, je ne sais pas ce qu’il fabrique mais ça m’inquiète. Je n’aime pas cette caverne et le sort qui m’attend si les fantômes nous trouvent me fait perdre tout espoir.
Je sens quelque chose de chaud dans ma poche… [Le papier est humide à cet endroit]
L’écaille d’Erthas ? Elle flamboie ! Je ne comprends pas. J’ai un mal fou à la tenir dans ma main. [L’écriture est de plus en plus illisible]
L’entrée s’est effondrée
L’Orc se bat
Je dois l’aider
Cette écaille me brûle !
[Vous parvenez à peine à lire la suite] C’est quoi ? Je [La suite du parchemin est en trop mauvais état pour déchiffrer quoi que ce soit].

[En finissant cette feuille vous vous rendez compte qu’une poignée de feuilles blanches l’accompagnent. On dirait que tout le stock de papier de Grif est désormais entre vos mains…]
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MessageSujet: Re: Journal de Grif   Journal de Grif - Page 2 Icon_minitimeMar 4 Avr - 12:46

Epilogue


La brume. Si épaisse qu’elle était palpable. Elle environnait tout de façon uniforme, sans laisser le moindre repère visuel. Le Nain flottait, vaguement conscient. Les pulsations de couleurs qui composaient la brume mouvante finirent par lui faire ouvrir les yeux. Ne se sentant retenu à rien il paniqua immédiatement. Mais ses gémissements ne changeaient rien à son apesanteur. Il se mit à tourner afin de trouver un repère. Mais où que son regard se portait le spectacle était le même. Ses gestes désespérés le firent tournoyer de plus en plus vite. Il finit par devenir une toupie vivante. Ses gémissements se transformèrent en cris de terreur parfois entrecoupés de brefs sanglots.
Puis une masse vint stopper son mouvement giratoire destiné à ne jamais s’arrêter. Le Nain cria de surprise quand il sentit qu’on le touchait. Ses yeux fous allaient d’un bord à l’autre de ses paupières, cherchant à comprendre ce qui se passait. Mais il n’y avait rien. Le Nain se sentit le jouet d’une quelconque entité le manipulant comme on joue avec une grenouille dans l’eau. Il avait arrêté de crier, mais il continuait à couiner comme un chien perdu.
Ces dernières semaines avaient été atroces pour lui. Il avait vécu plus d’horreurs que quiconque ne pourrait jamais l’imaginer. Jusqu’à alors il avait tenu bon. Mais son état actuel l’avait rendu définitivement dément.
Le Nain ignorait depuis combien de temps il était en suspension. Tout ce qu’il savait c’est qu’il flottait nu comme une bulle dans le ciel.
Mort. Il pensait être mort. Il fit un violent effort pour se souvenir de ce qui s’était passé et de qui il était.
Petit à petit sa lucidité revint. Pas entière, ni complètement. Mais il était suffisamment conscient pour tenter de remettre un peu d’ordre dans le chaos de son esprit.
Il était dans une grotte avec un monstre vert. « Un Orc » lui souffla une petite voix dans son esprit embrumé. Puis ils avaient été attaqués. Par quoi, il ne s’en souvenait plus. L’Orc avait été réduit en charpie. Et lui aussi. Non, il avait échappé à ça. Comment ?
Le Nain grogna. D’un geste lent, comme ralenti par une force invisible omniprésente, il se donna une claque sur la joue. La douleur ne l’aida pas pour autant mais elle lui permit d’avoir quelque chose de réel auquel s’accrocher. Il rit.
Puis des larmes de désespoir et de colère coulèrent de ses yeux humides. Il se sentait perdu, physiquement comme mentalement. Il était furieux de se sentir aussi impuissant. Il n’aimait pas qu’on joue avec lui. Mais qui le faisait ?
Son nom ! Il l’avait sur le bout de la langue… Il poussa un grognement rageur. Pense ! Réfléchis ! Ne te laisse pas envahir par la démence !
Griffe ! Non, pas le mot… Grif, son nom ! Il se souvenait. Le Nain se figea, comme s’il venait de subir un choc. Son esprit fut inondé d’un flot d’informations, tel un torrent se déversant avec violence dans le cours d’un paisible petit ruisseau.
Ca lui revenait. Tout. Il revivait chaque moment de son histoire. Son visage exprima toutes les facettes de la panoplie de sentiments qu’un être sensible ressent au cours de son existence. En quelques minutes il avait revues les 122 années de son existence. Lorsque ce fut fini il poussa un terrible hurlement vite absorbé par les limbes l’entourant.
Il resta immobile, l’esprit vide, tournant légèrement sur lui-même comme un poulet sur une broche. Puis il fut agité de convulsions et redevint immobile un long moment.

Finalement quelque chose se déclencha dans son esprit. Comme une étincelle provoquée par le contact entre deux fils électriques. Le Nain ouvrit les yeux et regarda autour de lui. Désormais son regard n’était plus fou mais intrigué.
Après quelques minutes d’observation muette il rompit le silence pesant de cet univers sans dessus-dessous.
« Où suis-je ? »
Cette question s’adressait plus à lui qu’à quelqu’un, mais à sa plus grande surprise une voix lui répondit.
« Dans l’éther primordial. »
La voix grave, profonde, était omniprésente. Le Nain eut beau se tortiller dans tous les sens pour voir son interlocuteur il n’arrivait pas à situer son origine. Elle venait de la brume comme de l’intérieur de lui.
« Qui parle ? » demanda-t’il après un moment d’incrédulité.
La voix ne répondit pas tout de suite.
« Je suis le Gardien du Temps. Rien de ce qui se passe sur ce monde ne m’échappe. »
« Qu’est-ce que je fais là ?! » aboya le Nain, qui commençait à perdre patience.
« Tu es ici car ta dernière heure n’a pas encore sonné. Ton destin allait s’arrêter prématurèment. »
Le Nain se tortilla de plus en plus énergiquement. Ne pas sentir de sol sous ses pieds ou la caresse du vent sur sa peau le dérangeait furieusement. L’abscence de stimulis l’engourdissait. Il se donna une claque sur la cuisse et apprécia la douleur qui lui rappella qu’il était bien en vie.
« Je ne comprends rien ! Sortez-moi d’ici ! » Il grogna.
« Tu seras ramené sur le monde physique, nous t’en faisons le serment. »
« Nous ? Vous êtes combien bon sang ?! Laissez moi ! »
« Le cours du temps sera changé. Ton âme quittera les éthers pour réintégrer le monde mortel. Jamais une telle chose n’a été permise depuis la création de ce monde. »
Il y eut une pause. Le Nain avait cessé de gigoter et il fouillait les limbes de son regard perçant. Bien qu’il ne voyait rien, il était attentif aux paroles surgissant de nulle part.
« Montrez-vous d’abord ! » hurla-t’il dans le vide.
Il attendit un moment. Mais rien ne vint. La voix s’était tue.
Alors qu’il venait de mettre de côté l’idée de voir son interlocuteur, quelque chose changea dans le décor invariant. Une forme se dessina à quelques mètres (ou quelques kilomètres ?) de lui. D’abord mouvante, elle finit par cesser de trembler pour fixer des traits que le Nain connaissait bien. Une tête reptilienne dorée aux yeux de serpent se dressait devant lui, majestueuse.
« Je rêve… » lâcha le Nain malgré lui.
La tête de dragon lui répondit, sans ouvrir la bouche.
« Oui. Ton corps et ton esprit sont maintenus en vie par ma seule volonté. Lorsque le moment viendra tu réintègreras le monde physique. »
Le Nain était impressionné, mais irrité par tant de mystères, à commencer par celui de sa présence en des lieux aussi étranges.
« Ouais, ouais, vous l’avez déjà dit trois fois. Qu’est-ce que vous voulez au juste ?! »
« Ta lutte perpétuelle contre le Mal t’a amené à le rencontrer à sa source. Tu as su triompher de bien des épreuves qui auraient tué n’importe quel mortel. »
La tête se déplaça légèrement autour du Nain, comme si elle l’étudiait.
« Tu as le potentiel qu’il nous faut. Notre survie et celle de ce monde peut en dépendre. »
Le dragon de bronze darda son regard jaune sur le Nain qui se sentit rétrécir. Il reprit la parole.
« Tu t’es déjà aventuré sur le chemin qui mènera au salut. »
Quelque chose apparut juste devant le visage du Nain. C’était son pendentif ! Celui avec les deux gemmes rouges emboîtées…
Le Nain lâcha un petit cri de surprise et tendit la main. Mais l’objet s’éloigna. Il tendit la main plus en avant mais le pendentif reculait. Plus il tentait de s’en rapprocher, plus le pendentif s’éloignait. Il finit par laisser tomber et regarda d’un mauvais œil la tête de lézard géante.
« Trouve les autre comme celles-ci. Rassemble-les. Elles te mèneront vers la victoire. »
« Quelle victoire ? »
« Celle de la Vie sur la Non-Vie. Trouve la dernière demeure des Titans ! Là tu auras le pouvoir de rétablir l’équilibre si tu t’en montres digne. »
Le Nain commença à comprendre vaguement ce que le dragon attendait de lui. Ce n’était pas limpide, loin de là, mais il commençait à sortir un peu du flou et il s’en réjouissait.
« Les gemmes sont les clés. Unies seulement elles permettront l’accès. Seul un mortel peut s’en approcher. Seule une création des Titans y sera admise. Seul un brave survivra aux épreuves. »
Il s’écoula un long moment de silence. Le dragon observait le Nain comme si elle tentait de s’infiltrer dans son esprit pour deviner ses pensées. Le dragon n’avait qu’une apparence éthérée mais la puissance de son esprit se ressentait aisèment.
La Nain finit par admettre qu’il était ni fou ni mort et que cette apparition était on ne peut plus sérieuse. Ainsi donc le Dragon voulait qu’il trouve le refuge des Titans sur Azeroth ? Non, il le lui ordonnait ! Carrèment ! Il ne semblait pas avoir le choix…
Bon, il avait déjà deux gemmes et il lui en faudrait deux de plus, c’est ça ? Sa compagne était déjà à la recherche de la troisième à Uldum. Mais la quatrième ? Le Nain ne connaissait que trois cités Titans, pas quatre !
Le dragons lisait bel et bien dans les pensées, comme cette réponse le confirma :
« Elle est perdue dans les décombres sous-marins de la dernière cité des Titans, Uldumin. Tu ne pourras y accèder que depuis Naz’jatar, la capitale des Nagas. »
« Manquait plus que ça… »
« Tu ne seras pas seul. Ces druides a qui tu as prêté allégeance te seront d’une aide sans faille. » continua la tête dorée.
Le Nain soupira.
« Bon, mettons que j’arrive à trouver les quatre gemmes. Je fais quoi ensuite ? »
« Trouve le dernier refuge des Titans. »
« Oui j’ai compris, merci. Mais comment ? »
La tête ne répondit pas. Au bout d’un moment de silence, le Nain s’impatienta à nouveau.
« Et bien ? »
La tête de bronze reprit la parole.
« Il est temps pour toi de nous quitter. »
« Attendez ! Vous ne m’avez pas répondu ! »
La tête commença à se fondre dans la brume colorée.
« Revenez ! Hé !! »
Tout d’un coup il sentit ses membres s’engourdir. Son corps devint froid. Il tenta de bouger mais ses membres refusèrent de lui obéir. Il était paralysé et terrorisé.
Il essaya de crier mais aucun son ne sortit de sa bouche. Il était un esprit coincé dans un corps figé.
Puis il se sentit tiré brusquement en arrière et il tomba, tomba, tomba…
La chute était rapide et sembla durer une éternité. Ses sensations revenaient petit à petit. Il sentit l’air froid mordant sur sa peau. Une odeur salée lui vint aux narines. Le soleil l’éblouit.
Au prix d’un effort surhumain il parvint à se retourner. Il était bien en train de tomber. Une chute libre de plusieurs kilomètres de haut. En bas il apercevait la mer, des plages, de la forêt, quelques cours d’eau… A une échelle minuscule.
Tout cela se rapprochait à très grande vitesse. Soudain l’évidence le frappa : il allait s’écraser. Le dragon s’était moqué de lui, il allait mourir. Il avait joué avec lui et maintenant il s’en débarassait. Au moins il mourrait avec les gemmes autour du cou. Se retournant vers le ciel il fit un geste rageur.
Mais à sa plus totale stupéfaction quelque chose le saisit. Les yeux exhorbités il distingua avec difficulté dans la pénombre soudaine des écailles dorées l’entourant. Sa chute était ralentie, il ne s’écraserait pas.
Une voix émana des écailles.
« Aie confiance. Quand tu atteindras le sol tu ne te souviendras pas de cette rencontre. Tu sauras juste que ton seul objectif en ce monde est de mettre à jour la dernière demeure des Titans. C’est tout ce dont tu as besoin de savoir. »
Le Nain voulu protester mais une pensée lui traversa brusquement l’esprit. La même situation s’était déjà produite ! Mais c’était une main rouge qui l’avait tiré de sa caverne à Icecrown…
Alors qu’il était sur le point de faire toute la connection entre ce moment et sa situation actuelle il sentit son corps toucher le sol avec violence.

Et ce fut le néant.
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